Résumé: Nuit d’août. Dans la chambre flotte le parfum de Cédric. Un mois et demi que ce soldat des forces spéciales est en mission. Un mois et demi que Clémence attend son retour avec leurs trois garçons.
Au petit matin, une délégation militaire sonne à la porte. L’adjudant Cédric Delmas est tombé dans une embuscade avec cinq de ses camarades.
Aux côtés d’autres femmes, épouses de soldats elles aussi, Clémence se retrouve malgré elle plongée dans la guerre secrète menée par la France au Levant. Avec ces questions lancinantes : que s’est-il réellement passé lors de l’attaque ? Et pourquoi l’armée garde-t-elle le mystère ?
Pour son 2e roman, Emilie Guillaumin continue d'explorer l'univers souvent secret de l'armée, univers que l'auteure connait bien pour en avoir fait partie pendant 2 ans. Seulement, cette fois ci, elle se concentre sur les personnes qui côtoient ces militaires: leurs femmes et leurs compagnes, et parle d'un sujet douloureux: la perte d'un être aimé, mort au combat...mais pas seulement.
D'habitude, les romans qui parlent de la guerre et de son quotidien, d'état islamique, de Daesh et consort, je fuis comme la peste. Ce n'est pas un sujet qui m'attire outre mesure. Pourtant, avec L'embuscade, j'ai été intrigué par le résumé. Puis, même s'il est question de guerre, ce qui importe plus ici, c'est le point de vue des femmes restées à la maison, dans l'attente, et de cette fameuse visite que personne ne veut recevoir: celle de deux soldats, de bon matin, venus vous annoncer que votre mari est tombé au combat.
Je dois dire que j'ai été happé de suite par l'histoire. De sa plume directe et addictive, Emilie Guillaumin met des mots sur les différentes souffrances que peuvent ressentir ces 4 femmes à qui on annonce que leur mari est mort au combat: il y a celle qui s'effondre (Myriam), celle qui va de l'avant, (Carine), celle qui ne sait pas où trouver sa place dans ce deuil (Manon, qui doit composer avec les parents de son compagnon disparu) et il y a celle qui refuse de baisser les bras et de vouloir savoir à tout prix ce qui s'est passé (l'héroïne de cette histoire, Clémence).
Alors, Clémence n'est pas dans le déni: elle sent que Cédric, son mari n'est pas mort et elle se lance, à corps perdu, dans sa propre enquête pour savoir ce qui s'est réellement passé cette fameuse nuit, bravant l'armée qui, comme à son habitude, ne dit pas tout.
Emilie Guillaumin nous prend par la main, et nous emmène dans les arcanes secrètes de cette grande muette (l'armée) en la personne de Clémence, qui a un pied dedans, mais pas totalement, car, même les proches sont souvent mis à l'écart par l'armée. L'auteure nous instruit sur cette grande inconnue, en nous proposant un suspense maintenu jusqu'à la fin. Honnêtement, j'ai élaboré des théories, et je pensais même avoir raison sur l'une d'entre elle. Eh bien, l'auteure a su me détromper en offrant un final des plus émouvants.
Non, franchement, belle surprise que cette Embuscade qui nous embarque dans le monde fermé de l'armée. C'est passionnant, addictif, et c'est surtout un beau portrait de femme combative, qui cherchera à tout prix la vérité, pour le bonheur de ses enfants. C'est également le superbe portrait d'un homme (Cédric) qui fera tout pour sa patrie, mais également pour sa famille. En vérité, une belle petite surprise que ce roman, en cette rentrée littéraire.
Emilie Guillaumin: L'embuscade, Harper Collins, 295 pages, 2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire