vendredi 17 septembre 2021

Le Pays bleu Tome 1: Les cailloux bleus

 

Résumé: Ils s'appellent Etienne, Abel, Philomène et Mélanie. Ils ont vingt-trois, quatorze, dix et six ans quand nait le XXème siècle. Enfants de pauvres métayers du Causse de Granger (Lot) - et Dieu sait ce qu'il en allait d'être pauvres et métayers dans ces années-là et sur leur terre de misère ! - , ils ne peuvent choisir qu'entre le départ ou la soumission.

Voici l'histoire d'une famille, d'une terre, d'un village et d'une époque où chaque français d'aujourd'hui peut reconnaître les siens. Ici, tout est vrai et juste : les actes, les paroles, les pensées, les sentiments. Ici, se respirent l'air du Causse, glacé ou brûlant, et le parfum des pierres et des genévriers.


Lire un "Christian Signol", c'est retrouver une part de mon enfance. Lire un "Christian Signol", c'est retisser un lien entre ma grand-mère, dont M. Signol était son auteur préféré, et moi. C'est retrouver une France qui n'existe plus mais qui nous a construit. 

Pour moi, Christian Signol, c'est toute mon adolescence. Lors des vacances d'été, que je passais chez ma grand-mère, je fouillais avec plaisir et envie dans le meuble où elle rangeait ses livres et j'y trouvais des petits trésors, quelques romances, mais surtout des romans du Terroir qui me faisait rêver, moi petit garçon des villes. 

Je lis depuis que je sais lire et je n'ai jamais arrêté. Je suis passé des albums pour enfants, de la bibliothèque rose (Fantômette, Le Club des cinq), à la bibliothèque verte (les Six Compagnons, Alice, Les enquêtes de Sans Atout), mais à partir de 12 ans, je suis passé aux lectures pour grands (la littérature ado n'avait pas encore la production qu'elle a maintenant). C'est ainsi que j'ai fouillé dans la bibliothèque de ma maman...puis, pendant les vacances d'été, les livres de ma grand-mère. C'est ainsi que j'ai découvert cette littérature du Terroir, que ma grand-mère adorait. Des auteurs comme Claude Michelet ( "Des Grives aux Loups"), Gilbert Bordes ("La nuit des Hulottes), Michel Jeury ("Le vrai goût de la vie") et Christian Signol. De lui, j'avais lu "Le chemin des Etoiles", "Marie des Brebis", "Les Chênes d'Or". Puis, j'ai grandi encore et je me suis lassé de cette littérature régionale. 

Pourtant, j'y suis revenu il y a quelques années, come on revient au pays de son enfance. Et c'est vrai, qu'à chaque fois que j'ouvre un livre de cette belle littérature, je redeviens l'adolescent qui rêvait d'une vie meilleure. 

"Les Cailloux bleus", premier tome de la saga de la famille Laborie, est le premier succès de Christian Signol. Je ne l'avais jamais lu. et je me suis plongé dedans comme on revient à l'origine des temps. Que ce fut bon de retrouver ce passé que l'on croit si loin alors qu'il n'a qu'un siècle. Ce livre, c'est le passage d'un siècle à un autre (celui du XXe siècle), celui qui va voir les plus grands changements. Et les quatre enfants de la famille Laborie, Etienne, Philomène, Abel et Mélanie vont voir ce monde changer sous leurs yeux. 

Que j'ai aimé me laisser bercer par les saisons qui passent, par les travaux des champs, par les bonheurs (les noëls d'antan, les baptêmes), et les malheurs (la famille Laborie ne va pas être épargnée). C'est aussi une campagne qui vit encore comme au temps du Moyen-Âge: Guillaume Laborie est un simple métayer qui travaille pour un propriétaire terrien. Sa terre ne lui appartient pas et ses fils s'en indignent. De nouvelles idées d'égalité viennent chambouler ces jeunes têtes, dont le visage de Jean Jaurès est la figure de proue. Etienne, en bisbille avec son père, partira pour l'Algérie, Abel voudra devenir sabotier. Seule Philomène continuera la vie de ses parents, en s'occupant d'eux. Elle fera la connaissance d'Adrien, dont elle tombera amoureuse. 

On va ainsi suivre ces personnages durant les 20 premières années de ce XXe siècle qui va connaitre des avancées industrielles (avec les premières moissonneuses batteuses), mais aussi une première guerre, qui va faire des milliers de morts. De sa plume tendre et délicate, Christian Signol ressuscite nos ancêtres et parle de notre France et de cette belle région du Périgord. Philomène, c'est notre grand-mère, c'est la France d'autrefois. Qu'il fut bon de retrouver cette petite part d'enfance qui m'avait manqué. Je compte bien y retourner, ne serait ce déjà qu'avec le 2e tome de cette saga: "les menthes sauvages". 

Christian Signol: Les cailloux bleus (Le Pays Bleu, tome 1), Pocket, 605 pages, 1984






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