Quatre-vingt-quinze ans plus tard, ce qui n'était à l'époque qu'une farce absurde et grinçante apparaît comme une terrifiante prophétie...
Sous-titrée au moment de sa parution « Roman d'après-demain », une véritable curiosité Vintage malheureusement toujours d'actualité.
De l'université à la rue Bellaria, une véritable muraille humaine cernait le splendide et serein bâtiment où siégeait le Parlement. En cette matinée de juin, tout Vienne semblait s'être donné rendez-vous, à dix heures, là où allait se jouer un événement historique d'une portée imprévisible. Bourgeois et ouvriers, dames et femmes du peuple, adolescents et vieillards, jeunes filles, petits enfants, malades dans leurs fauteuils roulants, surgissaient pêle-mêle, criaient, discutaillaient politique et suaient abondamment. À tout moment, un nouvel exalté se mettait à haranguer la foule et sans cesse on entendait retentir le même slogan :
« Dehors les Juifs ! »
Sous-titrée au moment de sa parution « Roman d'après-demain », une véritable curiosité Vintage malheureusement toujours d'actualité.
De l'université à la rue Bellaria, une véritable muraille humaine cernait le splendide et serein bâtiment où siégeait le Parlement. En cette matinée de juin, tout Vienne semblait s'être donné rendez-vous, à dix heures, là où allait se jouer un événement historique d'une portée imprévisible. Bourgeois et ouvriers, dames et femmes du peuple, adolescents et vieillards, jeunes filles, petits enfants, malades dans leurs fauteuils roulants, surgissaient pêle-mêle, criaient, discutaillaient politique et suaient abondamment. À tout moment, un nouvel exalté se mettait à haranguer la foule et sans cesse on entendait retentir le même slogan :
« Dehors les Juifs ! »
Les Editions Belfond continuent de ressortir de l'oubli des romans indispensables.
3 ans et demi après la republication du roman d'Irmgard Keun: Après Minuit, c'est au tour d'un roman d'Hugo Bettauer de ressortir de la malle aux trésors littéraires, avec un roman traitant de l'antisémitisme.
Publié en 1922, ce pamphlet contre l'antisémitisme, imaginé comme une farce à l'époque, va se révéler être l'une des plus cruelle prophétie qui soit.
L'auteur imagine que le Chancelier de la ville de Vienne, le Dr Schwertfeger, va promulguer une loi anti-juifs, qui consiste a mettre les juifs dehors afin que les chrétiens et les bons aryens reprennent l'économie en main. Pour lui, les Juifs sont bien supérieurs et font tourner la ville. En les chassant, il espère redonner du travail aux bons aryens, ainsi l'économie renaîtra.
Ainsi, progressivement, tous les juifs sont envoyés partout dans le monde, en France, en Espagne, en Allemagne, aux Etats Unis, via des trains de plus en plus nombreux, sous les harangues de la foule. La vie à Vienne reprend son cours, l'économie remonte, tout va pour le mieux, mais cela ne dure pas et les habitants de Vienne, en premier lieu les commerçants ,se rendent compte que ce sont les Juifs qui achetaient le plus et au prix for et ils regrettent leurs départs.
Heureusement grâce à un peintre juif, Léo Strakosch,qui, après être parti à Paris, revient à Vienne sous l'identité de Henry Dufresne, un richissime peintre français, va, par amour pour Lotte, faire bouger les choses et changer l'opinion des gens.
Alors, ce n'est pas pour le côté littéraire que ce livre à une importance: le style est simple et n'a pas une grande valeur littéraire, mais la force du livre, c'est son sujet: Hugo Bettauer a démontrer, par le procédé de la farce,ce que serait le monde sans les juifs, sauf qu'ils les montre comme les sauveurs de la ville, puisque ce sont eux qui font tourner l'économie.
Sauf qu'il ne savait pas, en écrivant ce livre, dans les années 20, ce qui allait se passer une décennie plus tard. Au regard de l'Histoire, quand on lit ce livre aujourd'hui, des images deviennent saisissante d'effroi (les trains,qui emmènent les juifs dans les autres villes d'Europe, font cruellement penser aux trains qui emmenaient les juifs à la mort dans les camps de concentration).Ou bien cette phrase terrible qui va faire démentir l'auteur, quelques années plus tard ("Croyez-vous que les Allemands sont aussi crétins que nous et vont flanquer leurs juifs dehors?"), comme le souligne Olivier Guez dans sa préface. (Préface que je vous conseille de lire après la lecture du roman car son auteur dévoile toute l'histoire du livre).
Sous couvert d'une histoire teinté d'humour, avec une histoire d'amour (celle de Léo, peintre juif et Lotte, fille d'un ministre autrichien) et un happy end, ce "roman d'après-demain", comme il fut qualifié en son temps, est un portrait saisissant de l'antisémitisme dans les années 20, mais qui, 95 ans après, fait écho à notre époque.
Au final, un roman, qui malgré un début un peu déconcertant pour moi,ne se lâche pas avant la fin. Un roman indispensable qui nous parle de l'antismétisme. Sauf que l'auteur,assassiné en 1925, par un militant nazi, ne pouvait pas s'imaginer que sa farce allait rejoindre la plus horrible des réalités près de 20 ans plus tard.
Merci aux Editions Belfond pour cette découverte déconcertante.
Hugo Bettauer: La ville sans juifs, (Die Stadt ohne Juden), Belfond, (Collection Belfond [Vintage],187 pages, 1980 (pour l'édition originale), 1983 (pour la traduction française), 2017 (pour la présente édition)
Publié en 1922, ce pamphlet contre l'antisémitisme, imaginé comme une farce à l'époque, va se révéler être l'une des plus cruelle prophétie qui soit.
L'auteur imagine que le Chancelier de la ville de Vienne, le Dr Schwertfeger, va promulguer une loi anti-juifs, qui consiste a mettre les juifs dehors afin que les chrétiens et les bons aryens reprennent l'économie en main. Pour lui, les Juifs sont bien supérieurs et font tourner la ville. En les chassant, il espère redonner du travail aux bons aryens, ainsi l'économie renaîtra.
Ainsi, progressivement, tous les juifs sont envoyés partout dans le monde, en France, en Espagne, en Allemagne, aux Etats Unis, via des trains de plus en plus nombreux, sous les harangues de la foule. La vie à Vienne reprend son cours, l'économie remonte, tout va pour le mieux, mais cela ne dure pas et les habitants de Vienne, en premier lieu les commerçants ,se rendent compte que ce sont les Juifs qui achetaient le plus et au prix for et ils regrettent leurs départs.
Heureusement grâce à un peintre juif, Léo Strakosch,qui, après être parti à Paris, revient à Vienne sous l'identité de Henry Dufresne, un richissime peintre français, va, par amour pour Lotte, faire bouger les choses et changer l'opinion des gens.
Alors, ce n'est pas pour le côté littéraire que ce livre à une importance: le style est simple et n'a pas une grande valeur littéraire, mais la force du livre, c'est son sujet: Hugo Bettauer a démontrer, par le procédé de la farce,ce que serait le monde sans les juifs, sauf qu'ils les montre comme les sauveurs de la ville, puisque ce sont eux qui font tourner l'économie.
Sauf qu'il ne savait pas, en écrivant ce livre, dans les années 20, ce qui allait se passer une décennie plus tard. Au regard de l'Histoire, quand on lit ce livre aujourd'hui, des images deviennent saisissante d'effroi (les trains,qui emmènent les juifs dans les autres villes d'Europe, font cruellement penser aux trains qui emmenaient les juifs à la mort dans les camps de concentration).Ou bien cette phrase terrible qui va faire démentir l'auteur, quelques années plus tard ("Croyez-vous que les Allemands sont aussi crétins que nous et vont flanquer leurs juifs dehors?"), comme le souligne Olivier Guez dans sa préface. (Préface que je vous conseille de lire après la lecture du roman car son auteur dévoile toute l'histoire du livre).
Sous couvert d'une histoire teinté d'humour, avec une histoire d'amour (celle de Léo, peintre juif et Lotte, fille d'un ministre autrichien) et un happy end, ce "roman d'après-demain", comme il fut qualifié en son temps, est un portrait saisissant de l'antisémitisme dans les années 20, mais qui, 95 ans après, fait écho à notre époque.
Au final, un roman, qui malgré un début un peu déconcertant pour moi,ne se lâche pas avant la fin. Un roman indispensable qui nous parle de l'antismétisme. Sauf que l'auteur,assassiné en 1925, par un militant nazi, ne pouvait pas s'imaginer que sa farce allait rejoindre la plus horrible des réalités près de 20 ans plus tard.
Merci aux Editions Belfond pour cette découverte déconcertante.
Hugo Bettauer: La ville sans juifs, (Die Stadt ohne Juden), Belfond, (Collection Belfond [Vintage],187 pages, 1980 (pour l'édition originale), 1983 (pour la traduction française), 2017 (pour la présente édition)
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