mercredi 8 février 2012

La carte du monde invisible


4e de couverture: Indonésie, 1964 : « l'année de tous les dangers ». La vie d'Adam, un jeune Indonésien de 16 ans, bascule le jour ou son père adoptif, Karl, peintre d'origine hollandaise, est enlevé par les hommes du président Sukarno. Adam, déjà hanté par le souvenir de son frère Johan, dont il a été séparéà l'orphelinat, quitte alors son île idyllique et se rend à Jakarta pour retrouver celui qu'il considère comme son vrai père. Il est aidé dans sa quête par une universitaire américaine, Margaret, le grand amour de jeunesse de Karl, qui, à l'instar de ce dernier, se sent aussi chez elle dans ce pays, que Sukarno veut pourtant purger par le feu et le sang de toutes traces du passé colonial.
L'auteur nous emmène dans les rues de Jakarta de plus en plus gagné par le chaos, en compagnie de personnages hantés par cette question lancinante, « Ou est ma maison ? ». Passé et présent s'entremêlent dans ce roman, épique lorsqu'il retrace l'histoire de l'Indonésie, et intime lorsqu'il révèle avec sensibilité le passé des protagonistes. Si La Carte du monde invisible est un grand roman de la littérature postcoloniale, les thèmes qu'il aborde – l'identité, la mémoire – sont universels.


Je vais essayer de mettre en place mes idées pour vous parler du roman de Tash Aw. En espérant que mon mal de crâne me laisse tranquille le temps d'écrire ce billet.
J'ai été attiré vers ce livre par sa superbe couverture et son titre poétique. Puis ce fut par son sujet: l'Indonésie de années 60 et plus particulièrement 1964, "l'année de tous les dangers" mais aussi l'histoire de cet adolescent de 16 ans qui part à la recherche de son père adoptif.
Après avoir gentiment reçu le roman de la part du site News Books et les Editions Robert Laffont, qui en ont fait un partenariat, je me suis de suite lancé dans cette lecture.
Après avoir tourné la dernière page hier soir, je reste sur un avis en demi-teinte.
Le pays dont il est question, l'Indonésie, et le contexte politique qui nous est montré, m'ont captivés. J'aime découvrir de nouveaux pays de par leur histoire, surtout que je ne connaissais rien sur ce pays là. Les enjeux politiques, les manifestations, la révolution qui est en marche nous plonge dans une atmosphère pesante mais captivante.
Si ce contexte là m'a plu, en revanche, j'ai eu un détachement complet envers les personnages du roman: que ce soit Adam, le jeune indonésien de 16 ans qui en partant à la recherche de son père adoptif va se retrouver plongé dans la tourmente révolutionnaire; Margaret, professeur universitaire, amie de Karl, qui va prendre soin du jeune garçon; Din, l'assistant de Margaret, jeune étudiant sans histoire qui montrera progressivement son vrai visage ou Z, étudiante qu'Adam rencontre par l'intermédiaire de Din. Je n'ai rien ressenti pour eux. Je lisais leur histoire comme un simple spectateur, sans m'émouvoir. Je ne me sentais pas concerné par leur destin et pour moi ce fut un problème. Je n'aime pas me sentir aussi extérieur à un roman. J'ai besoin de me sentir concerné par ce que je lis et là ce ne fut pas le cas.
Pourtant, la langue très poétique de l'auteur m'a plu. Le fait qu'il m'ait parlé de quête identitaire (Adam cherche à savoir qui il est vraiment au fond, tout comme Johan son aîné, dont l'image s'est effacée progressivement, ce grand frère qui lui aussi aimerait bien retrouver un sens à sa jeune vie), de m'avoir parlé de l'histoire d'un pays que je ne connaissais pas. Tout cela aurait dû m'emporter: quoique, il y a bien un passage qui m'a fait ressentir quelque chose: celui où Adam se retrouve en danger et je ne vous dirai pas pourquoi, ce serait gâcher votre lecture. J'avais tous les sens en éveil lors de ce passage et je voulais savoir ce qui allait arriver.
Les différents aller-retours du passé au présent dans la narration ne m'ont pas gêné, j'aime bien ça et cela permet d'en apprendre plus sur les personnages. La vie d'Adam à l'orphelinat avec son frère Johan, la rencontre entre Margaret et Karl, les premiers jours d'école d'Adam... Tout ces passages m'ont plu mais pour autant ils ne m'ont pas fait apprécier plus que ça les personnages.
En fait, ce détachement est la cause de mon ressenti en demi teinte. C'est dommage car je pense que s'il n'y avait pas eu ce problème là j'aurai vécu une belle aventure.
Je pense qu'un jour, je redonnerai une chance à ce roman car je n'aime pas passer à côté d'une belle histoire.

Je remercie News Books et les Editions Robert Laffont pour ce partenariat.



Tash Aw: La carte du monde invisible (Map Of the Invisible World), Robert Laffont, 442 pages, 2012

2 commentaires:

  1. C'est étonnant ! J'allais écrire mon billet et je suis tombé sur le vôtre : j'ai tout à fait le même sentiment, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages et pourtant le contexte m'intéressait, les thèmes abordés aussi et j'ai trouvé l'écriture très belle...

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  2. @Kathel: cela me réconforte de ne pas être le seul à ressentir ça pour ce roman.

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