vendredi 16 avril 2021

1984

 

Résumé: De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d'en face. Big Brother vous regarde, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée.


Le risque avant de commencer à lire un classique de la littérature, c'est qu'on a l'impression de connaître déjà l'histoire avant de le commencer...et de se rendre compte qu'on était à côté de la plaque. 

C'est ce que j'ai pensé en commençant 1984 d'Orwell. J'étais persuadé de savoir vers quoi le roman allait se diriger...puis, j'ai débuté ma lecture, et je me suis aperçu que le roman n'était pas du tout ce à quoi je m'imaginais. 

Alors, je n'ai pas l'habitude de lire de la Science-Fiction. C'est donc toujours difficile pour moi d'entrer dans ce genre de roman. C'est bien simple, il m'a fallu la première partie du livre, plus d'une centaine de pages pour pouvoir entrer dans le roman. En même temps, George Orwell, dans cette première partie, nous décrit le monde futuriste dans lequel vit ses personnages, avec ses lois, ses qualités et ses défauts, avant d'entrer dans le vif du sujet. Et c'est avec la 2e partie que l'histoire s'enclenche réellement. 

Je dois dire que j'ai "apprécier"(oui, le mot est entre parenthèse car on ne peut pas dire que ce que j'ai lu soit réjouissant tout de même) la découverte de ce classique de la science fiction, qui, malgré qu'il ai été écrit, il y a plus de 70 ans, sonne toujours très actuel...et c'est ça qui est effrayant. De se dire qu'Orwell nous avait prévenu de ce que le monde pourrait devenir si l'on ne faisait rien et que malgré cela, on s'y dirige encore plus. Comme si l'homme n'apprenait jamais de ces erreurs et effaçait le passé de sa propre mémoire comme dans le roman. 

1984 est un roman complexe à appréhender. Il faut prendre le temps de s'immerger dedans pour essayer de tout comprendre. C'est un roman très contemplatif et explicatif, qui peut paraitre très hermétique, mais qui, pour un esprit curieux peut être fabuleux dans le génie de son auteur. Imaginez un monde totalitaire, qui trouve encore une résonnance actuelle de nos jours. Seuls les auteurs de science-fiction sont capables de cela. Ce sont des visionnaires, qui, en analysant leur propre monde, nous parle du futur de l'humanité...dans ce qu'elle a de plus sombre. 

Je dois dire que c'est le retournement de la fin de la 2e partie, qui m'a fait dévorer la 3e et dernière partie. Les cartes de l'espoir sont rebattues et la fin est glaçante pour le héros Winston. Mais surtout, il y aura une scène de la fin du livre qui me glacera pour longtemps...tout ce que je peux en dire c'est qu'elle concerne des rongeurs que je déteste. 

Ce qui déroute à la lecture de 1984, c'est la date à laquelle se déroule l'action. L'année 1984 (le futur pour Orwell qui écrivit ce roman en 1948) est passée depuis longtemps pour nous qui vivons en 2021, et cependant, à la lecture, on s'aperçoit que le monde décrit est un monde futuriste qui n'existe pas encore. C'est très déstabilisant. Il faut alors faire abstraction du titre du livre pour que l'histoire qu'on lise ne paraisse pas anachronique. 

Pour finir, j'aimerai parler de la traduction. Pour ma part, j'ai lu celle d'Amélie Audiberti, qui date de 1950. Alors, même si des tournures de phrases m'ont paru d'un autre temps, cela ne m'a pas gênée. Après, je peux comprendre qu'on veuille réactualiser une traduction qui peut paraître désuète. Ce qui fut fait pour les 70 ans du livre. Mais, alors, là où je comprends cette initiative, j'ai du mal à comprendre l'intérêt de retraduire le roman deux ans plus tard par un autre traducteur, et avec un titre remanié (en effet, le titre est maintenant écrit en toutes lettres et plus en chiffres). Je trouve que c'est un manque de respect pour les traducteurs précédents (comme une façon de dire, "votre travail n'est pas bien, moi je vais faire mieux") et le changement de titre est tout simplement ridicule (même si il colle au titre original). Comme une façon de se démarquer des autres. Tout bonnement pathétique. 

Ce qui n'enlève en rien au fait que ce classique est à découvrir et qu'il résonne encore en nous comme un livre très actuel...et c'est ça qui fait peur. 


George Orwell, 1984, (Nineteen Eighty Four), Folio, 439 pages, 1950




What do you want to do ?
New mail

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire