lundi 21 août 2017

Rentrée Littéraire #3: Le sympathisant

4e de couverture: À la fois fresque épique, reconstitution historique et oeuvre politique, un premier roman à l'ampleur exceptionnelle, qui nous mène du Saigon de 1975 en plein chaos au Los Angeles des années 1980. Saisissant de réalisme et souvent profondément drôle, porté par une prose électrique, un véritable chef-d'oeuvre psychologique. La révélation littéraire de l'année.
Je suis un espion, une taupe, un agent secret, un homme au visage double.

Ainsi commence l'hallucinante confession de cet homme qui ne dit jamais son nom. Un homme sans racines, bâtard né en Indochine coloniale d'un père français et d'une mère vietnamienne, élevé à Saigon mais parti faire ses études aux États-Unis. Un capitaine au service d'un général de l'armée du Sud Vietnam, un aide de camp précieux et réputé d'une loyauté à toute épreuve.
Et, en secret, un agent double au service des communistes. Un homme déchiré, en lutte pour ne pas dévoiler sa véritable identité, au prix de décisions aux conséquences dramatiques. Un homme en exil dans un petit Vietnam reconstitué sous le soleil de L.A., qui transmet des informations brûlantes dans des lettres codées à ses camarades restés au pays. Un homme seul, que même l'amour d'une femme ne saurait détourner de son idéal politique...

SYMPATHISANT n. m. : personne qui approuve les idées et les actions d'un parti sans y adhérer.

Le premier roman de Viet Thanh Nguyen est un livre coup de poing qui va complètement vous surprendre. 

Dès les premières phrases, j'ai senti que ce roman n'allait pas être si simple à lire et qu'il allait me falloir du temps pour en faire la lecture et pour digérer ce que j'étais en train de découvrir. 
Le lecteur assiste à la confession d'un vietnamien qui a fuit son pays après la chute de Saïgon aux mains des communistes pour les Etats Unis . Le narrateur de cette histoire (qui n'aura jamais de nom) est un capitaine au service d'un général. On apprend par la suite qu'il est un bâtard né d'une vietnamienne et d'un prêtre français qui ne l'a jamais reconnu. Dès sa naissance, il se retrouve donc pris entre deux feux, deux cultures, et cela continue puisque travaillant pour un général qui combat les communistes qui ont envahi son pays, le narrateur est également une taupe au service des communistes à qui il donne des renseignements.
Ce roman aborde donc plusieurs thèmes: la double culture de par la naissance (ici franco-vietnamienne), le conflit entre l'Occident et l'Orient, la Guerre Froide également, qui sévit entre les Etats Unis et la Russie, et dont le Vietnam est un enjeu (le roman débute bien après la guerre du Vietnam que les américains ont perdu) comme beaucoup de pays d'Orient. Il parle également d'espionnage et de comment une taupe fait pour rester en vie et ne pas se faire démasquer. Ce roman évoque aussi la torture qui nous donnera des moments de lecture très difficiles à supporter émotionnellement. 

Ce roman est très intéressant de par les thèmes qu'il aborde et dont je parle plus haut, mais il n'est pas facile à aborder et il faut s'accrocher pour pouvoir y entrer. Le style de l'auteur est un style exigeant, qui ,même s'il nous embarque dès les premières pages, nous perd aussi avec une forme très inhabituelle pour un lecteur comme moi. En fait, l'auteur a décidé d'inclure les dialogues dans la narration. Déjà que celle ci se fait à la première personne du singulier puisque c'est le narrateur qui se confesse, si en plus, les dialogues ne sont pas lisible de suite (comme c'est le cas dans la plupart des romans par des tirets et des retours à la ligne), la lecture devient difficile et on est vite perdu, ne sachant plus qui parle. Enfin, les premiers temps. Après une centaine de pages, l'esprit à vite fait de faire le raisonnement et s'habitue avec ce genre de narration. 
Tout cela pour dire que nous sommes face à un roman foisonnant, et exigeant, mais qui a un intérêt historique important. Il nous parle du Vietnam et des conséquences des guerres que ce pays vécu après 1945 (entre le conflit ifranco-indochinois et la guerre entre les vietcongs et les américains), mais aussi de l'intégration des vietnamiens aux Etats Unis, avec l'arrivée du général, et de ses soldats fuyant leur pays avec femmes et enfants, et se recréant un petit Vietnam à Los Angeles. Et de bien d'autres choses encore que je vous laisse découvrir. 

Un retournement de situation arrive vers les cinquante dernières pages et nous laisse pantois et angoissé devant la situation du narrateur. C'est impressionnant et admirable, même si cette partie là est un peu insoutenable. 

Au final, un roman exigeant (que Clément Baude à très bien traduit malgré un style complexe) dans lequel il vous sera peut être difficile d'entrer. Mais si vous y arrivez, vous vous trouverez en face d'une histoire forte et bouleversante de vérité: un témoignage sur le Vietnam après le conflit americano-vietnamien qui ne peut pas vous laisser indifférent.

Merci à Diane et aux Editions Belfond  pour cette découverte.

Viet Thanh Nguyen: Le sympathisant, (The Sympathizer), Belfond, 487 pages, 2017




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