Résumé: Valentin a l’âge d’aller à l’école et n’a toujours pas de nom. Pas de nom, pas d’existence dans la Cité où sa mère et lui sont entrés par effraction avant que le régime de séparation relègue la multitude à son sort. Bien décidé à accomplir son ascension très haut, tout en haut, il est rattrapé par le passé de sa mère, les soubresauts de sa mémoire, les tremblements d’une société obsédée par l’ordre, la paix et la volupté. Par le réel et l’irréel. Par Arsène, surtout, que Valentin rencontre alors qu’il vient d’avoir vingt ans, et les garde-fous qui s’effondrent d’un seul coup. Jusqu’à la fin, on le suit dans une lutte féroce avec l’amour, la révolte, la vérité, ou plutôt avec les formes qu’ils ont prises dans une société qui en étouffe jusqu’au désir.
Premier roman surprenant d'une jeune auteure au potentiel littéraire d'une très grande force, cet "Amour et la Violence" nous parle de sujets universels et antagonistes dans un monde dystopique pourtant pas si éloigné du nôtre.
Je dois dire que ce livre m'avait attiré l'oeil, de par sa superbe couverture et de par son titre puissant, et le résumé intriguant avait fait le reste. C'est donc avec plaisir et impatience que je me suis lancé dans ma lecture...et je dois dire qu'il va m'être difficile d'en parler. Tout au long de ma lecture, je me suis posé la question de savoir quel sentiment me procurait le livre. Je n'arrivais pas a mettre des mots sur ce que je ressentais (et je ne sais toujours pas si ce sera le cas, au moment où j'écris ces lignes).
En fait, je me suis senti un peu perdu dans ce roman, qui commence par une partie (Gabrielle) nébuleuse où le protagoniste principal, Valentin, ne sait plus vraiment qui il est et ne se souvient plus de sa vie d'avant, ayant subi une perte de mémoire forcée. Puis, ses souvenirs reviennent peu à peu et voilà que Valentin nous raconte son histoire et nous embarque dans ce monde nébuleux, qu'il va nous présenter dans toutes ses strates. Et malgré cela, je me suis senti toujours perdu, même si l'auteure nous prend par la main pour nous expliquer le monde dans lequel vit Valentin et tout le petit monde qui l'entoure. Je crois surtout que j'ai un petit peu de mal à m'imaginer des mondes dystopiques, tout simplement.
Cependant, je ne détestais pas ce que je lisais et surtout, je voulais comprendre comment Valentin avait fait pour en arriver à être perçu comme un criminel de haut grade. Ce suspense là m'a tenu en haleine et m'a fait avancer dans le livre. Puis, vers les trois quart du roman, tout à commencé à s'éclairer et à mieux suivre l'histoire.
Diana Fillipova nous offre avec son premier livre un roman d'une force politique indéniable, une critique de la société qui sépare les pauvres et les riches dans deux mondes distincts. Et Valentin, jeune garçon venu des Confins (le monde pauvre de cet univers), que sa mère fuit pour aller dans la Cité (le monde des classes moyennes et des riches) est le passeur et notre guide des ces deux mondes là. Je sais pas, en lisant ce livre, j'y ai vu comme une critique de la Russie d'aujourd'hui, mais aussi celle d'hier. Une critique des mondes totalitaires en général qui asservissent les pauvres pour donner aux riches. Alors, je me trompe peut être, mais c'est ce que j'ai ressenti en lisant ce livre.
Dans L'Amour et la Violence, cette dualité est de suite contenu dans le titre: Valentin a cette dualité là en lui. Il recherche souvent l'amour mais c'est la violence dans ses rapports avec les autres qui prend parfois le dessus. Cette dualité antagoniste se retrouve dans beaucoup de personnages. Mais, c'est ce qui permettra à Valentin de gravir les échelons de ce monde cruel qui n'est peut être pas fait pour lui. Il va ainsi faire son apprentissage de la vie dans un monde où la cruauté à toute sa place, et la crudité de certaines scènes nous emmène loin dans cette cruauté. En tout cas, on ne ressort pas totalement indemne de la Cité, tout comme Valentin.
Au final, un roman surprenant, entre dystopie, roman social et politique, qui nous bouscule pour mieux nous interroger sur notre monde. Un roman dans lequel j'ai eu du mal à me faire une idée pendant longtemps mais qui m'a happé tout entier pour ne me livrer ses secrets qu'à la quasi toute fin. D'ailleurs, je pense que ce livre mériterait une relecture pour comprendre toutes les strates de compréhension de lecture qu'il comporte. Un roman qui ne laisse pas indifférent et qui nous interroge sur notre monde actuel et ce qu'il est en train de devenir. Alors, c'est pas joyeux, mais il ne tient qu'à nous de le changer...comme veut le faire Valentin et ses proches...au risque de tout perdre.
Diana Fillipova: L'Amour et la Violence, Flammarion, 348 pages, 2021
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