jeudi 26 juillet 2018

Quand Damas refleurira

4e de couverture: 2014, Madrid. Sarah, hispano-syrienne, vit dans l’angoisse : elle est sans nouvelles du père de sa petite Sham depuis qu’il a été enlevé dans la banlieue de Damas, sans doute par l’armée de Bachar el-Assad. Elle décide de raconter son année 2011. L’année où fut conçue Sham, l’année où le monde arabe se réveilla – l’année où tout commença. Une façon pour Sarah de continuer à garder espoir… En retraçant les trajectoires de Mazen, syro-palestinien, la conservatrice Wafa, qui attend le prince charmant, Hussein, chiite, Rudayna, virtuose du luth dont la famille est proche du régime, Osama, reporter idéaliste, Sarah nous embarque dans le quotidien des jeunes Damascènes, entre aspiration d’ouverture et condamnation à la fermeture. Et brosse le portrait d’un pays aux multiples couleurs, aux innombrables parfums et à la culture millénaire dont aucun
dictateur ne pourra museler l’âme romanesque.
À la fois chant d’amour, récit initiatique, mémoires et précis politique, ce tableau incarné d’une jeunesse assoiffée de révolution nous offre un aller simple pour Damas et un témoignage hors
des sentiers battus sur la guerre la plus documentée de notre nouveau siècle.


Le premier roman de la journaliste hispano-syrienne, Leïla Nachawati est des plus exigeants mais également un formidable témoignage sur les événements tragiques de Syrie. 

Habituellement, je ne suis pas attiré par les romans traitant d'une actualité récente et brûlante. J'ai besoin de rêver. Cependant, je ne sais pas ce qui m'a attiré par ce livre: peut être le fait d'en savoir un peu plus sur ce conflit syrien dont on entend parlant, de si loin. 
Je pensais alors le faire à travers un roman, plus facile pour aborder ce point qu'un livre d'actualité, me racontant les faits bruts. 

Sauf que je ne savais pas que l'auteure était journaliste. C'est alors bien plus qu'un roman qu'on lit quand on se plonge dans "Quand Damas refleurira". Le style très journalistique de l'auteure nous plonge brutalement dans le quotidien de nombreux personnages: de Mazen à Wafa, en passant par Sarah, Ossama, Walid et tant d'autres que je n'ai pas forcément retenus. Cela donne alors une cartographie humaine du conflit mais surtout du quotidien de tous ces syriens. 
Leïla Nachawati va nous raconter l'avant et l'après révolution syrienne, en nous parlant des écho des printemps arabes qu'à connu la Tunisie et l'Egypte quelques mois plus tôt en 2011. C'est passionnant et vibrant de voir tous ces personnages de papier, tellement vivants sous nos yeux, voir leur conscience s'ouvrir et la révolte gronder. On suit le quotidien de ces jeunes hommes et ces jeunes femmes qui vont vouloir vivre une vie pleine de libertés et surtout y croire. 
Alors, c'est un livre difficile à résumer, tellement il se passe de chose: les livres consacrés aux personnages de Mazen, Wafa,Osama et tant d'autres, sont constitué de paragraphes titrés plus ou moins loin qui déroule le fil de l'histoire avant la révolte mais également après et toute les conséquences, souvent tragique, qui en ont découlé. Tout ça entrecoupé par le journal de Sarah, cousine de Wafa, qui vit en Espagne et qui participe à la révolution en traduisant des vidéos ou en les diffusant sur le net pour que le monde entier soit au courant de ce qui se passe en Syrie. 

C'est également un livre exigeant que j'ai pris le temps de lire pour pouvoir tout bien comprendre. On sent, dans le style de l'auteure que celle ci est journaliste, car elle essaye de le rendre fluide, mais les multiples informations qu'elle nous communique font que cela prend du temps pour tout assimiler. Puis c'est un livre difficile dans son contexte, car on assiste à l'espoir de toute cette population en révolte, devant les révolutions des pays voisins, mais aussi aux désillusions devant la résistance du pouvoir en place. L'auteure ne nous épargne rien. On assiste aux tortures, aux meurtres des habitants, aux arrestations musclées. Je crois que la scène qui m'a le plus meurtri est celle de la décapitation par une bombe d'une petite fille. C'est brutal, brûlant, mais aussi rempli d'espoir et la fin, écrit sous forme d'avenir utopique mais que l'on voudrais voir se réaliser, nous laisse espérer un monde meilleur. 

Au final, un roman exigeant, mais passionnant sur la révolte syrienne et la vie en Syrie. Leïla Nachawati, par le prisme du roman, fort bien documenté, rend hommage à tous ces hommes et toutes ces femmes qui se sont battus et qui se battent encore contre le régime dictatoriale qui gouverne la Syrie. Un roman bouleversant pour comprendre ce qui se joue aujourd'hui, dans ce pays du Moyen Orient. Un livre essentiel qui permettra, j'espère, d'ouvrir les consciences. 

Merci aux Editions Presses de la Cité pour cette découverte. 

Leïla Nachawati: Quand Damas refleurira, (Cuando la revolucion termine), Presses de la Cité, 406 pages, 2018



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