dimanche 13 janvier 2013

Jeux croisés

4e de couverture: On dit que ces choses-là n’arrivent qu’aux autres… Qui aurait cru Marthe, cette femme effacée, épouse tranquille, professeur irréprochable, capable d’enlever un bébé ? S’agit-il d’une succession implacable de hasards ou du surgissement en elle d’une insoupçonnable zone d’ombre ? Construit comme un thriller dont l’enjeu est tout autant la vie du bébé que le sort de sa ravisseuse, Jeux croisés est un conte bouleversant : la révélation pour une femme de sa vérité grâce à un tout petit enfant, à son mystère, à sa fragilité.

Que dire après avoir refermé ce livre? 
C'est étrange. Je n'aurai pas pensé que ce roman me toucherait autant. Ce sont les larmes silencieuses, qui ont commencé à couler sur mes joues, en lisant les dernières phrases du livre,  qui m'ont fait prendre conscience que ces trois personnes m'avaient touchés.  
Marie Sizun met en exergue cette question que tout le monde se pose devant un fait divers comme celui évoqué dans le roman: l'enlèvement d'un enfant: Aurai-je eu le même geste inconsidéré si j'avais été à la place de Marthe?  On se dit souvent que cela ne nous arrivera jamais, que ce sont souvent des personnes dérangées qui en arrivent à de telles extrémités. Sauf que Marie Sizun nous donne la preuve du contraire.
Marthe, la voleuse d'enfant, est une femme comme les autres: la quarantaine, professeur de mathématiques rangée, bien sous tout rapports. Sauf que sa vie bascule le jour où son mari la quitte pour une femme plus jeune et qu'il  lui annonce par dessus le marché qu'il va être papa. eux qui n'ont jamais eu d'enfant (d'ailleurs Marthe en avait elle envie?).
Dans le même temps, le lecteur fait la connaissance d'Alice, jeune mère de 18 ans, mis à la porte par ses parents et qui essaye de s'en sortir du mieux qu'elle peut mais qui voudrait bien que son petit Ludo ne soit pas là, pour pouvoir vivre sa vie d'adolecente. Car les bébés, c'est bien mignon quand c'est tout petit petit, mais quelques mois plus tard, quand ils commencent à plus se manifester, c'est une autre histoire.
Lors de cette soirée de vendredi, dans ce supermarché, Marthe croise le regard de Ludo, cet enfant qui pleure, abandonné, seul, dans son caddie. C'est à ce moment là que Marthe perd le contrôle et fait cette folie: elle embarque Ludo avec elle et prend la fuite, direction la mer.

De son écriture toujours aussi musicale et qui nous berce comme une vaguelette, Marie Sizun nous fait entendre la voix de ces trois personnes: Marthe, qui va retrouver un sens à sa vie au contact du petit Ludo, malgré son instant de folie, Alice, qui va vivre un véritable enfer car de victime, elle devient accusée (impensable mais pourtant si vraie!), et le petit Ludo, personne à part entière du roman, qui va se laisser guider dans ce merveilleux voyage qui lui fera voir la mer. Tous trois nous touchent de par leur parcours, leur vie disloquée. Le lecteur est touché par l'enfer que vit Alice, mais également touché par la détresse et le désir de Marthe de trouver un nouveau sens à sa vie et attendri devant ce petit bonhomme qui est le fil conducteur de ce roman et le lien entre les deux femmes: sans lui, Marthe et Alice se sentent perdues.
Ce que j'ai trouvé admirable dans ce roman, c'est la manière qu'à Marie Sizun de nous conter ces trois destins: je vous garantis qu'il vous sera impossible de mal juger le comportement de Marthe. Malgré son méfait, je n'ai pas eu envie de la condamner: j'ai compris son geste.

Marie Sizun nous a offert un roman tendre, puissant, qui nous fait réfléchir sur ces fameux gestes incompréhensibles que sont les enlèvements d'enfants. Sans condamner, elle dépeint deux destins de femmes qui se sentent noyés par la vie et qui par l'intermédiaire d'un petit bébé, remontent lentement à la surface. Un roman qui vous laissera sans voix et qui vous chavirera le coeur.

Marie Sizun: Jeux croisés, Le Livre de Poche, 249 pages, 2008



2 commentaires:

  1. je note! j'avais été tres touchée par le charme de "plage"

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