vendredi 6 octobre 2017

Rentrée Littéraire #12: Paysage perdu

4e de couverture: C'est avec un mélange d'honnêteté brute et d'intuition acérée que Joyce Carol Oates revient sur ses jeunes années. Son enfance pauvre dans une ferme de l'État de New York fourmille de souvenirs : ses parents aimants, ses grands-parents hongrois, les animaux, la végétation, le monde ouvrier, l'école. Ces années lui offrent à la fois un univers intime rassurant, mais un univers limité, cerné par des territoires inaccessibles, propices à enflammer l'imagination de la jeune fille qui trouve là ses premières occasions de fiction. Des territoires où la mort rôde et où les êtres souffrent : cette maison dans la forêt où les enfants sont battus par un père ivrogne qui y mettra le feu ; sa camarade Cynthia, ambitieuse élève qui se suicidera à l'âge de dix-huit ans ; sa soeur cadette autiste, Lynn Ann, qui deviendra violente au point de dévorer littéralement les livres de son aînée... 
Joyce Carol Oates explore le monde à travers les yeux de l'enfant et de l'adolescente qu'elle était, néanmoins consciente des limites de sa mémoire après tant d'années. Cette lectrice d'Alice au pays des merveilles sait que la vie est une succession d'aventures sans fin, qui voit se mêler comédie et tragédie, réalité et rêverie. 
La plume toujours ciselée, l'oeil aiguisé, Oates arpente un endroit et un temps oubliés qui virent la naissance de l'écrivain qu'elle est devenue, un voyage captivant qui ne manquera pas de renvoyer son lecteur à ses propres paysages perdus.


A près de 80 ans, la grande Joyce Carol Oates s'est penchée avec honnêteté sur ses souvenirs d'enfance, d'adolescence jusqu'à son entrée dans l'âge adulte. 

Il va m'être difficile de parler de ce livre avec objectivité, puisque je suis déjà un lecteur conquis de cette grande dame de la littérature américaine, depuis presque 8 ans. Autant vous dire que je me suis plongé avec délice dans ces mémoires dans lesquelles je suis entré avec facilité et sans appréhension, comme cela peut l'être avec l'un de ses romans. 
En effet, Joyce Carol Oates parle sans fard de son enfance qui ne fut pas aussi noire que ce qu'elle peut raconter dans ses romans. Elle a eu une belle enfance, entourée de parents aimants et de grands-parents tout aussi protecteurs. En fait, son enfance et son adolescence fut comme beaucoup d'enfance, sans trop de heurts et de drames. (Les drames, elle les a plutôt connue par l'intermédiaire de voisins ou d'amies d'enfance et d'adolescence). 

Constituée d'une trentaines de textes, qu'elle a écrit sur une vingtaine d'années, pour différents journaux, et qu'elle a parfois réécrit pour les compulser dans cet ouvrage, Joyce Carol Oates parle sans fard de la petite fille qu'elle a été dans les années 40. (Mais en parlant d'elle, elle parle aussi d'une Amérique au paysage perdu, celle des années 40-50, bien différente de ce que l'amérique est devenue maintenant. En ce temps là, surtout en campagne, la vie s'écoulait paisible, et on ne savait pas tous les drames et malheurs qui arrivaient, même chez les voisins les plus proches. Les familles ne parlaient pas non plus des secrets qui pouvaient hanter leur famille (et la famille Oates en avait certains, comme la mort du grand-père maternel de Oates, lors d'une bagarre et qui déboucha, sur l'abandon de sa mère, que sa grand-mère confia à sa soeur. C'est ainsi que les grand-parents de la petite Joyce ne sont que des grand-parents adoptifs.Malgré l'amour qu'ils ont porté à Carolina Oates, la mère de Joyce, celle ci a toujours eu ce sentiment d'abandon maternel, jusqu'à la fin de sa vie. 

Avec pudeur (le texte sur sa soeur Lynn Ann, atteint d'autisme est d'une beauté pudique absolue), tendresse (le portrait qu'elle dresse de ses parents est fort touchant) mais aussi lucidité (J.C. Oates connait les tours que nous jouent notre mémoire et qu'on ne se souvient pas de tout dans les moindres détails et qu'il faut parfois broder (elle écrit dans sa postface, que la Joyce dont elle parle dans ce récit est parfois un personnage de fiction à part entière), Joyce fait  des choix en piochant dans sa mémoire certains faits qu'elle a vécu(comme de parler d'une de ses meilleures amies Cynthia, qui se suicidera) ou de Helen Dunn, qui fut l'une de ses petites voisines et amies, et qui vécut un drame atroce). Pourquoi ce choix plutôt que d'autres...parce que ce sont ces événements et ces amies qui sont revenus à la mémoire de Joyce Carol Oates). 

Bien évidemment, on retrouve le style de Mrs Oates et qui fait d'elle le grand écrivain que j'aime, comme le fait de choisir le "tu" pour s'adresser à la petite fille qu'elle était dans le chapitre concernant l'une des activités de son père qui peignait des enseignes de commerces(Les Enseignes de Fred). Ou bien de choisir comme narrateur, un poulet qu'elle prénommait Heureux, pour nous parler de la petite fille qu'elle était (car l'on sait très bien que les premiers souvenirs de la vie n'arrivent souvent que vers l'âge de 5/6 ans, et qu'avant, il n'y a que des flashs. De ces premières années, elle se rappelle de ce poulet "Heureux" et je pense que c'est pour ça qu'elle lui donne "la parole" dans l'un des premiers textes de ces mémoires"("Heureux le Poulet: 1942/1944"). 

Comme je le disais plus haut: en parlant d'elle, Joyce Carol Oates, parle surtout de cette Amérique perdue (celle des années 40 jusqu'aux années 60 (et les émeutes qu'elle connue à Détroit alors qu'elle était jeune mariée et professeur) et qui ne reviendra pas. 
C'est tout simplement l'un des textes les plus beaux et touchants que j'ai lu dans ma jeune vie. J.C. Oates se penche sur ses jeunes années pour nous les confier, avec tout le talent qui la caractérise. 
Alors je ne suis pas objectif, puisque je suis un admirateur de cette grande dame des lettres, mais ce livre ravira les admirateurs de Joyce Carol Oates, qui la découvriront autrement qu'à travers ses romans; mais il pourra aussi être découvert par les néophytes de J.C. Oates, qui voudrait la découvrir mais ont peur de se plonger dans ses romans. 
L'un des textes les plus touchants qui revient sur l'enfance d'une grande dame de la littérature américaine, qui j'espère, aura le prix Nobel de Littérature pour son oeuvre magistrale et toujours aussi prolifique, même à près de 80 ans. Elle le mérite amplement. 

"Au commencement, nous sommes des enfants imaginant des fantômes qui nous effraient. Peu à peu, au cours de nos longues vies, nous devenons nous mêmes ces fanttômes, hantant les paysags perdus de notre enfance." (p.15)

Merci aux Editions Philippe Rey pour ce voyage dans le pays perdu de l'enfance de mon auteure favorite. 

Joyce Carol Oates: Paysage perdu, (The Lost Landscape), Editions Philippe Rey, 421 pages, 2017















2 commentaires:

  1. Je ne savais pas qu'elle était si âgée! Si j'aime la lire je ne suis pas sûre que ce récit autobiographique me plaise.

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    1. Elle a encore une plume très aleerte pour son âge! lol. Je peux comprendre que tu ne sois pas attirée par ce récit...mais continue tout de même à la lire de temps en temps.

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