Résumé: Dans l’Alsace des années 1930, Noëlle et Hans vivent le grand
amour. Mais elle est française, il est allemand... Quand la guerre va
éclater, les deux amants seront séparés, confrontés à la haine et à la
violence. Avec pour seules armes leur amour et leur foi en la justice,
ils vont tout faire pour survivre et se retrouver.(Source: site France Loisirs)
Marie Bernadette Dupuy est une auteur de ma région (elle est originaire d’Angoulême) qui en quelques années est devenue une auteure incontournable de la littérature dit de Terroir ou Régionale, grâce au soutien de France Loisirs (pour la France) qui a fait d'elle, l'un de ses auteurs stars. Mais également grâce aux Editions JCL (éditeur québecois) qui la fit connaitre au Canada, surtout de par sa saga québecoise du Val Jalbert.
Curieux comme pas un, j'ai voulu découvrir cet auteur. sauf que voilà, Madame Dupuy a un petit défaut: elle écrit rarement le mot "FIN" à la dernière page de ses romans. Preuve en est de ses deux sagas les plus connues: (celle du "Moulin du Loup" qui compte pour le moment 6 tomes (un 7e serait en cours d'écriture) et sa saga québecoise du "Val Jalbert" qui compte 5 tomes (le 6e devrait paraître avant la fin de l'année). Si encore ces romans faisaient 300 ou 400 pages, mais ce sont de gros pavés de plus de 700 pages chacun).
Comme vous le voyez, dans ces conditions, difficile de découvrir une auteure sans se lancer dans une saga interminable. Cependant, j'ai pris le risque d'acquérir "Les Fiancés du Rhin" (en ayant toutefois peur de me lancer dans une nouvelle saga interminable. Heureusement pour moi, j'ai eu le nez fin puisque celui ci est un roman unique).
Je ne vais pas vous mentir (ce n'est pas mon but): j'ai un avis plus que mitigé sur ce roman. C'est d'abord la période qui m'a attiré: ce roman se passe durant les années 30-40 en Alsace. J'aime lire des livres se passant à cette période noire de l'Histoire. De plus, la région où se déroule l'action est l"Alsace: il était donc intéressant de découvrir comment les Alsaciens avaient vécus la Guerre, eux qui ont été partagé entre la France et l'Allemagne durant des siècles.
Mais voilà, les problèmes sont venus lors de la lecture: déjà, je trouve que la quatrième de couverture en dit beaucoup et de plus est un peu "mensonger": elle promet au lecteur une belle histoire d'amour entre Noëlle, (une française) et Hans (un allemand) avant et pendant la 2nde Guerre Mondiale. Cela est vrai bien évidemment, mais cette histoire n'arrive pas avant plus de 300 pages (!) vu que Noëlle rencontre Hans vers la page 305. (Bon, certes, le roman fait 784 pages, l'histoire d'amour sera donc bien présente mais pourquoi focaliser le résumé de 4e de couverture sur cette histoire et occulter tout ce qui se passe avant).
Car, il se passe des choses bien avant cela. Le début du roman va en fait se focaliser sur la mère de Noëlle, Clémence qui arrive à Ribeauvillé pour rencontrer un viticulteur Johann Kauffman, pour un travail de secrétaire. A ce moment là Noëlle a 8 ans.Vous voyez donc que l'histoire d'amour des "amants maudits" est loin de naître. Mais ce début de roman est tout aussi passionnant, voir au final même plus intéressant que l'histoire d'amour entre Noëlle et Hans en temps de guerre. Clémence va tomber amoureuse du viticulteur sauf que sa future belle mère ne voit en elle qu'une fille mère, une sale trainée qui n'en veux qu'à leur argent.
L'autre point noir du roman, c'est le style de l'auteur: il est d'une simplicité un peu affligeante, dans le sens où les personnages n'ont qu'une seule teinte: noire ou blanche (c'est à dire qu'il y a les gentils, très gentils voir naïfs, à la limite de la crucherie et qui vous énervent quand il n'osent pas se rebeller face aux méchants, très méchants qui n'ont aucun état d'âme à faire souffrir les gentils très gentils). Parfois, surtout en cette période noire, les nuances de gris auraient été appréciables.
Puis, les dialogues sont vraiment d'une mièvrerie à faire peur: plus cul-cul la praline tu meurs et les pensées des personnages sont tellement mièvres qu'il n'y a que deux réactions à avoir: soit on soupire en levant les yeux, soit on en rit.
Puis, j'ai été déçu du traitement de l'histoire durant la 2nde guerre mondiale: Noëlle est très peu impliquée dans la guerre et vit sa vie comme elle le peu, simplement (même si quelquefois, elle est mise en danger). J'aurai aimé parfois qu'on suive la guerre du point de vue de Hans, qui a été enrôlée dans l'armée allemande. Bon, je veux bien croire que certaines personnes ont vécu cette période simplement et que tout le monde n'a pas été ou collabos, ou résistants, mais ici ,nous sommes dans un roman. J'attendais donc un peu plus d'action.
Pourtant, fait très étrange, malgré ses gros défauts, j'ai aimé lire ce livre: il y a eu des moments exaspérants, mais certains passages m'ont fait m'enflammer, surtout les passages avec la matrone du domaine Martha Kauffman, qui est le personnage le plus abject du roman, une "ogresse" que le lecteur déteste au plus haut point.
Si j'ai clairement aimé lire ce roman, c'est pour le côté nostalgique qu'il a dégagé pour moi: il m'a rappelé toutes les sagas régionales que je lisais étant ados: "La Rivière Espérance" de Christian Signol: "La Courée" de Marie-Paule Armand, "La Madelon de l'an 40" de Georges Coulonges... Ces sagas que j'empruntais à ma grand-mère (qui portait le même prénom que Marie-Bernadette Dupuy) qui en était friande et que je dévorais durant les étés que je passais chez elle. (Ben oui, à l'époque, la littérature YA n'avait pas encore vu le jour: pour assouvir ma passion de la lecture, je n'avais pas d'autres choix que de piocher dans les bibliothèques de mes parents et ma grand-mère. Mais je ne le regrette pas car j'ai passé des moments formidables et je découvrais la vie à la campagne au XIXe, début du XXe siècle) Certes, je les trouvais mieux écrit que ces "Fiancés du Rhin" mais peut être était ce un jugement d'adolescent et que mon regard d'ado ne remarquait pas les défauts que mon regard d'adulte détecte au fil de la lecture aujourd'hui.
Rien que pour m'avoir fait replonger dans mes souvenirs d'adolescent, je suis heureux d'avoir découvert ce roman. Peut être même que mon côté maso serait prêt à me faire replonger dans un nouveau roman de Marie-Bernadette Dupuy: rien que pour replonger dans mes souvenirs d'enfance.
Au final, un roman divertissant, malgré ses nombreux et gros défauts, qui m'a fait goûter pour quelques jours, une madeleine de Proust, au goût de nostalgie. Rien que pour cela, je vous dis merci Madame Dupuy, car retomber en nostalgie et en enfance, par le prisme d'un livre, ça n'a pas de prix.
Marie-Bernadette Dupuy: Les fiancés du Rhin, France Loisirs, 784 pages, 2010
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