lundi 22 août 2011

Derrière le sourire, un mystère


Voici le retour de l'atelier d'écriture mis en place par Leiloona.

Voici la photo choisie par Leiloona, suivi du petit texte que j'ai composé pour l'occasion.

© Kot


Derrière le sourire, un mystère

Avec mon appareil en bandoulière, j’avais pris l’habitude d’aller flâner dans les rues le soir. Je laissais ainsi la chance faire son œuvre pour qu’elle me donne les plus beaux clichés.
Cette belle nuit d’été était idéale pour aller faire des photos. J’étais arrivé sur la Place du Maréchal Leclerc et je vis cette foule de gens qui profitait de la douce brise, attendant patiemment que le concert d’un groupe local débute.

Soudain, mon regard fut attiré par une jeune femme qui attendait seule, parmi la foule. Les bras le long du corps, elle restait immobile, le regard un peu dans le vague, comme si elle était ailleurs. Elle rêvait peut être à son pays natal, l’Irlande. A ce frère qu’elle avait perdu de vue, ce dernier étant parti en Australie: pour une histoire d’amour. Elle avait de ses nouvelles une fois tous les ans pour leur anniversaire commun. Elle aussi était parti pour ses études de lettres et était arrivée à Paris. Elle avait fait la connaissance de Juliette sur les bancs de la fac. Au fil du temps, une belle amitié était née entre elles deux, un amour pour Shakespeare les unissant.
Et ce soir, elle repensait surement à cette année écoulée.

Bien sûr, tout ceci n'est que pure fiction.
J’étais intrigué par elle. Je voulais la connaître et j’extrapolais sur sa vie, lui inventant un passé et un présent surement faux. Ma fascination pour l’Irlande, mon amour pour Shakespeare ainsi que le départ de mon jumeau pour l’Australie étaient venus se greffer dans ce roman que je me faisais sur elle. J’essayais d’imaginer sa vie et je me servais de mes souvenirs pour ça. J’étais comme hypnotisé par elle. J’ai même failli ne pas l’immortaliser sur pellicule.

C’est son sourire qui m’intriguait. Le regard perdu dans le vague, elle souriait à je ne sais quoi. J’ai alors levé mon appareil photo et j’ai appuyé sur le déclencheur.
Puis son regard s’est éclairé et son sourire s’est élargi. Elle regardait droit devant elle. Puis elle partit. Je l’ai suivi du regard et je l’ai vu rejoindre un jeune homme blond, dans les trente ans. Il la prit dans ses bras et l’embrassa tendrement sur les lèvres.
Les musiciens sont arrivés. Le couple s’est alors tourné vers la scène et a profité du spectacle.

J’ai passé la soirée à prendre des photos: des musiciens qui se défoulaient sur scène, prenant un plaisir fou à donner le meilleur d’eux même, se prenant déjà pour des stars; des visages inconnus de gens qui assistaient au concert.
Sauf que j’avais quelquefois les yeux rivés sur mon inconnue au sourire mystérieux. Je l’ai vu se blottir dans les bras de son ami, entendu son rire cristallin quand ce dernier lui glissa quelques mots à l’oreille. Puis, son regard s’est tourné dans ma direction et j’ai eu l’impression qu‘elle me regardait. Mais ce n’est qu’une bête illusion de ma part: elle ne me voyait pas, son regard se perdait encore une fois dans le vague, comme prise par une absence.

La soirée s’est terminée. Les musiciens ont rangé leur matériel, la foule s’est dispersée, chacun reprenant le chemin vers sa vie. J’en ai fait de même. Pourtant, avant de quitter la place, j’ai voulu revoir une dernière fois, mon inconnue au mystérieux sourire. J’avais beau regarder autour de moi, elle avait disparue, comme si je l’avais rêvé.

Quelques jours plus tard, quand j’ai développé les photos, j’ai retrouvé le sourire de cette jeune femme et son mystère m’a paru encore plus grand. Je n’arrêtais pas de la contempler. A force de la fixer, j‘arriverai peut être à lire dans ses pensées et à percer son mystère.
La sonnerie du téléphone m’a surpris dans ma rêverie. Je suis sorti pour aller répondre, laissant derrière moi la jeune femme au sourire mystérieux.

-Salut petit frère. Alors comment ça va au pays des kangourous?




2 commentaires:

  1. Tout y est... le rêve, le bonheur de cette jeune femme, l'explication du pourquoi de cette photo et cette fin qui tombe à pic

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  2. @32 octobre: Merci! Car ce n'était pas gagné: l'inspiration m'est venu dimanche matin. Donc ça fait plaisir.

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