dimanche 13 mai 2012

Hudson River

4e de couverture: A Salthill-on-Hudson, on cultive les orchidées et on roule en voiture de luxe. On est beau, on est riche et on vit comme suspendu hors du temps. Mais quand Adam Berendt, le sculpteur aimé de la commune, trouve la mort dans un accident de bateau, c'est tout ce petit monde idyllique qui est précipité dans le chaos. La disparition de cet homme charismatique délie les langues et déchaîne les passions. Une même question obsédante taraude la ville entière : qui était vraiment Adam Berendt ? Dès lors, un manège de personnages et de destins se met à tourner à folle allure, entraînant le lecteur au coeur des pensées les plus intimes des protagonistes. Bâti comme une enquête à plusieurs voix, ce roman, sous prétexte de reconstruire l'histoire d'un homme insaisissable, révèle les désirs et les fantasmes d'individus rongés par le désoeuvrement.Avec Hudson River, Joyce Carol Oates réussit une farce sociale brillamment composée, une comédie noire doublée d'une ronde sociale vertigineuse, une variation magistrale sur le thème de l'apparence et de la vérité. 

Joyce Carol Oates est une auteur difficile d'accès, ce n'est pas nouveau. Si je le répète encore une fois, c'est justement pour vous faire comprendre pourquoi j'ai mis près de 15 jours pour lire ce roman. Ne croyez pas qu'il ne m'a pas plu: si je l'ai fait trainer, c'est qu'un livre de Miss Oates se lit lentement. Il y a toujours un temps plus ou moins long pour se réhabituer au style de l'auteur.
La particularité de ce roman, c'est son postulat de départ: la mort d'Adam Berendt, sculpteur renommé d'une petite ville du New Jersey. C'est à partir de la mort de ce personnage que la trame des histoires du roman se tissent. Le lecteur va alors suivre cinq personnages proches du défunt et voir les conséquences de cette disparition sur les habitants de Salthill-on-Hudson.
Ces cinq histoires n'ont pas eu le même impact sur moi: celle de Marina, meilleure amie d'Adam, m'a plu du début à la fin: elle va partir en exil dans une maison qu'Adam lui a léguée; celle de Camille Hoffman était ma préférée mais son développement dans les deux dernières parties ne m'ont pas totalement convaincu; celle d'Abigail des Prés commençait bien et son développement a tenu la route jusqu'au point d'orgue final. Celle de Roger est très liée à celle de Marina: je ne pensais vraiment pas que ces deux personnages étaient fait pour s'entendre: l'auteur m'a contredit et c'est tant mieux. La dernière histore sur Augusta est la plus courte mais également ma préférée car c'est elle qui va réellement nous dévoiler qui était Adam Berendt.
Car oui, même si Adam Berendt meurt dans les premières pages du roman, sa présence est très forte et traverse le roman du début à la fin .

C'est un roman fort sur le deuil. L'auteur nous montre le parcours de cinq personnages qui vont voir leur vie chambouler par ce décès. Avec son style inimitable, sans concession, cru par moment et qui peut choquer, elle fissure ce petit monde bourgeois d'une petite bourgade du New Jersey: elle nous parle d'adultère, de relation parents-enfants qui se craquelle pour exploser: Abigail perdra son filsaprès l'accident, ce dernier préférant couper les ponts avec sa mère qu'il croit folle. Roger verra ses relations avec sa fille se déliter jusqu'à ne plus exister non plus.
L'autre particularité de ce roman c'est également son optimisme: pour une fois, Joyce Carol Oates offre un nouveau départ à ses personnages comme une deuxième chance. Il n'y pas forcément de happy end pour tout le monde mais la dernière partie: "Et ils vécurent heureux..." nous donne un peu d'espoir. C'est tellement rare dans les romans de Oates (du moins: ceux que j'ai lu n'avaient pas de fin totalement heureuse) que c'est à souligner.

Au final, un roman qui nous dépeint un monde bourgeois qui se fissure, avec des personnages parfois à la limite du détestable mais qu'on apprécie toutefois. Un roman sur l'acceptation du deuil et les nouveaux départs. Un roman que j'ai lu lentement pour apprécier encore une fois toute la force du style de Miss Oates.  Un roman que je conseille à tous les amateurs de Joyce Carol Oates.

Joyce Carol Oates: Huson River (Middle Age: A Romance), Le Livre de Poche, 665 pages, 2004

1er roman que je lis dans le cadre du challenge Oates organisé par George.

4 commentaires:

  1. Je n'avais encore jamais entendu parler de celui-là, je crois que je vais l'ajouter à ma LAL

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    1. il est vrai que c'est un roman que je n'ai pas vu souvent sur la blogo. J'espère qu'il te plaira.

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  2. Ma mère m'en parle à chaque fois que nous évoquons Oates, et c'est à tel point qu'elle refuse de me redonner le livre, persuadée qu'elle est qu'il s'agit de son exemplaire alors que c'est moi qui le lui avait prêté ! je crie au scandale !

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    1. C'est quand même fort de café cette histoire! Tu as bien raison de crier au scandale! Non mais!

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