lundi 1 août 2016

Comme un frère


4e de couverture: Dans un village isolé du Jura, un nom impose le silence lorsqu’il est prononcé : Nathan Desroches. Un colosse capable de soulever un tronc à mains nues, le seul homme à oser élever des chevaux dans cette région au climat hostile. Mais si la puissance de ce travailleur infatigable impressionne son entourage, le mur qu’il a érigé entre sa famille et le monde effraie. Dans cette immense demeure où il élève seul ses deux frères, Nathan a instauré un huis clos.
À l’un, qu’il ne laisse jamais sortir, cet homme autoritaire réserve toute sa haine. C’est Justin, le cadet, simple d’esprit, à l’origine du sinistre qui les a rendus orphelins. À l’autre, Joachim, un enfant beau et fragile, Nathan donne tout son amour. Un amour aussi inhumain que lui, immense, exclusif et exigeant…

Françoise Bourdin fait partie de ces auteurs qui ont un succès public phénoménal et dont les romans se vendent par millions. Elle a même fait partie de la liste des auteurs qui ont vendus le plus de livres, en 2013, (elle était 4e du classement, ce me semble, et c'est une des raisons de sa venue sur le plateau d'"On n'est pas couché" à l'époque, mais aussi parce qu'elle était "la moins connue" de ce classement (moins connue du microcosme parisien, entendons nous). 
Oui, Françoise Bourdin est une écrivain qui a un public nombreux et large, mais qui reste discrète dans les médias.

Comme certain(e)s, je suis souvent rebuté par ces auteurs qui plaisent au public: je trouve qu'il surfe souvent sur la même vague, racontant le même genre d'histoires et d'intrigue, et qui n'ont pas une écriture flamboyante: un style d'écriture qui en ferait des écrivains. Des raconteurs d'histoires, certes, mais écrivains, non. (j'ai lu certains de ces auteurs "bankables", comme Musso ou Levy, et ce n'est plus pour moi. J'ai besoin de beaucoup plus qu'une simple histoire, pour que ça me plaise). 

Je n'avais jamais lu de romans de Françoise Bourdin, (peut être parce qu'elle faisait partie de ces auteurs qui vendent, mais aussi pour le genre d'histoires qu'elle racontait et que je rangeais dans le genre "terroir", que j'ai beaucoup (trop)  lu quand j'étais jeune et dont je me suis lassé), mais les romans de la dame m'intriguaient tout de même (surtout que ma mère apprécie ces romans). 
C'est donc lors d'un salon du livre, il y a deux ans, que j'ai franchi le pas de l'achat avec ce petit roman Comme un frère. Quand je veux découvrir un auteur, je préfère commencer petit pour savoir si je vais aimer ou pas. (J'ai même eu la chance de pouvoir rencontrer Mme Bourdin lors de ce salon, où elle m'indiqua que le roman que j'avais choisi était plus sombre que ce qu'elle écrivait habituellement). 

Bon, ben, et alors, t'en a pensé quoi?, vous demandez-vous. 

Eh bien, tout d'abord, qu'il faut essayer avant de fermer la porte à un(e) auteur, et qu'il faut laisser les préjgés à la porte. 

Comme un frère est probablement le roman le plus intense que j'ai lu cette année. Il m'a complètement captivé. Lu, dimanche soir, dans mon lit, je me suis pris la plus belle claque littéraire de l'année, ça c'est sûr et certain. 
Françoise Bourdin est une conteuse d'histoires, ce n'est plus à prouver, mais, je peux dire, maintenant, que je l'ai lu, que c'est également une très grande écrivain. Elle sait installer une ambiance (ici,  une ambiance oppressante comme le lieu où se passe l'intrigue (un village isolé du Jura) qui va lentement, mais inexorablement nous mener à un drame). 
L'histoire de Nathan Desroches et de sa famille (ses deux frères, sa femme, sa fille et son beau-père) nous est conté (comme dans une veillée) par Sixte, le beau père de Nathan. 
Nathan, cet homme robuste qui s'occupe de ses frères, après l'incendie qui a ravagé la ferme parentale et tué leurs parents. Tout ça à cause de son frère Justin, simple d'esprit, et qui a mis, le feu. Nathan va depuis lors, le détester et donner tout son amour à son autre frère Joachim. 

C'est cet amour fraternel fusionnel entre Nathan et Joachim que Françoise Bourdin va nous raconter, dans une écriture flamboyante. Elle sait trouver les mots justes pour plonger son lecteur dans l'histoire qu'elle veut raconter. Les dialogues sonnent justes et certains vous percutent en pleine tête. Durant une centaine de pages, Françoise Bourdin met le lecteur mal à l'aise pour l'emmener vers la fin dramatique qu'elle a conçue. 

Je ressors de ce livre sonné, mais ravi. Voilà ce que je recherche dans une lecture: une histoire qui me fasse vivre des choses et qui sonne vraie et juste. C'est bien simple, l'histoire de Nathan et ses frères pourrait très bien être tiré d'un fait divers. Tout sonne juste, dans le moindre détail, même dans l'apprentissage des chevaux (le métier des deux frères). L'auteur a vécu dans ce milieu équestre et sait donc de quoi elle parle. 
Le drame est latent tout au long du roman, mais l'auteur sait ménager le suspense et les surprises pour que le lecteur, qui s'attend à une fin tragique, ne la devine pas. 

Au final, un roman intense qui m'a bouleversé, oppressé, mais surtout qui m'a fait découvrir une écrivain formidable (le style de Françoise Bourdin est la preuve qu'elle ne fait pas que raconter des histoires, elle sait les écrire et très bien même), qui sait mettre en scène une histoire et une ambiance pour nous emmener dans le monde de ses personnages. 

Lors de ma rencontre avec Françoise Bourdin, j'ai rencontré une femme fort sympathique, souriante, et qui espérait que ce roman me plaise. Eh bien, madame, ce petit roman est un coup de coeur et vous pouvez être certain que vous avez gagné un nouveau lecteur, qui va continuer à vous lire. (Cela tombe bien, 9 autres romans m'attendent dans ma PAL, grâce aux deux intégrales que je me suis offert, cette année (une troisième va les rejoindre prochainement, je pense) (comme si je pressentais que les romans de Françoise Bourdin étaient fait pour moi). 

Il y a deux ans, j'ai rencontré une femme très sympathique, qui a plaisir à parler avec ses lecteurs. Cette année, j'ai rencontré une grande écrivain. 


Françoise Bourdin: Comme un frère, Pocket, 134 pages, 1997




2 commentaires:

  1. Je n'ai pas d'à priori sur l'auteur mais n'avais jamais eu envie de la lire, ton billet me fait changer d'avis pour ce titre!

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    1. une bonne initiative. J'espère que sa plume saura te toucher autant que moi. Bonne découverte alors.

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