vendredi 12 novembre 2010

Le mangeur de péchés


Résumé: Sarn est le nom d'un étang, d'une ferme , d'une famille, dans une province reculée de l'Angleterre où les superstitions ancestrales, la sorcellerie ont plus de présence que la réalité des guerres napoléoniennes.
A travers l'histoire de Gédéon Sarn, ambitieux et cupide, de sa sœur, la douce Prue que défigure un bec de lièvre, ce roman plein de bruit et de fureur, d'incendies, de poisons, d'enfants abandonnés, est une fable morale où l'ordre triomphe du désordre, où l'amour universel l'emporte sur la passion égoïste.


Mon avis: Il y a des livres sur lesquels on tombe par hasard, sans savoir où il va nous emmener. Sarn de Mary Webb est de ceux là.
Je suis tombé sur un vieil exemplaire de ce livre chez mon libraire. La couverture m'a tout de suite attiré, cet étang au premier plan et ce paysage anglais à l'arrière. J'ai voulu alors savoir de quoi ça parlait. Et là, pas de résumé. Je me suis demandé que faire. Mais je n'ai pas hésité longtemps, je l'ai mis sous mon bras en me disant que je verrai bien en le lisant. J'aurai une bonne ou une mauvaise surprise.

Après l'avoir lu, je peux vous dire que la surprise fut bonne. Quel bonheur de se plonger dans cette histoire. L'écriture de Mary Webb est superbe, nous décrivant ces paysages sauvages où les affres des guerres napoléoniennes n'arrivent pas. On est comme coupé du monde.
J'ai été ému par Prue Sarn. Elle est douce, respectueuse et serviable envers les siens. Et son infirmité m'a beaucoup touché. Elle ne se croit pas belle et n'ose pas affronter le regard de celui qu'elle aime, ce cher Kester.
Et autant, j'ai aimé Prue que j'ai trouvé son frère Gédéon détestable au possible, cupide, avide de richesse et même parfois égoïste, comme s'il cherchait à détruire inconsciemment le bonheur de sa soeur.

J'ai aimé l'ambiance de ce roman, mais le temps mauvais qui s'abat sur nous depuis une semaine y est pour quelque chose. Hier soir, par exemple, j'étais blotti dans mon lit bien au chaud, le livre posé sur mes genoux et tout en lisant le drame qui se déroulait sous mes yeux, j'entendais le vent souffler à travers mes volets. J'avais l'impression d'être avec Prue au bord de cet étang.

Cette terrible histoire que nous raconte Prue est celle de son frère, le mangeur de péchés, maudit parce qu'il a mangé les péché de son père. Il n'a pas droit au bonheur, à cause du vieux Beguildy, qui se prétend sorcier et qui ne veux pas de Gédéon comme gendre, préférant un meilleur parti pour sa fille Jancis.

Mais je ne vous en dit pas plus, il faut la découvrir. C'est une pure merveille. On y retrouve toutes les légendes, les sorcières (d'ailleurs Prue est considérée comme tel à cause de son bec de lièvre), les croyances. Je ne connaissais pas la plume de Mary Webb et je suis heureux de cette découverte. Comme quoi, les romans de hasard peuvent nous réservé de belles surprises.

Pour finir, je n'aurai qu'une chose à dire: j'aime les romans anglais. Et je pense que l'automne est une belle saison pour les découvrir et les ouvrir. Alors si vous aimez les paysages anglais et les belles histoires, partez découvrir Sarn.

Extrait: Comme nous ne le retrouvâmes jamais, il me semble qu'aucune autre fin n'aurait pu convenir à une existence si volontairement détachée de tous les agréments et de toutes les faiblesses humaines.Sans doute n'appartenait-il plus à personne depuis qu'il avait sacrifié celle qui lui était le plus proche. Il s'était consacré à la terre et à l'eau, se faisant là une existence à son idée. Le roc, les eaux agitées, le sol résistant, les arbres qui gémissent sans plier sous l'orage, tout cela était de sa famille, bien qu'il ne les aimât point. Il s'en était emparé, les avait vaincus, marqué de son empreinte; et l'on eût dit qu'en agissant ainsi, il était tombé parmi les brigands qui l'avaient conquis à leur tour et asservi. (p. 264-265)

Mary Webb: Sarn (Sarn), Le livre de poche, 278 pages, 1930

8 commentaires:

  1. ça pourrait me plaire, j'aime bien ces vieilles éditions du livre de poche.

    RépondreSupprimer
  2. Alors n'hésite pas. En fait, il est disponible dans la collection "Les cahiers rouges" chez Grasset & Fasquelle. Mais la couverture est moins jolie, je trouve.
    Moi aussi j'aime beaucoup ces vieilles éditions. Et je suis heureux car j'en trouve beaucoup chez les bouquinistes.

    RépondreSupprimer
  3. j'aime bien les roman anglais, ils ont un quelque chose en +, c'est vrai

    RépondreSupprimer
  4. tout à fait d'accord, une pure merveille !

    RépondreSupprimer
  5. Ah, je note cette petite perle. Merci de l'avoir présenté.

    Biz

    RépondreSupprimer
  6. De rien. C'est toujours un plaisir de faire découvrir.

    RépondreSupprimer
  7. Je n'ai pas lu ton avis en détails, mais vu que je viens de le trouver en occasion chez Emmaüs il me tarde de le lire :)

    RépondreSupprimer
  8. @Matilda: Je t'en souhaites une bonne lecture. C'est un roman magnifique.

    RépondreSupprimer