Eduardo Mendoza entraine le lecteur dans l'Espagne des années 30, et plus particulièrement en février 1936, quelques mois avant le début de la guerre civile espagnole.
Le lecteur va alors se sentir comme le héros du roman, Anthony Whitelands, embarqué dans une course folle et une histoire qui va progressivement le dépasser. Entre peinture, politique et complots, Antthony (et le lecteur) n'est pas au bout de ses surprises.
Je dois vous avouer que j'ai mis un peu de temps pour entrer dans ce roman. Les 100 premières pages m'ont paru intéressantes mais je tâtonnais dans ce Madrid des années 30 que je ne connaissais pas du tout, ayant peu lu de roman sur cette période.
Puis, dimanche, je me suis posé et ai repris le roman pour ne plus le lâcher. J'ai été hypnotisé par l'écriture fabuleuse, riche, puissante, poétique, vibrante, entrainante d'Eduardo Mendoza. Le lecteur novice que je suis en matière d'aventures espagnoles, s'est un peu senti comme Anthony Whitelands: un pion (consentant pour ma part) dans un jeu politique qui le dépasse. L'auteur arrive à nous emmener dans cette époque en nous expliquant les aboutissants dans ce futur conflit qui se prépare (il nous parle de Mussolini, d'Hitler), on croise même Franco, personnage célèbre de cette guerre.
Si l'un des points importants de ce roman est le conflit civil qui se prépare, il est question également de peinture et surtout de Velázquez, célèbre peintre espagnol du XVIIe siècle. On sent que l'auteur s'y connait mais n'étale cependant pas sa science. Il parle de peinture mais ces passages servent le récit. C'est encore une fois réussi et passionnant.
Puis le récit s'emballe et l'histoire va à cent à l'heure, donnant une impression de vertige, mais un vertige fascinant et bienheureux qui fait qu'on ne peut absolument pas lâcher ce roman. Le lecteur avance, en allant de surprise en surprise et se demande jusqu'où l'auteur va aller avec son héros. Mais il n'y a pas que lui dans l'histoire: il y a aussi la famille qui va lui demander d’expertiser les tableaux familiaux en vue d'un départ prochain, si guerre il y a, afin d'avoir quelques liquidités. Les De Igualada sont des êtres étranges, je trouve, surtout les deux filles du Duc, Paquita et Lili, qui vont tour à tour faire chavirer notre expert anglais. Pourtant, ce sont cette famille qui font le sel de ce roman avec Jose antonio Primo de Rivera, jeune homme à la tête d'une organisation fasciste.
Comme vous pouvez le voir, ce roman est riche et passionnant. Il se passe tellement de choses fascinantes qu'on ne peut pas faire autrement que de le dévorer: de la politique à l'histoire de l'art, à l'histoire tout court, vous êtes entrainé dans un tourbillon qui vous fait tourner la tête. C'est admirable.
Au final, un roman passionnant, riche, qui ravira les amateurs d'aventures, d'histoire, de complots, d'art, d'amour également. En fait, c'est un pan de l'historie espagnole qui se dévoile à vous. Vous êtes entrainé dans un tourbillon qui vous transportera et vous laissera essouflé, pantelant mais ravi d'avoir le fin mot de toute cette histoire dès la dernière page tournée. Après tout c'est tout ce qu'on demande à un livre: de nous faire apprendre et découvrir des choses en nous divertissant.
Rockeby Venus de Diego Velázquez (tableau évoqué dans "Bataille de chats") |
Eduardo Mendoza: Bataille de chats (Riñas de gatos), Points, 470 pages, 2012
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