dimanche 17 juin 2018

Les portes de mon imaginaire

4e de couverture: La relation de Guillaume de Tonquédec à la lecture est une longue histoire mouvementée, douloureuse autant que merveilleuse. Enfant, il peine à déchiffrer les mots, tâtonne dans un monde flou jusqu’au jour où une paire de lunettes bleues va tout changer et où la passion du théâtre l’entraîne, par des chemins de traverse, vers les grands textes.
Aujourd’hui, dans son univers, Molière, Shakespeare, Zweig et Buzzati côtoient Sylvain Tesson, le scénario de la série Fais pas ci, fais pas ça ou les Conversations avec Billy Wilder. Tous ont un point commun : ils sont des portes ouvertes vers l’imaginaire.
Avec générosité, le comédien de théâtre, acteur de télévision préféré des Français, couronné par un César, raconte ses difficultés mais aussi le travail, l’enthousiasme, les rencontres qui lui ont permis de les dépasser. C’est cette lutte silencieuse à l’issue heureuse qu’il souhaite partager, pour que tous les complexés, les dyslexiques, les timides apprivoisent à leur rythme les livres.


"Lire avant de dormir est une véritable fenêtre sur le rêve."  (p.88) 

La Collection "Des vies et des mots" mis en place par les éditions de l'Observatoire donne la parole à des artistes de tous horizons, pour nous parler de leur rapport à la lecture. Après Joann Sfar et Ariane Ascaride, c'est au tour de Guillaume de Tonquédec de nous ouvrir les portes de son imaginaire. 

Bon,je vous le dis tout de suite, je ne vais pas être très objectif dans ce billet. Je voue une admiration sans borne (presque amoureuse, si je dois être tout à fait honnête) pour Guillaume de Tonquédec depuis plusieurs années. Je partais donc déjà conquis par ce titre...et j'en sors complètement étonné et heureux. 
C'est une belle leçon de vie que nous donne à lire Guillaume. Son combat de tous les jours pour pouvoir apprivoiser la lecture (qui était un calvaire lors de son apprentissage en primaire, tout ça parce qu'il vivait dans un monde flou (un problème de vue qui n'a été décelé qu'en CM1) est des plus beaux et tellement rempli d'espoir  pour tous les jeunes qui n'aimeraient pas la lecture. 
Grâce à son envie de jouer et sa découverte du théâtre,  Guillaume a su conquérir la lecture et tout un monde s'est ouvert pour ainsi développer son imaginaire. 

J'ai été ravi de lire ce livre et de découvrir Guillaume par le prisme de la lecture. Je trouve cela très originale de se raconter à travers les livres qui ont traversé nos vies et qui nous ont forgés. 
Alors, il est vrai que ce livre parle beaucoup de théâtre (Molière y tient une grande part, ainsi que Shakespeare), du monde du spectacle et que si cela ne vous intéresse pas trop, vous n'allez peut être pas adhérer. Pour ma part, je m'y suis beaucoup retrouvé et y ai trouvé des clefs d'entrée pour pouvoir jouer (je vais avoir la chance de jouer dans une pièce de théâtre l'année prochaine et l'excitation et l'appréhension se mélangent dans ma petite tête. En fait, j'angoisse un peu et d'avoir certains conseils sont toujours les bienvenus): c'est rare, mais j'ai noté plein de passages qui m'ont interpellé (jamais je n'avais mis autant de post it dans un livre, notant, de ci de là, certaines phrases ou certains passages). 

Bien évidemment, quand vous ouvrez ce genre de livre, où un artiste vous ouvre les portes de sa bibliothèque, cela ne va pas faire du bien à votre PAL, et c'est ce qui m'est arrivé avec ce livre car j'ai noté certains titres que Guillaume donne envie de découvrir, comme la biographie de Marie Antoinette, écrite par Stefan Zweig, par exemple ou bien "Une soupe aux herbes sauvages" d'Emilie Carles. Il y a aussi Molière qui est souvent évoqué, car il a façonné le jeune comédien,  Guillaume, qui nous parle de son parcours chaotique pour cet éternel timide, qui aimerait bien casser l'image un peu lisse qu'il peut avoir. 
Mais il n'est pas seulement question de livres dans ce livre, mais aussi de scénarios qui ont croisée et changé sa vie comme celui de "Fais pas ci, fais pas ça", qu'il reçu alors qu'il était en tournée avec Isabelle Gélinas, et qui l'a enthousiasmé dès la première lecture, ou bien celui du "Prénom" qui changea également sa vie. 
Seulement que ce soit de scénarios ou de livres ou tout autre support écrit, il a toujours cette appréhension de la lecture, qui revient le perturber à chaque fois qu'il doit entrer dans une oeuvre, quelle qu'elle soit. 

"Lire un scénario ou une pièce de théâtre s'apparente chaque fois à une plongée en apnée profonde, souvent surprenante, toujours excitante. Même i avouons le, je dois encore aujourd'hui me faire violence: lire reste un exercice difficile. [...]Envahi par un sentiment contradictoire, j'oscille entre l'excitation d'une promesse, d'une nouvelle aventure et la sourde douleur qui rôde encore de devoir me frotter à un exercice dont j’appréhende les embûches. Lire un texte long, court, relié, aux pages volantes, sous forme e brochure ou de livret: peu importe, c'est une même sensation ambivalente! Mais une fois lancé, si le texte m'accroche je fonce; les mauvais souvenirs d'écolier s'évaporent à mesure que je m'enfonce dans l'intrigue, que je me laisse emporter par l'histoire".(P.167)

Il réussit alors à combattre cet handicap qui le poursuit sournoisement depuis l'enfance et qu'il réussit a vaincre dès lors qu'il est conquis. 

Guillaume de Tonquédec est un lecteur/noteur,(ce que je ne suis pas assez malheureusement et parfois je le regrette), qui, à l'aide d'agendas, va noter des phrases et des paragraphes qu'il aura glaner lors de ses lectures et qui vont le faire avancer dans sa vie de comédien. Ils nous en livre quelques unes dans le chapitre "Ceuillir, glaner, récolter.
"
Il nous explique également son rapport à la notoriété et le fait qu'il ne veut pas plonger dans une sorte de voyeurisme en se livrant trop. (D'ailleurs dans ce livre, il nous parle de son métier de comédien et non pas de sa vie privée et tant mieux, car ce n'est pas ce qui m'intéresse): "Pour ma part, j'ai choisi: moins on en saura sur moi, plus cela me permettra d'être le monsieur Tout-le-Monde dont parlait Billy Wilder." nous dit il en page 188. Et je trouve qu'il a mille fois raison. Ainsi, il peut composer tout un tas de personnages sans que sa propre image vienne phagocyter celui à qui il doit donner corps. 

Voilà un livre qui ne parlera pas forcément à tout le monde,tout simplement parce que l'artiste ne l'intéresse pas ou ne lui parle pas, le monde du théâtre ne lui dit rien, mais je pense tout de même,que pour les amoureux de la lecture, cette collection "Des vies et des mots" peut leur parler. Il suffit de trouver l'artiste qui vous plait et dont vous voulez découvrir l'univers. Pour ma part, je pense que je vais suivre attentivement la suite de cette collection. 

Au final, un beau livre sur un jeune garçon qui avait des difficultés dans l'apprentissage de la lecture et qui a réussi à les combattre grâce à sa découverte et son amour du jeu. Guillaume délivre un beau message d'espoir à toutes les personnes (jeunes ou moins jeunes) qui ont un rapport difficile à la lecture et aux livres.

"C'est abyssal d'angoisse, effrayant, et pourtant les grands auteurs peuvent nous tenir la main, nous aider à certains moments de nos vies alors qu'on ne s'y attend pas. Mes jeunes années de résistance à la lecture m'ont permis de développer, plus que d'autres, un monde imaginaire.[...] Mes lectures m'ont parfois aidé, poussé à prendre des décisions: elles m'ont permis de m'évader pour mieux revenir dans la réalité' (p. 210)

Tout est dit!  

Le livre de Guillaume de Tonquédec est un livre de chevet que je garderai près de moi précieusement et dont je relirai certains passages  de temps en temps.

Merci Guillaume de nous avoir ouvert les portes de votre imaginaire, afin de  nous livrer une belle leçon de vie. 


Guillaume de Tonquédec: Les portes de mon imaginaire, Editions de l'Observatoire (collection "Des vies et des mots"), 210 pages, 2018




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