mercredi 16 janvier 2013

Sukkwan Island

4e de couverture: Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.

      Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable. Avec ce roman qui nous entraîne au cœur des ténèbres de l’âme humaine, David Vann s’installe d’emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan.

Sukkwan Island avait fait grand bruit lors de sa sortie française. Voilà pourquoi j'ai été curieux de partir sur cette île, moi aussi. Ce petit roman (ou longue nouvelle), tiré du recueil "Legend of a Suicide", (mais que les éditions Gallmeister ont préféré publier seul), bouscule le lecteur dans ses sentiments. 
 
Dès le début de ma lecture, je n'ai pas été très à l'aise, autant avec le cadre du roman (une île coupé du monde, en Alaska), les situations que vivaient les personnages mais aussi avec la construction du roman. Le fait que les dialogues et la narration se confondent et se fondent, faisant de ce roman un objet opaque et étouffant, m'ont un peu déstabilisé (un grand bravo à la traductrice Laura Derajinski qui a su retranscrire avec brio cette construction et cette opacité) .  Malgré les grands espaces qui se matérialisent devant nos yeux, j'ai eu l'impression d'étouffer, de manquer d'air. J'ai même trouvé que plus le temps avançait, plus l'histoire était malsaine. Le père et le fils essayent de se comprendre mais n'y arrivent pas vraiment. 
Tout d'abord, je n'ai pas compris le pari fou du père: emmener son fils à l'aventure sur une île déserte pendant un an pour lui apprendre la survie. Cela peut être une bonne idée en soi si on y est préparé...sauf que ce n'est pas le cas de Jim. Le lecteur se rend compte, au même titre que Roy,  qu'il est incapable de survivre dans ce milieu hostile. Puis, le comportement de Jim m'a fait très peur et fait détester Jim car plus les jours passent et plus le comportement suicidaire de Jim rejallit sur Roy. Roy se sent piégé mais va tout de même rester pour son père, pour ne pas l'abandonner. 

Bien évidemment, j'avais hâte de savoir ce qui allait se passer à la fameuse page 113 qui avait fait tant parler. J'ai compris ce qui allait se passer à la page 112, sauf que j'ai tout de même été estomaqué par cet évènement. 
Après cette page, rien n'est plus pareil et j'ai été dans un malaise permanent presque jusqu'à la fin. 

Ce sentiment de malaise qui s'est insinué lentement depuis le début du roman, s'est amplifié jusqu'à me donner pratiquement la nausée. Le style glaçant de l'auteur (mis en valeur par la traduction de Laura Derajinski)  sur certains évènements s'apparente bien avec le lieu de l'intrigue et m'a immergé complètement dedans. Pourtant, malgré mon malaise, Sukkwan Island est un grand roman qui restera dans les annales, car il bouscule, fait réfléchir, et nous met face à nos propres démons. En l'écrivant, j'ai l'impression que David Vann exorcisait certains démons qui ont habité sa vie et surtout celle de son père. 
Malgré sa dureté, son âpreté, David Vann rend également un vibrant hommage à son père, en lui dédicaçant ce roman mais surtout en le faisant revivre dans Sukkwan Island, car le Jim du roman n'est autre que le père de l'auteur, Roy étant bien évidemment un ersatz de David Vann lui même. 

Au final, un roman qui bouscule, qui peut choquer, qui peut mettre mal à l'aise , (d'ailleurs, pour une fois, je remercie l'auteur de sa brièveté car je ne pense pas que j'aurai pu tenir plus longtemps) mais que je suis heureux d'avoir lu...sinon  je serai passé à côté d'un grand roman.

David Vann: Sukkwan Island, (Sukkwan Island), Gallmeister, 192 pages, 2010


2 commentaires:

  1. Je n'ai lu ton billet qu'en diagonale, car je viens de l'emprunter à la bibliothèque. C'est vrai que l'on a énormément parlé de ce roman sur les blogs lorsqu'il est sorti.

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