samedi 6 octobre 2012

"Comment peux-tu en être si sûre?"

4e de couverture: Ces derniers temps, Nellie Peck, treize ans, a enfin trouvé de quoi combler son désœuvrement : espionner la nouvelle locataire de sa mère dans le petit studio attenant à leur maison.
Activité d'autant plus excitante que l'arrivée de la jeune et jolie Dolly, danseuse de cabaret à la sensualité débordante, n'est pas passée inaperçue dans le quartier. Et rapidement, c'est à un véritable défilé de prétendants qu'assiste Nellie, cachée dans les arbres.

Un matin, le corps de Dolly est retrouvé sans vie.

Crime passionnel, vengeance ? Tous les regards se tournent vers Max, ancien délinquant sexuel, repoussé par la belle.

Alors que le jeune homme risque la condamnation à vie, la voix d'une enfant s'élève : Nellie. Qui croire ? Entre des adultes respectables et une gamine à l'imagination débordante, le poids de la vérité pèsera-t-il assez lourd ?


Mary McGarry Morris rend, avec ce roman, un hommage au roman culte d'Harper Lee "To Kill a Mockingbird" ("Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur"). Dans un précédent billet, je parlais de cette manie insupportable de comparer des romans ou des films à tout bout de champ, alors que la comparaison est loin d'être visible.
Dans le cas d'"A la lueur d'une étoile distante", la comparaison avec le roman d'Harper Lee est justifiée puisque les deux trames ont de nombreuses similitudes (l'action qui se déroule en été, les deux héroïnes qui ont sensiblement le même âge et l'évènement tragique qui va bouleverser la vie et le monde d'une petite fille et de sa famille). D'ailleurs, Mary McGarry Morris fait un clin d'oeil à "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", du moins  à l'adaptation cinématographique puisqu'elle donne à sa petite héroïne le nom de Peck (Gregory Peck interpréta le rôle d'Atticus Finch, l'avocat et père de l'héroïne  de "To Kill a Mockingbird" (excusez moi cette petite manie de jongler avec le titre anglais et français du chef-d'oeuvre d'Harper Lee mais j'évite incite la répétition du titre toutes les deux phrases).

Tout d'abord, je vous rappelle que j'avais eu un coup de coeur pour le roman d'Harper Lee. En voyant les similitudes des deux romans, j'étais certain que ce roman allait me plaire.
Ce fut le cas mais pas autant que je l'aurai voulu (ce n'est pas un coup de coeur si vous préférez, même s'il n'en est pas loin). Je vous explique:
Dès  les premières lignes, j'ai été emporté par une vague qui me faisait tourner les pages à vitesse grand V, tellement que j'ai enchainé les 100 premières pages en une après-midi. Oui, mais voilà, ensuite, j'ai eu un peu plus de mal à tourner les pages, et la faute en revient à la 4e de couverture (que j'ai lu entièrement avant de débuter ma lecture. J'aurai peut être dû m'abstenir) qui nous annonce un évènement tragique. Sauf que cet évènement n'arrive qu'au bout de 200 pages, c'est à dire à la moitié du roman. J'étais donc dans l'attente de cet évènement et mon envie d'avancer s'est alors émousser. (Ne dites rien, je sais que je suis étrange quelquefois).
Dès  que cet évènement arrive, je n'ai pas pu lâcher le livre et est enchainé les 230 pages restantes en une soirée. L'auteur réussit à maintenir l'intérêt jusqu'au bout, et cela, même si j'ai réussi à deviner la résolution de l'enquête.
En fait, ce n'est pas ça, le plus important. C'est la psychologie des personnages: comment ils vont vivre avec ce qui s'est passé dans leur maison et comment leur vie va être chamboulée par tout ça. Les doutes vont envahir la petite Nellie, qui, pourtant aime être sous le feu des projecteurs. Elle va devenir le témoin principal d'un procès, sauf que la responsabilité sera peut être plus lourde a porter qu'elle le pensait au départ.  Nellie, malgré ses 13 ans et sa conviction de  connaître la vérité et  le monde des adultes va commettre des erreurs. A vouloir grandir trop vite et à se confronter aux adultes, on peut y laisser des plumes et Nellie va le comprendre à ses dépends.

Justement, Nellie, au début, j'ai aimé sa curiosité, sa façon de se mêler de tout, sauf que progressivement cela tourne à l'obsession:  plus le roman avance et plus Nellie devient fouineuse, jusqu'à espionner tout le monde et à se prendre un peu pour le nombril du monde. Il y a quelquefois eu des claques qui se perdaient, si vous voyez ce que je veux dire. Malgré cela, j'ai tout de suite eu la conviction que sa conviction était la bonne. Mais sa méthode pour la dire n'était peut être pas la meilleure. Mais que pouvait elle faire du haut de ses 13 ans: c'est bien connu, les adultes ne prennent pas en compte les dires d'une enfant, même si celle ci dit "la" vérité.

Ce roman psychologique, plus que policier (car je vous assure que la solution est trouvable dès le début de l'enquête) nous fait entrer au coeur d'une famille modeste, qui a du mal à joindre les deux bouts: entre une mère, Sandy,  dépassée par les évènements, travaillant dur pour faire vivre sa famille, un père fantasque, qui ne pense qu'à son livre sur l'histoire de Springvale (la ville où ils habitent) et qui fait tout pour apaiser la situation quelquefois électrique, mais qui se retrouve le plus souvent impuissant (ce cher Benjamin qui fut mon personnage préféré du livre), une soeur ainée, Ruth, née d'une première union, souvent en rébellion et qui recherche son vrai père, un petit frère (mignon Henry pour lequel j'ai eu beaucoup d'affection car j'étais un peu comme lui à son âge) qui décide de construire la cabane de ses rêves et qui va connaitre un été plus qu'agité à cause de  Bucky, un gaillard du même âge de Nellie, qui va lui en faire voir de toutes les couleurs. L'auteur arrive à donner  à  chacun des personnages sa propre voix sans pour autant utiliser le "je" pour nous faire lire leurs doutes et leurs pensées.

C'est un roman qui fait également réfléchir sur la place des enfants dans le monde des adultes, et plus particulièrement le fait que les enfants ont du mal à faire entendre leur voix. Nellie a beau hurler la vérité, les adultes ont du mal à la croire et à prendre pour acquis ce qu'elle dit. En même temps si Nellie ne criait pas aussi souvent "au loup" (comprenez qu'elle ment bien trop souvent), peut être que sa parole aurait plus de poids. Pour autant, est ce une raison pour ne pas l'écouter?

C'est également un roman sur les apparences, à  travers le personnage de Max, homme un peu taiseux et au passé trouble, et qui va devenir le coupable idéal. Sauf qu'il faut se méfier des apparences. Nellie va alors être la seule à défendre Max car elle, sait, au plus profond d'elle  que Max n'est pas ce pervers que tous les adultes voient.

Vous l'aurez compris, ce roman est passionnant car tout en divertissant, il nous fait nous poser des questions et ainsi  provoquer la réflexion .Mary McGarry Morris a composé là un beau et grand roman américain comme je les aime.  Si vous avez aimé "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", si vous aimez les grands romans américains, si vous voulez entrer dans la vie de la famille Peck: ouvrez ce livre qui vous dévoilera tous ses secrets.

Merci à Brigitte des Editions Belfond pour cette fantastique découverte.

Mary McGarry Morris: A la lueur d'une étoile distante (Light from a distant star), Belfond, 431 pages, 2012


2 commentaires:

  1. J'ai très envie de découvrir cette auteur, je me suis acheté un des romans sorti en poche récemment. Celui-ci me paraît intéressant et me pousserait à lire (enfin) "ne tirez pas sur..." avant de me plonger dans ce roman-ci.

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    1. Quoi! Tu n'as pas encore lu "Ne tirez pas sur..."! Erreur gravissime à réparer sous peu. (lol). Ce roman devrait te plaire, j'en suis persuadé.
      Ce ne serait pas "le dernier secret" que tu as acheté en poche?

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