dimanche 30 septembre 2012

Ce que le jour doit à la nuit

4e de couverture: Algérie, dans les années 1930.
Les champs de blés frissonnent. Dans trois jours, les moissons, le salut. Mais une triste nuit vient consumer l'espoir. Le feu. Les cendres. Pour la première fois, le jeune Younes voit pleurer son père. Et de pleurs, la vie de Younes ne manquera pas. Confié à un oncle pharmacien, dans un village de l'Oranais, le jeune garçon s'intègre à la communauté pied-noire. Noue des amitiés indissolubles, françaises, juives : "les doigts de la fourche ", comme on les appelle.
Et le bonheur s'appelle Emilie, une "princesse" que les jeunes gens se disputent. Alors que l'Algérie coloniale vit ses derniers feux, dans un déchaînement de violences, de déchirures et de trahisons, les amitiés se disloquent, s'entrechoquent. Femme ou pays, l'homme ne peut jamais oublier un amour d'enfance...


La sortie du film a été un bon moyen pour faire sortir ce roman de Yasmina Khadra de ma PAL.
Pour tout vous dire, j'ai apprécié ma lecture mais je n'étais pourtant pas pressé d'y retourner. Je ne sais pas si vous avez déjà eu cette impression d'être bien dans un livre le temps de votre lecture mais que vous n'y retournez pas forcément dès que vous avez un moment de libre.
C'est la découverte de l'Algérie qui m'a poussé à me tourner vers ce livre. J'ai ainsi parcouru ce pays en compagnie de Younes/Jonas, des années 30 jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 62. En 4 parties bien distinctes, l'auteur nous entraine dans ces contrées magnifiques qui dépaysent à coup sûr.
Dans la première partie, on fait la connaissance de Younes/Jonas et de sa famille, mais également des quartiers pauvres de la ville d'Oran et plus particulièrement le quartier de Jenane Jato. Le père de Younes, essaie de faire vivre sa famille du mieux qu'il peut et j'ai ainsi découvert que malgré la meilleur volonté du monde, on n'arrive pas forcément à s'en sortir. C'est la partie la plus vibrante du roman, celle qui vous prend aux tripes. Mais le destin de Younes va changer quand il va être confié à son oncle pharmacien.Il va "devenir" Jonas.
Dans la deuxième partie, la nouvelle famille de Jonas va partir pour Rio Salado: c'est une autre vie qui s'ouvre à lui. Le lecteur découvre aussi de nouveaux personnages comme la bande: Jean-Christophe, Fabrice et Simon. Mais aussi Isabelle et Emilie, deux filles qui vont changer le destin de ces quatre mousquetaires à tout jamais.
La Troisième partie est celle du chamboulement, des affrontements, des questionnements: Emilie va aussi jouer un rôle important: c'est elle qui, sans le vouloir réellement (du moins je l'espère quoique j'en doute un peu et c'est probablement cela qui m'a fait ne pas trop apprécié ce personnage), va faire éclater la petite bande. C'est également dans cette partie que la question identitaire est posée: Jonas/Younes, ne sait plus à quel patrie il appartient: il est musulman, et algérien de souche, alors que ses amis sont catholiques et algériens français. Alors, certes, Emilie va avoir un rôle dans la distance qui se met entre Jonas/younes et ses amis mais la guerre qui s'annonce va accentuer cette distance. Pourtant, malgré cela, Younes/Jonas, ne prendra jamais vraiment position pour un camp, ce qui lui sera reproché, d'ailleurs.
La dernières partie nous fait faire un bon de géant puisqu'elle se passe de nos jours, en 2008 (date où le roman a été écrit et publié): Younes/Jonas, qui est le seul a être resté en Algérie, va retrouver ses amis en France pour un évènement tragique.

J'ai aimé suivre ce destin sous la plume poétique de Yasmina Khadra qui m'a par moment ému. Toutefois, j'ai été un peu déçu que l'auteur laisse certains personnages de côté. J'ai été frustré de ne pas savoir ce qu'étaient devenues la mère et la sœur du héros. Elles disparaissent aux yeux de Younes/Jonas mais également du lecteur. J'ai été également frustré que Jonas/Younes ne choisisse pas son camp lors du conflit algérien: en restant extérieur au conflit, la guerre est alors évoqué de loin en loin, par petites bribes: certes, l'auteur parle d'attentats, de massacres et même de tortures, mais je ne me suis pas senti au coeur de cet évènement majeur de l'histoire Franco-Algérienne.
Malgré ces petits bémols, j'ai aimé suivre ces personnages. La plume de Yasmina Khadra est douce, poétique et touchante, comme le titre de ce roman. Un roman que je vous conseille pour partir en compagnie de Younes/Jonas, à la découverte de l'Algérie.

Petit aparté: certaines personnes qui ont vu l'adaptation cinématographique l'ont comparé à "Autant en emporte le vent". Je serai curieux de voir cette adaptation car moi qui ait lu les deux romans (celui de Khadra et celui de Mitchell), je cherche encore les points de comparaisons entre les deux car je n'en vois aucun. Younes/Jonas n'a rien d'un Rhett Butler et Emilie est à mille lieues de la belle, forte et sublimement têtue Scarlett O'Hara. Voila pourquoi, je n'aime pas les comparaisons car souvent, elles sont fausses et donnent une image biaisée d'un roman ou d'un film,  et c'est comme ça que le lecteur peut voir venir une déception en lisant un livre ou en voyant un film car il s'imagine une chose qui n'est pas.


Si un roman doit être comparé avec "Autant en emporte le vent" c'est "la Bicyclette bleue" (les 3 premiers tomes de la saga): là, les points de comparaisons sont très fortement visibles, tellement d'ailleurs que les héritiers de Margaret Mitchell ont intenté un procès à Régine Deforges pour plagiat (procès qu'ils ont perdus). 
Alors, Arrêtons avec les comparaisons! Nos attentes d'un roman/film/série, seront moins décevantes et nous passerons de jolis moments avec eux.

Yasmina Khadra: Ce que le jour doit à la nuit, Pocket, 438 pages, 2008
















4/ Adapté  au cinéma par Alexandre Arcady. Sortie le 12 septembre 2012 en salles.










4 commentaires:

  1. J'ai été un peu transportée par cette lecture, si moi aussi j'ai déploré que Younes ne prenne pas partie dans le conflit algérien ce n'est pas vraiment pour les mêmes raisons. J'aurais voulu le voir prendre part parce que bien souvent je l'ai trouvé trop passif et l'on voit ce que ça a donné avec Emilie ... Son immobilisme le fait passer à côté de choses importantes dans sa propre vie. J'aimerais bcp voir l'adaptation mais j'ai bien peur que le ciné de Coulommiers ne la programmera pas! Je n'ai pas vraiment non plus apprécié le personnage d'Emilie. Quant au fait qu'on abandonne la famille de Younès après la première partie je pense que c'est parce qu'il est vraiment devenu Jonas ... Comme si il avait toujours été cet enfant là et qu'on l'avait lavé de son passé, c'est peut-être aussi pour cela qu'il ne prend pas position.

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    1. Je ne l'ai pas noté, mais la passivité de Younes m'a également fait tiqué. Je l'ai trouvé parfois très mou du genou, j’avais envie qu'il se bouge un peu plus.

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    2. Tu as raison pour les comparaisons ... Ne dit-on pas "Comparaison n'est pas raison" ? D'ailleurs, souvent je n'aime pas les critiques ciné. Ce qui est bien dans les tiennes, c'est que tu ne juges pas. Tu te contentes de donner un avis. Concernant Younes, dans le film aussi il est "mou du genou", mais je pense que c'est volontaire et que l'auteur veut montrer qu'il est incapable de rompre sa promesse et qu'il lutte contre ses propres sentiments.

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    3. De toute façon, je ne me vois pas "juger un film. Je ne m'en sens pas légitime. Je donne juste un avis de lecteur ou de spectateur...et c'est déjà pas mal.

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