lundi 18 juin 2012

Filippo Lippi, peintre passionné

4e de couverture: Florence 1414. Un enfant hirsute, aux pieds couverts de corne, griffonne furieusement une fresque remarquable à même le sol d'une ruelle des bas-fonds de la ville. Miraculeusement repéré par Cosme de Médicis et placé au couvent des carmes, il va faire souffler un vent de passion sur la peinture de la
Renaissance. Moine et libertin, artiste intransigeant et manipulateur sans scrupules, futur maître de Botticelli, ses sublimes madones bouleversent son époque. Elles lui sont pourtant très intimement inspirées par les filles des maisons de plaisir de Florence qui en ont fait leur petit prince caché. Bravant tous les interdits et jusqu'à l'autorité suprême du Pape, il commet par amour l'ultime provocation. Le scandale le pousse à l'exil et le renvoie au secret sanglant enfoui au cœur de son enfance. Peintre voyou, ange ivre, fra Filippo Lippi invente un rapport nouveau entre l'art et le monde de l'argent et, le premier, fait passer les peintres du statut d'artisans estimés à celui d'artistes reconnus.



Sophie Chauveau a un véritable don pour redonner vie à des personnages illustres de l'histoire. Je me suis plongé avec délice dans "La Passion Lippi, découvrant avec curiosité et envie, la Florence de la Renaissance et l'art italien à travers le destin fabuleux de Filippo Lippi, peintre découvert par Cosme de Medicis, alors qu'il n'est qu'un jeune garçon des rues.
Avec des mots finement choisis, l'auteur redonne vie à Fra Filippo Lippi, dans ce qu'il a de plus sensuel, de plus charnel...en un mot, vivant. Lippi (re)vit sous la plume de Sophie Chauveau et j'ai été subjugué par ce parcours hors du commun. Lippi est un peintre hors norme qui va vivre de sa peinture en ne s'interdisant rien.

Ce qui m'a attiré vers ce livre, c'est son sujet: j'ai toujours été curieux de savoir qui se cachait derrière les toiles que je regarde lors de mes rares visites dans un musée. Je peux dire qu'avec Lippi, j'ai été servi. C'est un moine libertin qui ne pourra jamais se passer de l'amour des femmes.  Par amour, il va même provoquer le scandale qui le condamnera à l'exil: en aimant Lucrézia, jeune nonne qu'il a prit pour modèle de sa Vierge Marie, en lui prenant sa virginité (de cet acte amoureux naitra Fillipino le premier enfant de Lippi), il va provoquer la colère de l'église. Mais il va également changer le statut des peintres en se faisant payer à prix d'or pour le travail effectué. Il estimait qu'il devait être payé pour les matériaux utilisés, jusqu'aux pinceaux. Il aura d'ailleurs fort a faire avec des mauvais payeurs, ces "grandi" qui refusent ou oublient de payer. C'est grâce à lui si les peintres sont passé d'artisans à artistes reconnus.

A travers ce portrait de Lippi, c'est également une ville qui nous est conté: Florence et tous ses citoyens, pauvres et riches qui vont faire le sel de beaucoup d'aventures: de jalousies en coup bas, d'exils en médisances, c'est tout un monde oublié qui se montre à nous. Sophie Chauveau rend cela très abordable et surtout passionnant. On n'a pas envie de lâcher ce livre. Pour ma part, j'ai été envouté par lui et toujours curieux d'en découvrir plus. Cette biographie romancé (ou pas d'ailleurs car n'ayant pas lu d'autres ouvrages concernant Lippi, je ne peux pas savoir ce qui est  vrai et ce que l'auteur a "imaginé". Quoique, je pense qu'elle a respecté la vie de Lippi. C'est son style romanesque et sa façon de redonner de la chair à un personnage ayant existé qui fait toute la différence entre une biographie et un roman. D'ailleurs, c'est palpitant comme un roman et pas pompeux pour deux sous comme peuvent l'être certaines biographies quelquefois. )

J'ai passé des moments très agréables même si parfois j'ai été estomaqué par la vie trépidante de Lippi: attention je n’ai pas été choqué,  Il m'en faut plus tout de même pour l'être.  Surpris est le mot juste. Je n'imaginais pas que derrière le sérieux des peintures puissent se cacher un être aussi libertin, aussi amoureux des femmes et de la vie.

Au final, un roman palpitant qui redonne toutes ses couleurs vivantes à la renaissance italienne, à travers le portrait sans retouche et magnifiquement vivant d'un des plus grands peintres italien. J'ai hâte de me procurer et de découvrir "Le Rêve Boticelli"(qui apparait brièvement à la fin de ce roman puisque Lippi fut le maître de Botticelli) et j'espère que Fillipino, le fils de Lippi sera présent dans ce deuxième Tome de la trilogie sur " le Siècle de Florence".
Je conseille ce roman à tous les amoureux de l'art mais aussi à tous les curieux qui veulent découvrir qui se cachent derrière les peintures que l'on regarde fasciné quand on se promène dans les allées d'un musée.

Sophie Chauveau: La Passion Lippi, Folio, 483 pages, 2004



6 commentaires:

  1. L'an dernier j'ai eu la chance de rencontrer l'auteur, nous avons parlé de Diderot et j'ai donc acheté sur livre sur Diderot, mais, tu me connais, je ne l'ai pas encore lu !

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    1. Quelle chance d'avoir pu la rencontrer. pour tout te dire, j'ai lu ce livre car Sophie Chauveau devait être présente au Salon du livre de Montmorillon. Comme j'espérais la rencontrer,j'ai pensé qu'il était quand même plus sympa d'avoir lu un de ses romans pour pouvoir en discuter. Malheureusement, je n'ai pas pu la rencontrer puisqu'elle n'était pas présente le jour où j'y suis allé. Sniff.

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  2. In the pile. Comme bien d'autres. Tu me le fais remonter un peu!

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    1. si ce roman a gagné quelques places dans ta pile, c'est déjà ça!

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  3. Je garde un bon souvenir de cette lecture, comme de tout ce qui peut me rappeler la belle ville de Florence!

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  4. Ce roman/biographie est passionnant à lire et à la fois, fort axé sur la sexualité, en plus l'auteur décrit des relations sexuelles très précises, ce qui n'est pas indispensable. Je suppose qu'elle même est attirée par l'érotisme, pour en arriver à ce point-là? Je vais jeter ce livre, afin de ne pas exciter de jeunes lecteurs, vu que le monde actuel pousse déjà à la débauche. Ce qui banalise l'infidélité et le non respect de soi...Beaucoup préfèrent approuver car ils craignent qu'on les catalogue "de vite choqués".
    Désolée, mais voilà ma pensée, et je ne suis pas la seule, loin de là, pourtant nous vivons une vie équilibrée sur tous les plans.

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