mardi 1 mars 2011

Un homme libre est toujours en accord avec sa conscience


Résumé: Diffusé sous le manteau pendant l'occupation, voici le plus étonnant des Steinbeck. Alors que partout en Europe la guerre fait rage, au bout du monde, un petit village scandinave coule une existence paisible. Jusqu'au jour où une unité allemande apparaît au sommet de la côte. En un instant l'harmonie ancienne est rompue. Rapidement l'envahisseur est condamné à la terreur. Face à lui, la population doit choisir entre la résistance ou la collaboration. Ce sera la résistance, mais passive, faite d'indifférence, de silence ... Lire la suite et de refus. Jusqu'à retourner la menace vers l'ennemi, le mener à la folie. Orden le rebelle, Lanser le colonel nazi et Corell le collaborateur incarnent triplement l'unique destinée de l'homme face au totalitarisme.

Mon avis: Roman troublant que nous offre Steinbeck avec Lune noire.
Pour ma deuxième incursion dans le style et l'univers de John Steinbeck, j'ai choisi de lire Lune noire et je dois dire que j'en ressort un peu abasourdi. Ce qu'il raconte est tellement juste, prophétique que j'ai été plusieurs fois estomaqué. Bien sûr, aujourd'hui, son roman parait tout à fait "normal" au vu des évènements qu'il raconte: l'occupation allemande, la collaboration, représentée dans le roman par Corell, la résistance qui se met en place sous l'égide du maire du village Orden, qui devient rebelle et hostile à l'envahisseur représenté par le colonel Lanser entre autres. Tout cela nous ai connu mais il faut savoir que Steinbeck a écrit ce roman en 1942 (!) soit en pleine guerre. Son roman sera d'ailleurs publié sous le manteau en Europe. Peut être que ce livre à ouvert les yeux à certaines personnes qui ont décidé de sortir leur pays du joug allemand.

Roman psychologique avant tout, il nous parle du regard et de la peur qui va soudainement changer de camps. D'envahisseurs, les allemands vont devenir "les victimes" des habitants de ce village qui vont se rebeller dans le silence, l'indifférence et le refus jusqu'à mener les soldats allemands jusqu'à la folie. Certains vont d'ailleurs quitter la Scandinavie pour un asile de fous où leur sort sera scellé.

J'avais été bouleversé en lisant "Des souris et des hommes". Ici, je suis allé de surprise en surprise jusqu'à me demander si Orden, le maire du village allait finir fusillé. Car oui, ça fusille à la moindre rébellion.
Un roman oppressant (l'hiver qui s'installe dans ce pays scandinave, la neige qui recouvre tout), dérangeant par moments, surtout devant la cruauté de l'envahisseur mais plein d'espoir quand arrive les avions larguant la dynamite dans le village pour que les villageois puissent se défendre.
Un roman troublant et prophétique surtout lorsque Orden, le maire rebelle qui vient d'être arrêté par les allemands déclare au colonel Larsen:

"Vous voyez colonel, on ne peut rien y changer. Vous serez écrasés et expulsés. Les gens n'aiment pas être conquis, colonel, et donc ils ne le seront pas. Les hommes libres ne déclenchent pas la guerre, mais lorsqu'elle est déclenchée, ils peuvent se battre jusqu'à la victoire. Les hommes en troupeau, soumis à un Führer, en sont incapables, et donc ce sont toujours les hommes en troupeau qui gagnent les batailles, et les hommes libres qui gagnent la guerre. Vous découvrirez qu'il en est ainsi, colonel. (p.173)

Roman écrit en 1942, Lune noire est certainement intemporel et nous raconte simplement qu'en restant un homme libre, on est en accord avec sa conscience.

John Steinbeck: Lune noire (The Moon is down); J.C. Lattès, 175 pages, 1994

Et un de plus!

11 commentaires:

  1. Un livre de ce cher Steinbeck que je ne connaissais pas!

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  2. je ne connaissais pas ce roman de Steinbeck, auteur que j'aime beaucoup. Merci pour ce conseil.

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  3. @Sabbio: Comme quoi, on découvre toujours de nouveaux romans de nos chers auteurs qu'on ne connaissais pas. C'est ça qui est bien.
    @ Ys: De rien!

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  4. Je ne savais pas non plus que Steinbeck avait écrit un tel livre! Je note, il a l'air vraiment bien. Tiens au fait, tu ne t'inscris pas au challenge de Bouh (100 ans de littérature américaine) ? (j'ai l'impression de te l'avoir déjà demandé, je perds la carte!)

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  5. Non, tu ne me l'avait pas dit. Mais en fait, je pensais qu'il était fini: voilà pourquoi. Puis, je ne veux pas faire trop de challenge car je veux que la lecture reste avant tout un plaisir et pas une obligation. Mais qui sait, peut être quand le challenge Tennessee sera fini, je prendrai le train en route.
    Et le Steinbeck est vraiment à découvrir car très surprenant. En plus il est court et se lit vite: lu en une petite soirée pour ma part.

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  6. Alors que je ne suis pas très attirée par Steinbeck, tu me donnes bien envie de découvrir ce roman. Je le note :)

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  7. C'est le principal: Donner l'envie. Merki pour le com.

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  8. C'est un excellent roman, dommage qu'il soit assez méconnu.

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  9. Tout à fait d'accord. C'est un total hasard qui m'a mené vers ce roman et je ne le regrette pas. C'est pour le faire connaitre que j'ai écrit ce billet.

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  10. J'ai lu un petit opuscule de Steinbeck il n'y a pas longtemps : Les bohémiens des vendanges, qui est en fait un recueil d'articles qu'il a écrit et qui lui inspira Les raisins de la colère et c'était plutôt sympa ^^
    Par contre je ne connaissais pas ce titre et ce que tu dis me donne envie ! Rah dire que j'ai encore trois livres de lui dans ma PAL que je dois liquider avant d'en prendre d'autres (Tendres Jeudi, En un combat douteux, A l'est d'Eden).

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  11. Je note "les bohémiens de vendanges". Surtout que "Les raisins de la colère sont dans ma PAL. Apparemment, cette "Lune noire" est un titre très peu connu mais qui vaut le détour.
    Il me reste 2 Steinbeck dans ma PAL: "les raisins de la colère" et "A l'est d'Eden".

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