samedi 1 septembre 2012

Ce que pensent les femmes

4e de couverture: New York, début des années 1950. Elles sont jeunes et Manhattan leur tend les bras ...

Lorsqu’il fut publié en 1958, le premier roman de Rona Jaffe provoqua l’engouement de millions de lectrices américaines. Elles s’identifièrent immédiatement à ses personnages, de jeunes secrétaires venues d’horizons différents employées dans une grande maison d’édition new-yorkaise. Leurs rêves et leurs doutes reflétaient ceux de toute une génération de femmes.


Il y a la brillante Caroline, dont l’ambition est de quitter la salle des dactylos pour occuper un poste éditorial. Mary Agnes, une collègue obnubilée par les préparatifs de son mariage. La naïve April, jeune provinciale du Colorado venue à New York pour faire carrière dans la chanson.


Si la ville semble leur offrir d’infinies possibilités professionnelles et amoureuses, chacune doit se battre avec ses armes pour se faire une place dans un monde d’hommes.


Publié pour la première fois en 1958, ce premier roman de Rona Jaffe fit grand bruit. Comme l'explique Rona Jaffe dans sa préface, ce roman fut une "commande" de Jerry Wald, producteur hollywoodien qui recherchait son "Kitty Foyle" moderne ("Kitty Foyle" , roman écrit par Christopher Morley en 1939 et porté à l'écran un an plus tard avec Ginger Rogers en vedette). Poussé par la curiosité, Rona Jaffe lut le roman de Morley et le trouva "consternant et [elle se] dit: cet homme ne connait rien aux femmes. Moi je les connais et de plus je travaille dan un bureau" (p. 12)

Elle s'attelait quelques mois plus tard a l'écriture de "Rien n'est trop beau" qui eu déjà des fans dans le staff des dactylos qui tapaient des chapitres de ce roman en gestation.

L'année dernière, les éditions Presses de la cité eurent la belle idée de republier ce roman pour le faire découvrir à une nouvelle génération.
Voilà un roman magnifique, qui m'a accompagné pendant presque huit jours, car oui, j'ai voulu prendre mon temps pour savourer ce magnifique roman, radiographie d'une époque (les années 50) mais surtout d'une population (les femmes qui travaillent) dans ce New York fabuleusement tentant.

Dès les premières pages, j'ai tout de suite adhéré et bien sur pensé à l'une de mes séries préférées "Mad Men". Je ne sais pas si Matthew Weiner, le créateur de ce petit chef d'oeuvre télévisuel s'est inspiré de ce roman mais il y  fait référence dans la 1ere saison (dans l'épisode 6 exactement) puisque Betty Draper, la femme de Don (le héros de la série) lit ce roman et Don voit le livre posé sur la table de nuit et le feuillette.
En fait, Caroline, l'une des héroïnes de "Rien n'est trop beau" est par certain coté le double de Peggy Olson dans la série de Weiner. Toutes deux arrivent dans leur travail comme secrétaire (Peggy dans une agence de pub et Caroline dans une maison d'édition) et toutes deux vont gravir les échelons au risque de passer à côté de leur vie, préférant leur carrière à l'amour.

Si Caroline est celle qui ouvre le bal, elle n'est pas la seule, 4 autres femmes ont une petite (ou plus grande part) dans le roman: Mary- Agnès, collègue de Caroline, qui ne pense qu'à son prochain mariage et à sa future vie loin du bureau, la naïve April qui débarque de son Colorado et qui fera la connaissance de Dexter (pour son plus grand malheur). (Petit aparté: pourquoi les personnages portant le nom de Dexter sont souvent des hommes imbus d'eux même et têtes à claques . Après le Dexter d"Un jour" (que je n'avais pas totalement détesté grâce à Jim Sturgess son interprète au cinéma), voici que celui de "Rien n'est trop beau" est de la même trempe. Il ne fait donc pas beau se prénommé Dexter dans les romans). L'ingénue Gregg, jeune actrice qui tombera sous le charme d'un scénariste David Wilder Savage et tombera follement amoureuse de lui. La Divorcée Barbara, amie d'April, qui élève seule sa fille et qui tombera sous le charme d'un homme marié.

A travers le destin de ces cinq femmes, Rona Jaffe dresse le portrait de LA femme, en nous dévoilant toutes ses facettes. Chacune va vivre des aventures qui vont les changer à jamais. Je retiendrai surtout deux femmes: April et Gregg. Chacune va être transformée par New York: April perdra sa naïveté et Gregg perdra pied progressivement.
C'est un roman sociologique auquel nous invite Rona Jaffe. Un roman passionnant que j'ai eu du mal à quitter. J'aurai voulu qu'il dure encore.  Un roman important sur la place de la femme dans la société. Ces femmes qui travaillent et qui vont faire bouger les codes de la société et prendre leur indépendance (je pense à Caroline entre autre). Mais  Rona Jaffe n'oublie pas également de nous parler de ces femmes qui ne travaillaient qu'en attendant de se mettre la bague au doigt afin de redevenir une femme au foyer (comme Brenda ou Mary-Agnès).
 Rona Jaffe nous parle également du monde de l'édition (monde qu'elle connait puisqu'elle même travaillait dans l'édition). Un monde fascinant pour le lecteur que je suis.
Voilà un roman de femmes écrit par une femme, mais que les hommes peuvent (et doivent) lire pour mieux comprendre les pensées des femmes. En tout cas, j'ai adoré ce roman.

Je terminerai ce billet par un extrait que j'ai trouvé touchant:

"Personne n'aime personne, pensa Caroline, nous pourrions tous mourir, qui s'en soucierait? Qui aime vraiment qui ici bas? Quand elle se retrouva dans un taxi avec Paul, elle posa la tête sur son épaule et pleura sans retenue, reconnaissante d'avoir Paul pour la réconforter. Pour qui est ce que je pleure, en fait? se demanda-t-elle. Pour (...)? Pour moi? Pour toutes les filles qui ont voulu être aimées?" (p.537) (Comme vous pouvez le voir, a un moment, j'ai mis des pointillés dans la phrase en cachant un prénom pour éviter de spoiler sur un évènement du roman. je ne voudrais pas gâcher la lecture et la découverte  aux personnes qui voudraient le lire)

Au final, Rien n'est plus beau que ce roman qui ravira les amoureux des fifties (mais aussi ceux des sixties), ceux de New York (on est plongé dans cette ville lumière qui, à chaque fois que je la croise dans un film ou dans un livre, me rappelle de merveilleux souvenirs) et toutes les personnes qui voudront en savoir plus sur la plus belle création du monde: les femmes.

Rona Jaffe: Rien n'est trop beau (The Best Of Everything), Presses de la cité, 550 pages, 1960 (pour la première édition chez Robert Laffont), 2011 (pour la présente édition aux presses de la cité).














5e roman (pour cette 2e année) qui entre dans le cadre du challenge mis en place par Emily
.








1/ (J'inaugure enfin mon challenge sur la littérature au cinéma avec ce roman puisque celui ci est devenu un film en 1959 avec Hope Lange et Stephen Boyd)















6 commentaires:

  1. Acheté hier en poche,ton commentaire donne très envie de le lire tout de suite

    RépondreSupprimer
  2. J'ai moi aussi adoré ce roman, que j'ai dévoré en un week-end. Je me suis attachée aux héroïnes dès les premières pages...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est ce qui m'est arrivé également. J'ai de suite été conquis par ces femmes qui prennent leur vie en main.

      Supprimer
  3. Réponses
    1. Ma chère Tiphanie, j'espère que tu penses à notre swap sur le cinéma: ce roman étant tiré d'un film, il y a peut être un risque qu'il s'invite chez toi. Je dis ça, je dis rien.

      Supprimer