jeudi 19 avril 2012

New York entre ciel et terre


4e de couverture:New York, 1916. Des terrassiers creusent les tunnels du métro sous l'East River. Des noirs, comme Nathan Walker, venu de sa Géorgie natale, des Italiens, des Polonais, des Irlandais... Pendant les dures heures de labeur dans les entrailles de la terre, une solidarité totale règne entre eux. Mais, à la surface, chacun garde ses distances, jusqu'au jour ou un accident spectaculaire établit entre Walker et un de ses compagnons blancs un lien qui va sceller le destin de leurs descendants sur trois générations.

Manhattan, 1991. Sous le bourdonnement trépidant de la ville, un certain Treefrog, qu'un secret honteux a réduit à vivre dans ces mêmes tunnels, endure les rigueurs d'un hiver terrible, aux côtés d'autres déshérités réfugiés dans ce monde obscur.
(Résumé pris sur le site des Editions Belfond)

Je n’imaginais pas que la plume de Colum McCann m'avait autant manqué. Il a fallu que je me plonge dans ce roman pour découvrir comme cette écriture particulière mais tellement belle me plaisait toujours autant.
Après cette lecture, je me suis aperçu également que j’avais débuté ma découverte de cet auteur avec son roman le plus difficile a abordé au niveau du style: "Danseur". Je me suis alors fait la réflexion que ayant passé cette étape du style et de l'univers particulier, je pouvais tout lire de McCann avec plaisir.

Pourtant, les histoires que nous raconte McCann ne sont pas gaies. Mais il rend cette pauvreté, et ces malheurs d'une manière si poétique et vraie qu'on est en empathie avec les personnages. J'ai été ému devant Treefrog, ce SDF qui a élu domicile dans les tunnels de la ville de New York. Ces tunnels que des ouvriers ont creusés au début du XXe siècle: Nathan, Rhubarbe, Con et Sean, quatre amis qui un jour de 1916, vont vivre un accident qui coutera la vie à l'un d'entre eux.
Colum McCann nous fait traverser l'histoire de deux personnages à deux époques différentes. On suivra Nathan de 1916 jusque dans les années 80, entre amours, racisme, pauvreté où le bonheur et le malheur se passe la balle de leur destin.

En débutant ce roman, j'ai bien vu que deux époques et deux destins nous étaient racontés:celui de Treefrog en 1991 et celui de Nathan Walker, terrassier qui creuse les tunnels de la ville, tunnels qui accueilleront les futurs métros de New York. Dès le départ, j'ai tout de suite pensé que ces deux destins étaient liés. Ai je eu raison dans ce raisonnement? : je vous le laisse découvrir par vous même.

Par ce roman Colum McCann rend un hommage vibrant à ces new-yorkais de l'ombre: les SDF qui se sont installés dans les tunnels du métro, avec la compagnie des rats, de la saleté. Je peux vous dire que quelquefois, il faut avoir le coeur bien accroché car Colum McCann a le don de nous immerger dans ces tunnels avec eux, donnant la parole a ces SDF, parole qu'ils n'ont peut être pas souvent. Alors, c'est vrai Colum McCann nous donne cette vision brut, sans rien édulcorer: on est pas au pays des bisounours où tout est beau et où les SDF retrouvent une belle vie à la fin. C'est dur, âpre, violent parfois mais cela sonne tellement vrai qu'on s'y croirait. Les SDF ne sont pas les seuls a qui McCann rend un hommage: ils nous parlent aussi des terrassiers qui ont risqué leur vie pour permettre aux gens de circuler sous la ville. Puis, il y a également ces bâtisseurs du ciel, qui en haut des poutrelles à plus de 7 mètres du sol construisent ces building qui donneront son identités propre à cette magnifique ville qu'est New York.

En racontant les destins de ces new-yorkais de l'ombre, l'auteur rend un hommage à ceux qui ont fait de New York ce qu'elle est. Par l'intermédiaire de ces personnages, Colum McCann rend un bel hommage à cette ville où il s'est installé il y a plus de vingt ans.

Avec ce troisième roman (bien différent des deux premiers que j'ai lu, "Le chant du Coyote" et "Danseur": c'est ce que j'aime chez un auteur; tout en gardant sa patte, il s'aventure dans des histoires et des univers différents), je m'aperçois que Colum McCann est un des auteurs qui ne me décevra jamais. Certes, il est assez difficile d'entrer dans son style (pour cela, il me fait penser à Joyce Carol Oates qui a également un style très particulier) mais une fois cette barrière franchie, il nous emmène dans des univers nouveaux et fabuleux qui ne laissent pas indifférent. Par ses écrits, Colum McCann m'interpelle et me fait chavirer le coeur. Il rentre dans mon panthéon des grands auteurs.

Si vous n'avez jamais lu un livre de cet auteur, vous passez à côté d'émotions fortes qui vous chamboulent à jamais. Treefrog, Nathan, Angela, Eleanor, Rhubarbe, et même Con, personnages des "saison de la nuit", resteront longtemps avec moi.

Colum McCann est un auteur à découvrir et à lire. Pour débuter la découverte, je vous recommande de commencer par Le Chant du Coyote ou "les saisons de la nuit" . Colum McCann a écrit deux recueils de nouvelles: "Ailleurs, en ce pays" et "La rivière de l'exil". Parfois de courtes histoires sont plus facile à lire pour aborder un nouvel auteur, surtout si cet auteur a un style très particulier comme celui de McCann.
Pour les plus téméraires, vous pouvez même débuter par Danseur, qui est probablement son roman le plus complexe au niveau stylistique, mais avec un destin tellement exceptionnel. Pour moi, cela a fonctionné et j'aborde ces autres romans, plus facile d'accès, avec beaucoup moins d'appréhension.
Pour finir, je vous dirai que Colum McCann fait parti de ces auteurs qui ne laissent pas indifférent: soit on aime, soit on déteste. Et quand on aime cette écriture, on découvre des romans forts, beaux, touchants. On vibre avec des personnages ordinaires aux destins souvent extraordinaires.

En conclusion (car il serait temps que j'arrête de faire l'éloge de ce formidable auteur irlandais qu'est McCann), voilà un roman fort, vibrant, touchant, qui nous raconte l'histoire de New York par l’intermédiaire de ses habitants de l'ombre et ses travailleurs qui ont fait d'elle, l'une des plus belles et vivantes villes du monde.

Colum McCann: Les saisons de la nuit (The Side of Brightness), 10/18, 322 pages, 1998



3e roman (pour cette 2e année) qui entre dans le cadre du challenge New York mis en place par Emily

2 commentaires:

  1. J'ai arrêté la lecture de ce livre tellement le style m'insupportait...

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  2. @Ys: T'es sûr que c'est ce livre là que tu as abandonné et pas son dernier roman "Et que le vaste monde poursuive sa course folle". Ce roman est très différent et le style, certes particulier, est quand même plus facile d'accès que dans "Danseur" (je ne peux pas dire pour son dernier roman car je ne l'ai pas encore lu). Après, je me demande si ce style qui insupporte souvent les lecteurs ne vient pas du traducteur. Colum McCann a eu au moins quatre traducteurs différents pour ces romans. D'ailleurs, pour ces premiers livres ce sont trois traductrices différentes (Renée Kerisit pour "Le Chant du Coyote", Marie-Claude Peugeot" pour "les Saisons de la nuit" et Michelle Herpe-Volinsky" pour "La rivière de l'exil" et "Ailleurs en ce pays") qui ont traduit ses romans.
    C'est à partir de "Danseur" que Jean-Luc Piningre est devenu le traducteur des romans de Colum McCann (il a traduit "Danseur", "Zoli" et "Et que le vaste monde poursuive sa course folle"). Et c'est apparemment à partir de ce moment là que le style de l'auteur est devenu plus difficile d'accès. Car je le répète, même si son style est particulier, ses premiers romans sont plus facile d'accès au niveau du style. Alors, une question se pose: on sait tous qu'un traducteur ne traduit pas un roman mot à mot mais insuffle son propre ressenti d'un roman. Il y met en quelque sorte sa patte. Ainsi donc, est ce que ce n'est pas la traduction de Jean-Luc Piningre qui rend les romans de McCann difficile d'accès?
    Malheureusement, je ne peux pas répondre à cette question, ne lisant pas dans la langue de Shakespeare. Mais la question reste posée.

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