mardi 27 septembre 2011

Et rester vivant...


4e de couverture: «Depuis, quand on me croise, on compatit. On me touche le coude, on m'effleure le bras, on refoule des larmes, on me dit que c'est bien, que je suis courageux, que ça va aller, hein ? Je ne réponds pas. Je laisse glisser. Je continue d'enchaîner les longueurs dans ma piscine intérieure et je fais attention à ce que le chlore ne rougisse pas mes yeux.»

Avoir vingt-deux ans - et plus aucune attache. Rouler sur les routes californiennes. Vivre des rêves éveillés et des cauchemars diurnes. Comprendre que l'important, désormais, c'est de continuer coûte que coûte. Et de rester vivant.


Il y a un an et demi, je découvrais la plume de Jean-Philippe Blondel. Ce fut pour moi une révélation et une admiration pour cet auteur qui savait trouver les mots justes pour me parler.
Après la lecture "D'un minuscule inventaire", du "Baby Sitter" et de "Juke Box", j'ai remarqué qu'un même évènement revenait régulièrement dans ses écrits: la perte de proches parents dans un accident de voiture (cet évènement était surtout présent dans "Juke Box" et cela m'a complètement bouleversé).

En mars dernier, j'ai pu rencontrer Jean-Philippe Blondel en dédicace au salon du livre de Paris et j'ai pris mon courage à deux mains pour lui poser la question qui me brûlait les lèvres depuis quelques jours: est ce que cet évènement souvent cités dans ses romans était autobiographique? M. Blondel me dit que la réponse se trouverait dans son prochain roman.

Aujourd'hui, 7 mois après cette rencontre, je viens de lire la réponse à ma question en ouvrant mon exemplaire de Et rester vivant. Et je dois dire que même si j'avais une idée de la réponse, je ne pensais pas qu'elle allait me laisser autant sans voix. Mais surtout, je ne sais pas comment j'aurai réagi si Jean-Philippe Blondel m'avait répondu de but en blanc qu'il était devenu orphelin à 22 ans. Car, comme il le dit si bien: "Il y a des limites à la fiction, mine de rien". Je pense toutefois que je n'aurai pas mis sa parole en doute, je lui fait confiance pour ne pas le faire. Je me fait juste cette réflexion: la réalité peut parfois être beaucoup plus cruelle que la fiction. Un auteur n'aurait pas l'audace de faire subir autant de malheur à son personnage. On dirait qu'il en fait trop pour émouvoir.

J'ai passé une après-midi avec Jean-Philippe. A l'écouter me raconter avec pudeur et une touche d'humour cette fuite en avant pour essayer de survivre et de rester vivant. Et honnêtement, je ne sais pas comment parler de ce livre. De toute façon, je n'ai pas envie de l'analyser. Je vous dirais juste: lisez-le et écoutez cette voix qui vous parle de ce voyage vers Morro Bay. Jean-Philippe m'a confié son histoire et j'ai pris le temps de l'écouter. Entre souvenirs passés en famille, son voyage américain en compagnie de Laure et Samuel, l'auteur met enfin des mots sur ce deuil qui "l'obsède" depuis plus de 20 ans. En fait, il a cherché durant 20 ans, le style adéquat pour écrire cet hommage à sa famille. Et il espère qu'après Et rester vivant, plus aucun de ses livres ne sera un hommage.

Je ne vous en dirais pas plus sur ce roman car j'aurai l'impression de trahir la confiance que l'auteur a mis en moi, son lecteur, pour se livrer comme il l'a fait. Et ce que je ressens est trop intime pour être dévoilé publiquement. J'ai envie de garder en moi tout ce que ce livre m'a fait ressentir. Je vous dirai juste que je n'en ressortirai pas indemne et qu'il a et va changer mon regard sur la vie et sur mon rapport avec mes proches.

En tout cas, s'il y a un livre à retenir de la rentrée littéraire de septembre, c'est celui ci. Si vous ne devez n'en lire qu'un, ouvrez celui de Jean-Philippe Blondel. Vous verrez la vie autrement. Car même si on a toute la vie devant nous, on sait très bien que la vie est toujours trop courte pour ne pas se dire les choses essentielles.

Pour finir, je voudrais dédier une chanson à tous mes proches: Non pas Rich de Lloyd Cole qui fut une chanson très importante pour Jean-Philippe Blondel mais celle de Louis Chedid: "On ne dit jamais assez aux gens qu'on aime qu'on les aime".



Jean-Philippe Blondel: Et rester vivant, Buchet Chastel, 245 pages, 2011

4 commentaires:

  1. je pensais bien qu'il allait te plaire, et la chanson de Chedid est effectivement essentielle !

    RépondreSupprimer
  2. C'est un beau billet que tu as écrit là mais à voir ce titre un peu sur tous les blogs, je suis limite à m'en lasser avant même d'avoir essayé de le trouver à la biblio ! Je vais attendre un peu, histoire de laisser retomber la sauce avant de tenter cette lecture ;)

    RépondreSupprimer
  3. Je le lirai c'est sûr, j'avais tellement aimé le baby sitter, du coup je regrette de ne pas être allée voir l'auteur (que je ne connaissais pas encore) lors du salon du livre!

    RépondreSupprimer
  4. "Il y a un an et demi, je découvrais la plume de Jean-Philippe Blondel." il y a des vies parallèles qui parcourent parfois le même chemin. je n'ai pu faire autrement que de lire tous ses livres après avoir dévoré le premier. J'achète les romans d'ados aussi même si mon fils me les laisse sans problème... Et le choc ressenti à la lecture du dernier est très proche de ce que vous avez décrit... Merci pour ce retour sur une rencontre qui a piqué ma curiosité.

    RépondreSupprimer