dimanche 13 février 2011

Souvenirs d'enfance


Résumé: Décembre 1968, Simon et ses copains de son collège anglophone de Bloemfontein, « métropole » de l’État libre d’Orange en Afrique du Sud, s’apprêtent à flanquer une dérouillée au tennis aux péquenots d’un collège technique des environs. Éducation anglaise contre enseignement afrikaner. Les visiteurs débarquent et, parmi eux, Fanie van den Bergh, un garçon qui a partagé l’enfance de Simon à Verkeerdespruit, patelin champion de l’apartheid, village de petits et moyens Blancs afrikaners, servi par ses Bantous parqués dans le township.

La confrontation sportive ravive des souvenirs oubliés et met en évidence, au passage, les conflits raciaux et de classe. Heyns choisit d’explorer le fossé entre Anglais et Afrikaners, fossé dont Simon - fils d’un magistrat anglais « libéral » et d’une Afrikaner – est le reflet. Fanie, lui, est issu d’une des familles pauvres de la paroisse, celles dont s’occupent les dames de l’ouvroir sous la houlette du pasteur Claassen. Car le pasteur préside à tout dans ce petit bourg : sa femme transmet sa parole, les autres s’exécutent. Et les déviants, il y en a évidemment quelques-uns, sont impitoyablement chassés – Steve et sa moto, Trevor et sa chemise rose… Pour ces enfants, il y a surtout l’école, où ils apprennent la vie, à défaut d’autre chose : la bêtise tellement humaine, les amitiés compliquées, les expériences sexuelles, mais aussi l’hypocrisie morale et le conservatisme raciste du monde des adultes…


Mon avis: Tout commence par une journée de décembre 1968, L'équipe de tennis dont fait partie Simon au collège Wesley va affronter les péquenots d'un collège du coin. Il va alors retrouver un ancien camarade de classe, un certain Fanie van den Bergh. Et les souvenirs vont remonter à la surface.
Le livre est constitué essentiellement de flashbacks. La journée du 6 décembre 1968 est le fil rouge du roman et celle qui va faire que Simon va se souvenir des personnes qu'il a côtoyé durant son enfance(il a 15 ans en 1968).
Chaque chapitre se focalise sur un personnage: Fanie que Simon rencontre pour la première fois en classe quand il avait 8 ans. Fanie est afrikaner, Simon est moitié anglais par son père magistrat, afrikaner par sa mère. Les deux garçons deviennent des "amis-ennemis". Puis, Steve débarque à Verkeerdespruit, la petite ville qu'habite Simon, un motard qui devient le meilleur ami des enfants de la ville parce qu'il les fascine avec sa moto, mais qui se fait chasser par les habitants pour son comportement bizarre envers Fanie; il y a également Trevor et sa chemise rose (qui se fera chasser également), Betty, la téléphoniste, la personne vers qui Simon se tourne quand il a envie de se confier.

Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il ne fait pas bon vivre à Verkeerdespruit, cette ville sud-africaine. Le racisme ambiant qui y règne fait que chaque nouvel habitant, comme Steve (qui finira en prison et y aura un destin funeste) ou Trevor, ne seront jamais admis et toujours montré du doigt car différent. On sent cette différence entre les afrikaners et les anglais (et Simon lui ne sait pas trop dans quel camp il se trouve puisqu'il est un mélange des deux par ses parents).

J'ai trouvé ce livre étrange et dérangeant par moments, mais passionnant à lire car je suis partie à la découverte d'un pays que je connais peu, l'Afrique du Sud et un bout de son histoire, l'apartheid et tout cela vu à travers le regard d'un enfant. Simon est un garçon suffisant et jaloux, qui va faire des choses impensables comme dénoncer ses camarades car ils les a vu dans une séance de masturbation réciproque, tout ça par jalousie. Il se sent supérieur aux autres enfants de Verkeerdespruit parce qu'il est à moitié anglais et son père est magistrat. Et il ne va jamais accepter l'amitié de Fanie parce qu'il est afrikaner.
Bizarrement, malgré sa suffisance et sa jalousie, et le fait qu'il m'énervait quelquefois, je n'ai pas détesté Simon car je comprenais sa suffisance et son mépris: il a été élevé dans une ville qui respire ce racisme et cette suffisance. Les habitants de cette petite ville sont méprisant envers les gens différents (et sa mère en fait partie)et il ne fait que repoduire le même schéma.

Il y a également dans ce roman une homosexualité latente qui le traverse: Simon se pose des questions sur la sexualité, comme tous jeunes de son âge et je me suis souvent demandé s'il n'était pas attiré par les garçons, ce qui expliquerait sa jalousie à certains moments. (De plus, il découvre la masturbation avec un homme rencontré en vacances (un passage qui peut mettre mal à l'aise). Et son attirance pour Fanie est incompréhensible pour lui, ce qui le fait toujours osciller entre amour et haine envers lui.

J'étais curieux d'arriver à la fin du livre et j'ai été désappointé par cette dernière. Je ne sais pas quoi penser, elle est aussi étrange que le roman en lui même mais nous donne peut être une explication et une conclusion sur sa relation avec Fanie.

Jours d'enfance est un roman atypique, surprenant, dérangeant par moments, envoutant quelquefois. Mais surtout un regard d'enfant sur le monde qui l'entoure dans une Afrique du Sud où Anglais, afrikaners et bantous (le nom donné aux noirs) cohabitent, au moment de l'apartheid.

Michiel Heyns: Jours d'enfance (The Children's day), Philippe Rey, 282 pages, 2010

4 commentaires:

  1. Je l'avais remarqué en bouquinerie. Après avoir lu ton billet, je regrette de ne pas m'être laissé tenter...

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  2. Oups. Ça m'arrive tout le temps: je vois un livre qui attire mon œil mais je ne le prend pas. Puis après je regrette de ne pas avoir craqué.

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  3. Je rêve de lire ce livre, il est à la bibliothèque, je l'attends... Je me suis acheté aussi "Cette vie" de Karel Schoeman, même pays, un beau livre à découvrir apparemment...

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