dimanche 31 août 2014

"Slow Qui Tue" (Saison 6)

Dimanche prochain (comme tous les premiers dimanches de septembre depuis 5 ans) la rubrique musicale Slow Qui Tue fait sa rentrée avec une saison 6 (déjà) placé sous le signe de l'amour (cela va sans dire) mais aussi de la diversité. 

Un petit avant goût de ce qui vous attend dans cette saison 6: Sign your name  (Terence Trent d'Arby), Il me dit que je suis belle (Patricia Kaas), When your heart is weak (Cock Robin), Dis lui, Mike Brant, Precious Things (Ray Charles & Dee Dee Bridgewater...et bien d'autres. 

Comme vous pouvez le voir, il y en aura pour tous les goûts et cette rubrique promet encore de belles minutes  de musiques envoûtantes et émouvantes. 

A dimanche prochain pour le premier Slow Qui Tue (Saison 6)

En bonus, voici le nouveau logo qui accompagnera cette 6e saison: 


Clip Clap #18: Les beaux yeux de Laure (Alain Chamfort)

Pour ce dernier rendez-vous de la seconde saison de Clip Clap, j'ai choisi un clip particulièrement jouissif (de mon point de vue): Les beaux yeux de Laure d'Alain Chamfort.
Ce clip a une histoire complètement folle: Alain Chamfort, qui venait de sortir un nouvel album a vu la maison de disques avec laquelle il travaillait depuis de longues années, lui rendre son contrat: en clair, il a été viré. Pas facile de promouvoir un nouvel album et une chanson sans soutien financier de la part d'une maison de disques.
Il a alors l'idée géniale de tourner le clip des "Beaux yeux de Laure" en reprenant des images d'un clip de Bob Dylan ou on incruste Alain Chamfort, qui déroule le texte de la chanson sur des feuilles blanches...sauf qu'à un moment le texte change et Alain Chamfort explique alors tout ce que je vous ai dit juste en haut.
Je trouve ce clip très drôle et c'est un beau pied de nez à son ancienne maison de disque qui l'a viré pour "résultats insuffisants".
Le plus drôle, c'est que ce clip (réalisé en 1 heure par Bruno Decharme)  a reçu la victoire  du meilleur clip aux Victoires de la Musique en 2005. Comme quoi l'audace, ça paye!




Bon Visionnage!

P.S. C'est avec ce clip que se termine la 2e saison de Clip Clap. J'espère que vous avez apprécié cette petite parenthèse musicale et estivale.

jeudi 28 août 2014

La vie rêvée des gens heureux

4e de couverture: Salué par une critique enthousiaste, nommé pour le Giller Prize, le Goncourt canadien, un roman mordant, audacieux, qui n'hésite pas à bousculer les idées reçues sur le couple, le rôle de la femme et l'instinct maternel.

James et Ana ont passé des années à tenter l'impossible pour avoir un enfant, avant de se résigner. Alors que James reporte son affection sur Finn, son filleul de trois ans, Ana, elle, se noie dans le travail.
Et puis, un jour, le choc : les parents de Finn ont un terrible accident de voiture.
Du jour au lendemain, James et Ana deviennent les tuteurs du petit garçon.
Si James s'improvise instantanément père dévoué, les sentiments d'Ana sont beaucoup plus ambivalents. Comment faire une place à Finn tout en préservant son couple ? Comment créer l'intimité avec cet enfant qui n'est pas le sien ? Comment concilier devoir maternel et désir d'accomplissement personnel? Les femmes ne peuvent-elles se réaliser que dans la maternité ?


Comment réagiriez vous si on vous annonçait qu'un couple d'amis vous avaient choisi comme tuteurs de leur enfant en cas de malheur? Que ce couple allait avoir un accident de voiture et que vous deviez vous occuper de leur petit garçon quasi orphelin? 

Voilà le point de départ de ce roman percutant et bouleversant. 
En voyant les prochaines parutions des éditions Belfond, il y a quelques mois, je n'avais pas porté mon attention sur ce livre, la couverture ne  me donnant pas l'envie d'en savoir plus. Oui, mais voilà, c'était sans compter sur Brigitte, qui commence à bien me connaître et qui se doutait que ce roman pouvait me plaire. Elle me l'a donc envoyé,fin mai et j'avais été intrigué par la 4e de couverture. 

Je peux vous dire que j'espérais beaucoup de ce roman...a tel point que mon plaisir aurait pu être gâché devant tant d'attente. 
Heureusement, ce ne fut pas le cas. Ce livre est un roman qui vous prend aux tripes, qui vous happe pour ne plus vous lâcher avant la fin. 
Déjà, la première scène n'est pas banale puisqu'elle se passe à la morgue, James étant chargé de reconnaître le corps de son ami Marcus. Ce point de départ va être le moment qui va faire basculer ce couple (Ana et James) en apparence, sans histoire, vers le chaos (oui, rien de moins). 
Ana et James ont tout fait pour avoir un enfant, sans succès: ils sont stériles. Mais voilà que le destin met sur leur route, Finn, le petit bambin de 2 ans, de Sarah et Marcus, un couple d'amis, qui ont fait d'Ana et de James, les tuteurs de l'enfant, au cas où ils ne seraient plus là. (Marcus meurt dans l'accident et Sarah se retrouve dans le coma (un mince espoir que Finn ne soit pas totalement orphelin)). Devant cette responsabilité, Ana et James ne vont pas réagir de la même manière: James va devenir un père de substitution pour le petit garçon tandis qu'Ana va être complètement détachée de lui, ne sentant pas cette fibre maternelle que toute femme devrait avoir, selon la société. 

Voilà le point fort de ce roman psychologique. Katrina Onstad a eu la formidable idée d'inverser les rôles: on sent Ana complètement désemparée devant ce petit garçon qu'elle n'arrive pas à aimer: elle se sent démunie face à lui, ne trouvant pas les bons gestes affectueux et autres que toute femme devrait avoir, normalement. En revanche, James a de l'affection, les bons gestes envers le petit garçon,  et fait tout pour devenir un père pour le petit Finn. 
Par petites touches, et avec l'aide de flashbacks qui nous en apprennent plus sur le passé d'Ana (pas très reluisant, son  père les a abandonné, elle et sa mère,  et elle a vécue seule avec une mère alcoolique) et de James, Katrina Onstad nous montre la chute inéluctable d'un couple. L'arrivée de Finn va être comme une "bombe a retardement" qui va être le déclencheur de questionnements: Ana et James ne vont plus se comprendre et vont s'éloigner peu à peu. 

Bizarrement, je me suis senti proche d'Ana: cette femme forte, qui gère sa carrière de juriste de main de maître, se sent complètement dépassée devant ce petit bout de chou. Surtout, elle lance un pavé dans la mare (qui va faire grincer les dents de certains mais surtout de certaines, je pense): devant cette nouvelle situation, elle se rend compte que tous les efforts qu'elle a consenti pour avoir un enfant (tous les examens qu'elle a subi avant de savoir qu'elle était stérile), elle les a fait plus pour son mari que pour elle. Elle s'aperçoit au contact du petit Finn qu'elle ne VEUT pas être mère, qu'elle ne se sent pas le courage d'assumer cette responsabilité. 
Katrina Onstad, dans son roman, ose dire, par l'intermédiaire d'Ana, qu'une femme ne se réalise pas seulement en étant mère. La maternité n'est pas une finalité de la vie d'une femme. Il y a un dialogue du roman qui m'a frappé en plein visage, mais qui est criant de vérité. 
Lors d'une dispute, Ana avoue à James qu'elle ne voulait pas d'enfant. Et elle prononce ces phrases: 

"Quand on est une femme, poursuivit Ana, on ne peut pas dire cela à voix haute. Le savais tu? On n'a pas le droit de le dire...
[...]
Parce que ça fait de vous un monstre. Ne pas vouloir être mère, c'est quelque chose de monstrueux pour une femme. De grotesque. (p.315)

Ana énonce juste dans cette phrase tout ce que la société nous inculque en nous disant que c'est la seule vérité qui prévaut. Mais une femme a tout à fait le droit de ne pas vouloir d'enfant. Cela ne fait pas d'elle une paria. Une femme est libre de ces choix et je ne vois pas en quoi cela fait d'elle une pestiférée quand elle affirme qu'elle ne veut pas d'enfant. L'instinct maternel ne se commande pas. Personne n'a le droit de mal juger une femme et de la regarder comme si elle n'était pas normale, car elle fait ce choix. 

Je me suis senti très proche d'elle, car je suis dans le même cas (sauf que je suis un homme donc on ne me regarde pas comme un extraterrestre quand j'affirme ne pas vouloir d'enfant). Je ne me vois pas être père, même si j'aime bien les enfants. D'ailleurs, j'ai été conquis pas Finn, qui est mon personnage préféré du roman. Ce petit bout de chou est un formidable petit garçon, plein d'esprit pour son âge et qui,malheureusement vit un drame dès son plus jeune âge. 

Voilà un roman percutant qui nous fait nous poser des questions: ces questions que j'ai noté au début de mon billet  et que je me suis posé tout au long de ma lecture. Un roman bouleversant avec des personnages qui ont une consistance et dans lesquels on se retrouve tous.Un roman passionnant qui nous tient tout de même en haleine (je me suis demandé comment tout cela allait se terminer, (même si j'avais deviné un élément qui va changer la donne avant de le lire, cela ne m'a pas gâché ma lecture, car j’espérais que cela se produise, en ne sachant pas que l'auteur allait le mettre en place.)
Un petit bravo à la traductrice (ou à l'éditeur français car je ne sais pas qui choisi les titres des livres) pour ce titre ("La vie rêvée des gens heureux") que je trouve très ironique...mais au final fort bien choisi. 

Un roman qui ne nous laisse pas indifférent et qui nous met un coup de poing dans le coeur et dans l'esprit. Un roman qui bouscule nos convictions et donne un coup de pied dans la fourmilière et ça fait du bien de temps en temps. 

Merci à Brigitte et aux  Editions Belfond d'avoir su que ce livre allait me plaire. 



Katrina Onstad: La vie rêvée des gens heureux, (Everybody has everything), Belfond, 350 pages, 2014


mercredi 27 août 2014

La Discothèque du 20e siècle # 72

En 1961, notre coeur faisait boom boom en écoutant John Lee Hooker.

John Lee Hooker: Boom Boom (1961)

Boom Boom by John Lee Hooker on Grooveshark

Incroyable! Un tube 100% blues dans les hit-parades anglais, américains et même français. Eh oui, c'est l'un des grands événements musicaux de la saison 1961-62. Alors qu'en Grande-Bretagne et en Irlande, dans des caves enfumées, répètent des musiciens blancs férus de blues noir américain, parmi lesquels Eric Clapton, Van Morisson, les futurs Animals, Yardbirds et autres Rolling Stones, un bluesman 100% vrai de vrai, nous balance son menaçant boom boom boom- avant de récidiver un an plus tard avec Shake it baby. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1961", Polygram Direct)

Bonne écoute!

dimanche 24 août 2014

Clip-Clap #17: Englishman in New York (Sting)

Pour ce 8e rendez-vous de la saison 2 de Clip Clap, voici un clip dont j’aime beaucoup la chanson et le clip (un noir et blanc qui magnifie la ville de New York).
C'est également la 2e incursion du réalisateur David Fincher, dans cette rubrique, puisque, après Vogue de Madonna, c'est lui qui est derrière le clip de Sting, Englishman in New York. 



Bon visionnage!

samedi 23 août 2014

Succubus Tome 4 (Heat)

4e de couverture: Georgina Kincaid est un vilain, vilain succube : depuis sa rupture avec l’auteur de best-sellers Seth Mortensen, elle est devenue si insupportable que son patron Jérôme, l’archidémon de Seattle, décide de la « prêter » à l’un de ses rivaux… et de lui faire jouer les Mata Hari.
Mais Jérôme est enlevé et Georgina perd ses pouvoirs ! Point positif : rien ne l’empêche plus de coucher avec Seth sans l’estourbir – sauf un détail : sa nouvelle petite amie.
Georgina semble être la seule à vouloir retrouver Jérôme, et elle a peu de temps avant que l’enfer se déchaîne…

Risque de Spoilers sur les tomes précédents. 

Je reviens  vers cette chère Georgina, pour mon rendez-vous bimensuel. (Si je continue sur ma lancée, j'aurai le fin mot de l'histoire à la fin de l'année). 

Ce que j'aime dans ce procédé (lire une saga à un rythme régulier) c'est que je n'oublie pas ce qui s'est passé dans les tomes précédents. De plus, l'auteur nous aide à nous souvenir en rappelant les événements importants des tomes précédents. 

J'ai trouvé ce 4e tome aussi bien que les autres tomes (et même meilleur que le tome 3): la relation Georgina/Seth prend une tournure inattendue (et le final augure quelques chose de bien compliqué, mais comme je les aime). 
Bizarrement, le côté librairie n'est pas très présent, mais cela m'a moins gêné (en aurai je pris mon parti? Ou serait ce parce que l'intrigue principale du tome (la disparition d'un personnage important) est excellente et très bien menée? Elle m'a tenue en haleine de bout en bout. On en apprend encore un peu sur la hiérarchie de l'enfer, et les questions liées aux religions sont très pertinentes et très intéressantes. 

J'avais peur que Georgina s'apitoie sur son sort, à la fin du 3e tome. Il est  vrai qu'il y a un peu de ça, quelquefois, mais ce n'est pas aussi important que je le craignais. 
On fait aussi la connaissance de nouveaux personnages comme Cédric et Kristin (c'est ce que j'aime aussi dans cette saga, c'est que de nouveaux personnages relancent la machine pour nous proposer quelque chose de différent à chaque tome), mais aussi le retour de certains personnages entrevue dans les tomes précédents (dont un d'ailleurs qui me ravit car une hypothèse est en train de se dessiner dans mon esprit pour le final de la série).  

Le petit voyage de Georgina au Canada est aussi une bouffée d’oxygène car fort drôle
J'aime également en découvrir plus sur la ville de Seattle qu'on ne voit pas si souvent dans les romans ou autres. C'est un plaisir de découvrir cette ville selon différents quartiers. Grâce à cette série, j'apprécie la ville de plus en plus. 

Voilà un 4e tome très bien mené et qui m'a fait passer un excellent moment. Je ne regrette aucunement d'avoir acheté toute la série à l'avance, car je ne m'ennuie jamais. Le petit bémol reste la relation Gerogina/Seth, il est vrai, mais elle prend un tournant inhabituel dans ce tome qui m'a comblé. Le final de ce 4e tome me laisse un peu sur ma faim. Je serai donc ravi de savoir ce que l'avenir réserve à Georgina dans le tome 5...au mois d'octobre. 

Richelle Mead: Succubus Tome 4 (Succubus Heat), (Succubus Heat), Milady, 512 pages, 2009




mercredi 20 août 2014

La Discothèque du 20e siècle #71

En 1960, Ben Sa Tumba nous faisait danser sur de jolies bananes!

Ben Sa Tumba: La Banana (1960)

La Banana (El unico fruto del amor) by Ben Sa Tumba & Son Orchestre on Grooveshark

Comment? Vous ne connaissez pas le fabuleux Ben avec sa Tumba et son orchestre? On vous rassure tout de suite: il n'a pas laissé dans l'histoire de la musique une marque indélébile. En revanche, La Banana a été déterrée par un habile concepteur publicitaire qui l'a utilisé sur une [...] campagne Citroën. (Source: "La Discothèque du 20e siècle: 1960", Polygram Direct)

Bonne écoute!

dimanche 17 août 2014

Le Vent à gorge noire

4e de couverture: Leur diplôme en poche, Jack, Ben et David, amis de toujours, s’offrent une aventure lointaine. Pour ne pas faire comme les autres, ce sera l’Ouganda. Un pays dont ils ne savent rien, pas même les dangers. Un voyage dont ils ne reviendront pas tous…
Des années plus tard, Jack Carrigan est devenu une légende au sein de la police londonienne. Il se voit chargé d’une enquête épineuse : le meurtre sauvage de Grace Okello, jeune étudiante d’origine ougandaise. S’agit-il d’un vulgaire crime crapuleux, ou bien ce meurtre est-il lié aux découvertes de l’étudiante sur les groupes rebelles qui se disputent son pays ? Cette enquête va plonger Carrigan, secondé par le sergent Geneva Miller, dans l’univers violent de la diaspora africaine et les refuges d’ex-enfants soldats pour le guider jusqu’aux secrets bien gardés de l’ambassade. Une intrigue sans frontières et à haut risque qui l’obligera surtout à affronter les fantômes de son passé.

En lisant la 4e de couverture, ma curiosité a été titillée. L'auteur me promettait un voyage africain hors norme. 
Comme je trouve que l'été est une bonne saison pour dévorer des polars, je me suis tourné vers celui ci. Punaise! Quel roman! J'en suis encore tout estomaqué. L'auteur nous embarque dans une intrigue haletante, sans temps mort et où notre cerveau cogite dur pour pouvoir démêler tous les liens de cette nébuleuse et ténébreuse affaire. 

Jack Carrigan, flic londonien, est appelé sur une affaire de meurtre: une jeune femme d'origine ougandaise à été retrouvée sauvagement assassinée dans son appartement. En s'occupant de cette affaire, Jack ne sait pas que celle ci va raviver de vieilles blessures. Mais surtout, il devra composer avec une jeune sergent, Geneva Miller, qui va le seconder dans cette affaire. 

Le roman débute sur un voyage en Ouganda qu'effectuent trois amis, qui viennent tout juste d'obtenir leur diplôme. Un voyage qui ne se passera pas aussi bien qu'ils l'espéraient, après avoir bifurqué vers la mauvaise route. Dès ces premières pages, j'ai été happé par le roman mais surtout frustré car, après ces 16 premières pages, l'auteur fait un saut d'une vingtaine d'années dans le temps et nous voici suivant Jack, devenu flic, dans son enquête. 
Cependant, malgré cette petite frustration, j'ai été happé direct par l'intrigue qui se noue. L'originalité de ce roman réside du fait qu'il parle de l'Afrique et des groupuscules qui prennent le pouvoir et massacrent les populations des villages africains. D'ailleurs, l'auteur a fait un travail formidable de documentation car le lecteur est totalement immergé dans cette histoire de l'Afrique qui nous est conté. 
Mais il ne faut pas oublier non plus l'ambiance londonienne qui se dégage du roman, car, même si elle traite de l'Afrique, les lieux de l'intrigue sont bien Londres et ses quartiers. Ce fut d'ailleurs très intéressant de découvrir la ville et surtout des quartiers peu connus. 
Bien sûr, il y a quelques détails propre au roman policier, comme le flic solitaire, taciturne, qui doit composer avec une jeune recrue qu'il voit comme un obstacle, au départ de l'enquête, les fausses pistes et les complots propres au genre, mais, le fait que l'auteur se focalise sur le passé de Jack, nous fait comprendre que si Jack est comme beaucoup de flics qu'on rencontre dans les romans policiers (c'est à dire avec beaucoup de fêlure, solitaires et n'en faisant qu'à sa guise) , c'est à cause d'un événement de son passé que l'auteur nous expose en quelques chapitres (qui ont été parmi ceux les plus éprouvants à lire). 
Stav Sherez, par petites touches, humanise ses personnages principaux (Jack Carrigan et Geneva Miller) en nous donnant quelques éléments de leu passé. J'ai apprécié ce procédé, car cela m'a plus impliqué dans l'enquête. 
Autre point positif: le fait que l'auteur, tout en gardant quelques cartouches, nous donne à réfléchir et tout du long, j'ai essayé de savoir qui était derrière toute cette histoire. J'ai ainsi joué les détectives (comme j'aime le faire en lisant un roman policier) et j'étais certains d'avoir le fin mot de l'histoire...sauf qu'encore une fois, l'auteur, Stav Sherez, m'a complètement scotché par un final en apothéose (j'étais pourtant proche de la réponse mais mon suspect n'était pas le bon...grrr). 

Par contre, je voudrais vous mettre en garde: il y a certains passages du roman qui sont très durs (comme la description des meurtres ou les passages se passant en Ouganda) et qui pourront heurter les personnes sensibles. Moi même, qui pourtant en est lu (ou vu) d'autres, ait été un peu déboussolé par certains passages, qui ont heurté mon petit coeur sensible. Mais rien ne vous empêche de le lire, si vous vous sentez le courage, ou si le roman vous intéresse. Ce roman vaut vraiment le coup d'être découvert. (Vous n'aurez qu'à sauter les passages un peu trop difficiles pour vous).

Voilà un roman policier comme je les aime: dépaysant, bien mené, avec des personnages forts, une intrigue aux petits oignons, mais aussi, un roman qui nous en apprend plus sur les groupes rebelles en Afrique, sur l'Afrique en elle même. Une très bonne  découverte que je vous recommande. 

Merci à Amandine et aux  Editions Stock pour ce voyage en terres londonienne et africaine qui m'a ravi. 

Stav Sherez: Le Vent à gorge noire, (A Dark Redemption), Stock, 406 pages, 2014





Clip-Clap #16 ne s'aimer que la nuit (Emmanuel Moire)

Pour ce 7e rendez-vous de la saison 2 de Clip Clap, voici un clip tout simple, mais qui moi me touche. Le plus drôle, c'est que je ne sais pas pourquoi: peut être de voir la solitude qui se dégage de ces oiseaux de nuit.



Bon visionnage!


mercredi 13 août 2014

La Discothèque du 20e siècle #70

En 1960, Dario Moreno nous donnait des conseils pour danser la Bamba.

Dario Moreno: La Bamba (1960)

La Bamba by Dario Moreno on Grooveshark

Depuis que Richie Valens en a fait l'un des hymnes de la génération rock'n'roll, La Bamba a été interprétée par des dizaines d'artistes. En France, c'est Dario Moreno qui en 1960, en a réalisé la version la plus réussie, grâce aussi à Jacques Plante et Roger Lucchesi qui ont parfaitement respecté sa chaude atmosphère latino-américaine. Bien des années plus tard, en 1987, La Bamba allait retrouver le chemin des hit-parades français, puis de nouveau au début des années 2000. (Source: Fascicule "L'encyclopédie de la chanson française n°37", Universal Music Collections)

Bonne écoute!

dimanche 10 août 2014

Patience (Belfond Vintage Saison 2, Volume 10)

4e de couverture: Jeune, naïve, jolie et satisfaite de son existence, Patience a été pendant sept ans une épouse soumise et une mère de famille parfaite, subissant le devoir conjugal en bonne catholique, mais sans jamais éprouver le moindre plaisir.
Jusqu'à ce que son chemin croise celui du beau Philip. La révélation est fulgurante : oui, le péché est bien plus réjouissant que le devoir ! Si seulement l'adultère ne la condamnait pas à l'enfer... Que faire, désormais, pour vivre cet amour naissant et soulager sa conscience ?

Interdit en Irlande lors de sa sortie en 1953, ce truculent portrait d'une Emma Bovary des temps modernes a marqué les esprits comme l'une des plus délicieuses satires sociales et religieuses de l'Angleterre post-victorienne. Adapté au théâtre, publié en France en 1957, ce roman drôle, provoquant, subversif, empreint d'une grande liberté de ton, a imposé John Coates au rang de maître de l'humour anglais. À redécouvrir sans modération !


Jubilatoire! 
Ce petit roman de John Coates, publié pour la première fois en 1953 (et qui fut interdit en Irlande) est tout simplement très bon et fort drôle. 

Ce fut un véritable bonheur que de découvrir la plume et surtout l'humour de John Coates, à travers le portrait de cette jeune femme,Patience, mariée à un homme plus âgé qu'elle et qui va découvrir le plaisir dans les bras d'un autre. 

Si j'ai pris autant de plaisir à ma lecture, c'est parce que j'ai aimé de tout mon coeur, Patience:  elle va enfin découvrir les joies de l'amour, et surtout le pouvoir qu'elle peut exercer sur les hommes (et surtout sur son mari). D'une femme naïve et soumise, elle devient une femme à part entière (pas complètement indépendante,mais elle prend enfin son destin en main.) 
J'ai trouvé très charmant sa naïveté (une naïveté que l'auteur habille d'irrévérence de par les pensées et les paroles de son héroïne), mais surtout j'ai aimé la suivre dans son nouveau parcours de femme. Sa soeur Helen fait également parti de mes personnages préférés: une femme indépendante qui a su reprendre sa vie en main en divorçant et en vivant avec un autre homme, qui lui a donné un enfant (qui se trouve être, aux yeux de l'église Catholique, un bâtard puisque le divorce n'est pas accepté par cette sainte institution, ou du moins, mal accepté par leur frère Lionel (ce Pauvre Lionel! qui n'a pas de chance. En même temps, il est un peu insupportable). 

D'une écriture rythmée de dialogues truculents, on voit Patience devenir une nouvelle femme, qui découvre enfin ce qu'est l'amour et le plaisir que peut procurer une relation. Patience est une femme que l'on aime. Car oui, on ne peut qu'aimer Patience (et non, je ne l'ai pas jugé. Mais, en même temps, nous sommes en 2014 et ce qui est évoqué dans le roman ne me choque pas. Je trouve ça plutôt très drôle): elle est tout le contraire d'une Emma Bovary. Elle est plaisante, et son amour pour Philip est très beau. 


Voilà un roman des plus agréables à lire, surtout en période d'été, et idéal entre deux lectures. C'est un petit moment jubilatoire, qui se lit comme une pièce de théâtre (il y a d'ailleurs eu une adaptation théâtrale de ce roman), et qui se croque comme un bonbon acidulé, qu'on voudrait garder en bouche le plus longtemps possible.

Par contre, la fin du roman a été un choc. Je ne m'attendais pas du tout à être aussi surpris par elle.  

Je vous encourage donc fortement de (re)découvrir ce roman de John Coates que les éditions Belfond ont eu la belle idée de ressortir de l'oubli dans lequel il était plongé, en l'incluant dans leur magnifique collection "Belfond Vintage" (qui pour le moment ne m'a jamais déçu). 

De plus, je trouve la couverture de ce livre trop choupinette. C'est peut être un détail, mais celle ci a été un petit plus pour que je me mette dans l'ambiance du roman. 

Allez, courez vite chez votre libraire faire la connaissance de Patience. En refermant ce livre, vous aurez  une nouvelle amie parmi votre entourage. 

Merci infiniment à Brigitte et aux Editions Belfond de m'avoir permis de faire la connaissance de Patience. Quelle découverte! Quelle femme! 

John Coates: Patience (Patience), Belfond, 268 pages, 2014




Clip-Clap #15 It's o so quiet (Bjork)

Ce 6e rendez-vous de la saison 2 de Clip Clap va être rempli de poésie. En effet, la chanson de Bjork, Its o so quiet est d'une douceur, que contrebalance son énergie survoltée. Mais surtout, cette poésie est amené par l'univers  coloré du clip. Un clip filmé par le réalisateur du film le plus poétique et le plus beau de  cette année (d'après ceux qui l'ont vu puisque je n'ai pas encore eu la chance de le voir): Her. Eh oui, Spike Jonze est le metteur en image de cette chanson.
Quand la poésie de Jonze et l'univers étrange et survitaminée de Bjork se rencontre, ça donne ceci:


Bon visionnage!

vendredi 8 août 2014

Chasse au trésor

4e de couverture: Finis le champagne, les journées aux courses, les escapades à Monte-Carlo... Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les propriétaires de Ballyroden doivent changer drastiquement leur mode de vie. Le benjamin de la famille, sir Philip, décide de faire du château une maison d'hôtes. Il reçoit trois Londoniens fortunés, un frère, sa sœur et la ravissante fille de celle-ci, persuadés de jouir du calme luxueux de la campagne irlandaise. En découvrant des souris dans sa chambre décrépite, Dorothy comprend qu'elle a fait fausse route, mais sa fille et son frère insistent pour rester à Ballyroden : la première a succombé aux charmes de sir Philip, et le second ajoute foi aux délires de tante Anna Rose. Persuadée d'arpenter le monde en avion privé, cette vieille dame au passé mystérieux soutient que se trouve, dissimulée dans la maison, une coquette quantité de rubis... Dans ce roman à mi-chemin entre la comédie de mœurs, le vaudeville et le théâtre policier à l'anglaise, Molly Keane, en grande satiriste, dresse une galerie de portraits tous plus échevelés les uns que les autres.

Publié en 1952, en Irlande, ce n'est qu'en 2014 que cette "Chasse au trésor" nous est proposé par les éditions de la Table Ronde, qui a eu la belle idée de nous faire découvrir les écrits de Molly Keane, auteure irlandaise. 
J'ai été intrigué par ce roman parce qu'il me proposait une ambiance "à l'anglaise" (je sais que le terme n'est pas très approprié, surtout quand le roman se passe en Irlande, mais je n'en trouve pas de mieux), une saveur automnale mais qui sentait bon l'été grâce à son titre. En effet, rien de mieux qu'une Chasse au trésor pour égayer mon été. 

Malheureusement, je dois dire que cette "chasse" fut en dessous de mes espérances, et, au final, j'en ressors mitigé. J'ai aimé certains personnages du roman, comme Tante Anna Rose (j'aimais sa folie douce, son passé troublant et son côté espiègle.) J'ai aimé les domestiques également et plus particulièrement William, tout dévoué à cette chère Tante Anna Rose et à l'humour caustique. J'ai également aimé le mystère qui entourait les fameux rubis que cette chère tantine a caché et que, les membres de la famille, ruinés, ne retrouvent pas. J'ai aimé le côté théâtral du roman: seulement cinq chapitres constituent ce roman: cinq chapitres qui vont crescendo, comme cinq actes dans une pièce de théâtre; les unités  de lieu et de temps sont quasi respecté. J'ai trouvé l'ambiance du roman, ce côté manoir dans la brume, éloigné de la ville, dans lequel il fait froid, très charmant. 

En revanche, je n'ai pas totalement aimé le style de l'auteur: les dialogues sont très bon, et très drôles par moment, donnant du rythme au roman. Malheureusement, celui ci est ralenti par de longues descriptions, qui douchait l'enthousiasme que j'avais ressenti quelques paragraphes plus tôt. Les descriptions de début de chapitre ne  m'indisposaient pas, bien au contraire: elles nous décrivaient le lieu et plantaient le décor, ainsi, je pouvais vraiment visualiser la scène. Mais les descriptions qui venaient après des dialogues me semblaient "inutiles". (C'est peut être dû au fait que je ne rencontre plus tellement de longues descriptions dans mes lectures ces derniers temps, et donc, que je ne suis plus habitué. Peut être devrai je me remettre à lire des livres avec des descriptions (qui sont un peu ma hantise: voilà ce qui explique mon "désamour" de Balzac). 

L'histoire en elle même est amusante et m'a fait passer un  bon moment: voir cette famille ruinée, contraint de transformer leur manoir en chambres d'hôtes, est très réjouissant. D'ailleurs, j'ai été plus enthousiasmé par les hôtes anglais que par les habitants de Ballyroden (à part Tante Anna Rose, tous les autres habitants, de Philip à Véronica, m'ont insupporté, la palme revenant à Consuelo et Hercules, ces deux vieux aux airs d'enfants pourris gâtés, j'avais souvent envie de les frapper). 

Au final, un petit roman qui ne m'a pas autant charmé que je l'aurai pensé, à cause de descriptions longues et parfois dispensables, et à des personnages qui m'ont parfois agacé. Une chasse au trésor qui ne fut pas comme je l'espérais. Dommage. 

Merci, tout de même, à Gwenaëlle et aux Editions La Table Ronde pour cette découverte. 

Molly Keane: Chasse au trésor, (Treasure Hunt), La Table Ronde (Quai Voltaire), 270 pages, 2014


jeudi 7 août 2014

Maestro


Film de Léa Fazer: avec Pio Marmai (Henri), Michael Lonsdale (Cédric Rovere), Déborah François (Gloria), Alice Belaidi (Pauline)... (2014)

Synopsis: Henri, un jeune acteur qui rêve de jouer dans FAST & FURIOUS, se retrouve engagé dans le film de Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d’auteur. Les conditions du tournage ne sont pas tout à fait celles auxquelles il s’attendait… Mais le charme de sa partenaire et la bienveillance du maître vont faire naître en lui des sentiments jusqu’alors inconnus. Et Rovère, conquis par la jeunesse et la fantaisie d’Henri, vivra ce tournage comme un cadeau inattendu. (Source: Allociné)


« Maestro » de Lea Fazer est un double hommage : tout d'abord à Eric Rohmer (dont le personnage Cédric Rovere, magistralement interprété par Michael Lonsdale, est un double) mais aussi à Jocelyn Quivrin, un jeune acteur que j'aime beaucoup (et qui malheureusement est décédé dans un accident de voiture, il y a 6 ans.)
Le scénario de « Maestro » a d'ailleurs été coécrit par la réalisatrice et Jocelyn (ce film retrace en fait l'expérience qu'à vécu Jocelyn lors du tournage les amours d'Astrée et Caledon avec Rohmer)

Ce film est très bon. J'ai été agréablement surpris. Je ne pensais pas que j'allais passer un aussi bon moment. Ce film est fait pour tous les amoureux du cinéma. En effet, il nous montre l'envers du décor : on voit le tournage d'un film, presque de A à Z (entendons nous bien, le tournage du film que l'on voit s'apparente plus à un film d'auteur, fait par un réalisateur de la « Nouvelle Vague » où le texte était plus important que l'histoire et le jeu. D'ailleurs, au début du film, Henri (dont Pio Marmai, donne toute sa consistance et sa bonne humeur (un acteur que j'apprécie de film en film) regarde un film de ce Cédric Rovère, où l'on voit deux comédiennes en train de disserter sur le choix d'aller se baigner dans un lac ou dans la mer  , avec des silences a n'en plus finir.

Alors, ne croyez pas que ce film est chiant, c'est tout le contraire: il est très drôle, très humain aussi : en fait les personnages rayonnent et nous communiquent leur bonne humeur (ou sont tellement à l'ouest pour certain qu'on rit, se croyant chez les fous (comme dirait le personnage de Nico).
Mais je crois que la scène que j'ai trouvé la plus drôle est celle du coup de gueule de la costumière car oui, qui dit film d'auteur dit (souvent) peu de moyen et la pauvre pète un câble après une remarque d'un assistant.

C'est aussi un film sur la transmission entre deux générations: au début du film Henri est un jeune "chien fou" qui ne rêve que de film de divertissement, et qui progressivement, au contact de Rovere va s'ouvrir à un monde qu'il ne soupçonnait pas (au début, il ne comprend pas ce qu'il fait... et c'est en voyant les rushes qu'il se rend compte qu'il tourne un film...d'une poésie sans pareille). 

Enfin, bref, ce film fait passer un agréable moment (et je le vend hyper mal, j'ai bien l'impression) qui passionnera tous ceux qui aiment le cinéma (et ce qui se cache derrière l'écran). Un film que je conseille. Vous verrez, après le film, vous serez surpris par lui, comme moi. Je savais que j'allais passer un bon moment mais pas autant que ce qui s'est passé. J'aime ça, être surpris au cinéma.
A la fin du film, j'ai même été ému quand , après le petit texte d'hommage à Eric Rohmer et Jocelyn Quivrin (qui devait interpréter le rôle d'Henri), j'ai vu leur deux photos apparaître.

Voilà un film sympathique, poétique, humoristique et plein d'autres mots en « ique » que je ne trouve pas, qui fut une vraie belle surprise et que je vends très mal. D'ailleurs je vous conseille d'aller voir le vlog   que Durendal à fait sur le film, sur son site. Il en parle beaucoup mieux que moi. (C'est un peu lui qui a été le déclencheur final pour me booster à aller voir ce film)




mercredi 6 août 2014

La Discothèque du 20e siècle #69

En 1956, une jeune égyptienne se lançait avec succès dans la chanson grâce à  un "petit garçon". Cela devait durer 30 ans.

Dalida: Bambino (1956)

Bambino by Dalida on Grooveshark

Remarquée par Bruno Coquatrix (le directeur de l'Olympia), Eddy Barclay et Lucien Morisse (responsable des programmes d'Europe n°1), Dalida enregistre deux 45 tours, Madonna et La Violetta. Mais c'est en 1957 que le succès surgit avec Bambino. Dalida n'a que 24 ans. Et elle vient d'enregistrer le tube de l'année, qui est l'adaptation d'une chanson napolitaine intitulée Guaglione. Un record: Bambino sera n°1 du hit-parade d'avril à septembre 1957! (Source: Fascicule "L'encyclopédie de la chanson française n°4", Universal Collections)

Bonne écoute!

dimanche 3 août 2014

Clip-Clap #14 Lemon Incest (Serge & Charlotte Gainsbourg)

Pour ce 5e rendez-vous de la saison 2 de Clip Clap, le grand Serge fait son entrée avec une chanson (et un clip) qui ont fait polémique. En effet, le clip met en avant une relation quelque peu ambiguë entre un père et sa fille.
En tout cas, elle reste une très belle chanson d'amour sur la relation père-fille. Ce clip fut réalisé par Serge Gainsbourg lui-même.


Bon visionnage!

vendredi 1 août 2014

Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles

4e de couverture: Dans la lignée du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, un premier roman plein de légèreté, d'humour et de tendresse, le portrait de deux femmes attachantes, courageuses et solidaires, réunies par le hasard dans l'Amérique des années 1940.

Depuis que son mari a été appelé à rejoindre les forces alliées pour combattre en Europe, Glory Whitehall s'ennuie. Enceinte, seule avec son fils de deux ans dans sa grande demeure du Massachusetts, la pétillante jeune femme cherche une amie à qui parler.

À des centaines de kilomètres de là, en Iowa, Rita Vincenzo s'interroge : comment joindre les deux bouts dans un pays rationné ? Comment réconforter la douce Roylene, la fiancée de son fils parti pour le front ? Et, surtout, avec qui partager les angoisses et les joies du quotidien ? 
Puis un jour, Rita reçoit une lettre d'une inconnue nommée Glory, comme elle épouse de soldat.

Recettes pour lutter contre la morosité, conseils de jardinage, échange de confidences, de potins de voisinage et de secrets plus intimes... Unies par un inébranlable optimisme, Glory et Rita vont partager une intense complicité épistolaire. Et découvrir que, même dans les temps les plus difficiles, le bonheur trouve toujours un chemin. 


Dimanche après-midi, je suis monté au grenier de mes parents pour y rechercher quelques souvenirs d'école. Lors de ces recherches, je suis tombé par hasard, sur de vieilles lettres, toutes attachées avec un ruban bleu. Curieux comme pas un, je les ai pris sous mon bras, et, installé dans un vieux fauteuil qui se trouvait là, j'ai commencé ma lecture. 

Voilà dans quel état d'esprit j'étais quand j'ai ouvert le roman de Suzanne Hayes et Loretta Nyhan, Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles. C'était comme entrer dans un monde nouveau et inconnu, dans une relation d'un temps ancien et que je découvrais l'histoire de Glory et Rita, deux femmes de soldat, qui durant la guerre, vont correspondre et ainsi combler la solitude et l'attente lancinante et inquiétante de nouvelles de  leur mari (et fils pour l'une d'entre elles) parti à la guerre. Au fil d'une correspondance, commencé par  hasard, va se tisser une amitié indéfectible, par delà les kilomètres qui les séparent. 

Que dire...que dire... a part, j'ai adoré ce roman. (Je sais, c'est un peu court, il faut que je développe). 
Déjà, j'ai été enthousiasmé par la couverture (je sais, c'est futile, mais cette couverture saumon avec ces vieilles enveloppes ou le titre du roman apparaît en  écriture manuscrite, m'a de suite donné envie de le lire (même si j'ai attendu les vacances pour le faire...mais ce n'est pas plus mal, car l'été est la saison idéale pour lire ce genre de roman), mais également par le sujet...qui pourtant n'est pas neuf. En effet, des romans sur la seconde guerre mondiale, il y en a pléthore (je pense que la littérature et le cinéma s'inspire énormément depuis 70 ans de cette période, qui n'est pas encore épuisé apparemment): mais celui ci est un peu différent. Là où beaucoup de romans se focalisent sur le conflit européen (l'occupation française en particulier), celui-ci traite d'un sujet "nouveau": il nous montre le conflit vu à travers les femmes américaines, qui attendaient, dans la crainte, des nouvelles de leur mari,ou enfant, parti à la guerre. 

Puis, il y a la forme qui m'a interpellé: le roman épistolaire donne un aspect intimiste à ces destins. Le petit plus est que le roman démarre par le début de la correspondance de Glory et Rita: en effet, la première lettre du roman est celle que Glory adresse à une certaine "Sorcière aux mains vertes", en lui disant qu'elle a eu son adresse par son Club de femmes qui proposait de correspondre avec des femmes dans la même "situation" qu'elles et que ce serait un bon moyen de vaincre leur solitude. 
Alors, le roman va mettre un petit temps à se mettre en place: les premières lettres ne raconteront pas grand chose mais c'est normal, ces deux femmes apprennent à faire connaissance...et le lecteur fait connaissance avec elle et devient un peu le spectateur privilégié de leurs pensées, de leurs vies. 
Plus le roman avance, plus on découvre les joies, les peines, les doutes, les craintes de ces deux femmes qui se soutiennent dans toutes les épreuves que la guerre leur fait traverser. On découvre également des personnages comme Robbie, le petit garçon de Glory, Robert, son mari, Sal, celui de Rita, ainsi que Toby, son fils. Mais également, un personnage que j'appréciais de plus en plus au fil des pages: Roylène. Cette jeune fille introvertie, qui sort avec Toby, et que Rita n'aime pas au premier abord (elle changera progressivement d'avis). C'est probablement le personnage qui a la plus belle évolution. je l'ai beaucoup aimé. Il y a également Levi, le meilleur ami de Robert et Glory, qui, resté au pays, va s'occuper de la famille de Robert (un trouble va d'ailleurs s'emparer de Glory...mais chut, je n'en dis pas plus pour vous laisser découvrir). 

Une autre particularité du roman est sa conception: Suzanne Hayes et Loretta Nyhan ont eu l'idée d'écrire ce  roman après qu'elles aient eu un coup de foudre littéraire sur le blog de Loretta. Elles vont alors concevoir et écrire Petite recettes de bonheur pour les temps difficiles, à distance, sans jamais se rencontrer (du moins pas avant la publication du roman. Je ne sais pas d'ailleurs si elles se sont rencontrés à ce jour). Ainsi, cela donne un corps et une enveloppe supplémentaires à ce roman épistolaire: j'imagine très bien Loretta et Suzanne se mettre chacun dans la peau d'une de leurs héroînes et d'échanger les lettres du roman...par courrier (c'est beau de rêver. Je pense plutôt qu'elles devaient échanger par mail pour plus de rapidité). J'adore également cette initiative qui rend ce roman particulier à mes yeux. 

Ce roman donne une autre vision de la guerre , car on se focalise sur les femmes restées à l'arrière et qui attendaient, dans l'angoisse et la peur, des nouvelles de leurs mari, père, frères,  amis. Mais c'est un roman où l'on rit, où l'on pleure. Le lecteur est complètement impliqué dans les destins de Glory et de Rita et s'attachent à tous ces personnages. Malgré la distance, Loretta et Suzanne ont construit un roman cohérent,où deux personnages féminins forts et courageux, m'ont éblouis et que j'aurai du mal à oublier. (j'ai même noté certaines des recettes du bouquin car oui, Glory et Rita échangent aussi des recettes de cuisines et autres petits obijets pui embellissent leur quotidien). 

Au final, un roman merveilleux, bouleversant, qui m'a comblé, qui m'a fait pleurer, rire...et qui nous rappelle que recevoir des lettres, il n'y a rien de plus beau. Pour Glory et Rita, ces lettres étaient comme une bouée de sauvetage pour éviter de sombrer. C'est aussi une belle amitié, qui va au delà du roman, puisque les deux auteures sont devenues amies...tout comme leurs héroïnes. 
Si vous avez aimé, "Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates", vous ne pouvez pas paser à côté de ces Petites recettes de bonheur. Elles vous combleront et vous n'aurez qu'une envie: envoyer une lettre à un(e) inconnu(e) et commencer une correspondance qui débouchera (peut être?) sur une belle amitié. 

Merci à Brigitte et aux   Editions Belfond pour cet échange épistolaire qui m'a comblé au delà du possible. 

Suzanne Hayes et Loretta Nyhan: Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles (I'll be seeing you), Belfond, 397 pages, 2014