dimanche 20 février 2011

Le sculpteur et l'écrivain: une passion fraternelle


Résumé: Fièvre, passion, génie. C'est sous les signes de feu de la création et de la destruction qu'ont vécu les Claudel soeur et frère: Camille le sculpteur, Paul le poète. Cette biographie raconte pour la première fois leurs rapports fusionnels. Deux tempéraments exaltés mais sensibles jusqu'à l'extrême fragilité. Camille, intransigeante, affronte les incertitudes de l'art et de la vie de bohème ; Paul trompe son mal de vivre dans le voyage et l'exotisme, en Chine, au Brésil, au Japon. Ces destins qu'on pouvait croire séparés se sont nourris l'un de l'autre. La soeur et le frère vont connaître les mêmes pas­sions funestes. Paul tombe amoureux de Rosalie Vetch, une femme mariée qui l'abandonnera; Camille subit l'envoûtement de Rodin jusqu'à la folie. Drame de la famille. Lourdeurs et conven­tions alliées contre les exigences du coeur. Dominique Bona retrace les épisodes de leurs vies tourmentées. Elle révèle les liens profonds de ces deux artistes lumineux et déchirés : unis, au-delà de l'adversité, par une fraternité indestructible.


Mon avis: La biographie n'est pas un genre qui m'attire habituellement, j'ai peur de trouver ça un peu pompeux et ennuyeux. Ce qui m'a décidé de lire cette biographie de Camille et Paul Claudel, c'est l'auteur, Dominique Bona. J'avais lu un roman de cette auteure: Le manuscrit de Port Ebène et j'avais envie de lire un autre livre d'elle. J'ai trouvé cette biographie sur les Claudel d'occasion et le sujet m'a intéressé; je me suis dit pourquoi pas.
Et je ne le regrette aucunement. Dominique Bona réussit le tour de force de nous raconter la vie de ces deux artistes comme un roman. Captivant. La vie de ces deux artistes est rempli de passion et de douleur. Camille (celle que je connaissais le mieux. C'est drôle d'ailleurs car elle a longtemps été dans l'oubli par rapport à son frère. Mais le film et les différentes expositions sur ces œuvres ont fait que le public la connait) est celle dont l'histoire m'a le plus touché: sa rencontre puis sa liaison avec Rodin est ce qui va déclencher sa folie et faire de sa vie un enfer. Elle va être atteinte de paranoïa de persécution par la "faute" de Rodin, qu'elle va croire derrière tous ses maux. Et elle finira seule dans un asile d'aliénés qu'elle fréquentera 30 ans de sa vie sans pratiquement aucune visite sauf celles de Paul, qui seront épisodiques. J'ai souffert de son isolement: j'ai détesté sa mère qui ne l'a pratiquement jamais aimée et comprise, ne voulant pas la voir. Vers la fin de sa vie, Camille ne voudra qu'une seule chose: rentrer chez elle, à Villeneuve, le petit village où elle a grandit: ni sa mère, ni sa soeur n'accepterons sa demande. Madame Claudel ira jusqu'à interdire les visites à sa fille et les correspondances, après un scandale provoqué par des cousins de Camille qui n'acceptaient pas son enfermement chez les fous et l'ont fait savoir publiquement. Pour tout vous dire, j'en ai pleuré de la voir aussi abandonnée et sa dernière lettre à son frère signée, "ta sœur en exil" a été un déchirement.
Paul a également connu une passion amoureuse avec une femme mariée qui va le laisser anéanti. Mais c'est la religion qui va le sauver de la folie. Avec Paul Claudel, j'ai voyagé de la Chine au Brésil en passant par les Etats Unis et l'Allemagne. Car Paul, avant d'être écrivain est Consul et voyage donc beaucoup de par son métier. Même si j'ai aimé découvrir la vie de cet homme, elle m'a moins touchée que celle de Camille. Son histoire est intéressante mais l'émotion ressenti n'est pas la même. Peut être un peu trop de religion dans cette vie là.
L'auteur à réussi à concilier les deux vies de ce frère et de cette sœur, leur donnant à chacun une part égale dans le livre. Elle nous parle aussi de leur relation très forte malgré les années qui les séparent, Camille étant l'ainée et Paul le benjamin (entre Camille et Paul, il y a une sœur Louise, la préférée de leur mère: c'est surement ce qui les rapprochent: le désamour de leur mère à leur égard). Paul a toujours été là pour Camille. Sauf qu'il ne fera rien pour la sortir de l'asile et j'ai pris ça pour un abandon. Lui, pourtant qui n'aimait pas Rodin, réagissant comme un mari jaloux quand sa soeur rencontre Rodin et délaisse son frère. Il ira même jusqu'à dire que si sa soeur est devenue folle, la faute en revient à Rodin.

En conclusion, j'ai aimé en savoir plus sur la vie de Camille Claudel et j'ai aimé découvrir la vie de son frère. C'est très bizarre car, pendant longtemps Paul Claudel était plus connu que sa sœur. De par son isolement, Camille, la statuaire était tombé dans l'oubli. Il a fallu attendre les années 80 pour qu'elle revienne sur le devant de la scène. Isabelle Adjani n'est pas étrangère à ce fait. Elle interprète Camille avec une telle force, une telle passion qu'on est envoutée par elle. Pour beaucoup de gens, Camille Claudel aura les traits d'Isabelle Adjani (qui par deux fois interprètera des femmes dont le destin tragique et la folie sont les dénominateurs communs: Camille Claudel et Adèle H., la fille de Victor Hugo).D'ailleurs, Dominique Bona le dit très bien à la fin du livre, "Claudel, ce nom glorieux, a enfin deux visages.": celui de Paul, l'écrivain, connu de tous et Camille, le sculpteur dont le génie et les sculptures sont enfin reconnus.

Dominique Bona: Camille et Paul: la passion Claudel, Le Livre de Poche, 437 pages, 2006

1 commentaire:

  1. Un billet qui me rappelle ces deux films '"Camille Claudel" et "L'histoire d'Adèle H." qui m'avaient tous deux, si profondément peinée...

    Cette fin de vie, trente ans dans un asile, c'est abominable! Le genre de faits qui me laisse sans voix, infiniment triste. Je ne sais donc si je pourrais me plonger dans ce livre.

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