jeudi 2 mars 2017

Valet de pique.

4e de couverture: Quel auteur n’envierait le sort d’Andrew J. Rush ? Écrivain à succès de romans policiers vendus à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde, père de famille heureux, Andrew vit dans une petite ville du New Jersey où il trouve le calme nécessaire pour édifier son œuvre.
Mais Andrew a un secret que même ses plus proches ignorent : sous le pseudonyme de Valet de pique, il écrit des romans noirs, violents, pervers, romans qui scandalisent autant qu’ils intriguent le monde littéraire.
Cet équilibre tout en dissimulation qu’Andrew a patiemment élaboré va être menacé. Au départ, la plainte d’une voisine, Mme Haider, probablement un peu dérangée, qui l’accuse d’avoir plagié ses romans autopubliés. Parallèlement sa fille lui pose des questions gênantes après avoir trouvé des traces autobiographiques dans un roman du Valet de pique ; sa femme Irina est soupçonnée par Andrew d’entretenir une liaison avec un professeur de maths. Ces éléments menaçants vont réveiller chez Andrew des fantômes du passé, réveiller aussi la voix désormais plus insistante et terrifiante du Valet de pique…

S'embarquer dans un roman de Mrs Oates est toujours un voyage qui se prépare psychologiquement...même quand on a lu plusieurs ouvrages de la dame. 
Ce dernier opus,qui parait aujourd'hui en France, est encore une fois un petit bijou qui joue avec les nerfs du lecteur, en lui parlant des angoisses et des ennuis des écrivains et de leurs créations. 
Dans ce court roman, Joyce Carol Oates aborde plusieurs sujets liés au "métier d'écrivain": le plagiat tout d'abord (abordé ici en la personne d'une femme qui accuse Andrew d'avoir plagié ses écrits non publiés (ou auto-publié), mais également de l'écrivain ayant un "double", cet autre écrivain qui est en lui et qui écrit des romans plus sombres et violents sous un pseudonyme (le Valet de Pique) et qui prend de plus en plus de place (c'est là qu'on pourrait penser qu'Andrew est un "avatar" de Joyce Carol Oates puisqu'elle a écrit des thrillers et des romans policiers sous des pseudos, tout comme Stephen King, qui est longuement évoqué dans le livre (d'ailleurs, en lisant ce petit livre, j'ai repensé à la nouvelle "Vue imprenable sur jardin secret" tiré du recueil "Minuit" et qui part sur le même postulat que ce roman, à savoir un homme qui accuse un écrivain célèbre de l'avoir plagié). Bien sûr,y voir ici un hommage à Stephen King et non un plagiat puisque  le traitement que fait Mrs Oates de cette histoire de plagiat est fort différente.

Encore une fois, Joyce Carol Oates nous offre un roman psychologique dont elle à le secret. Elle plonge dans les tréfonds de l'âme d'Andrew, jusqu'à la folie. C'est terrifiant, affolant, et le lecteur est prit d'une frénésie de lecture pour savoir jusqu'où Andrew va se laisser influencer par "Valet de Pique" qui prend de plus en plus de place dans sa vie. C'est alors que le roman bascule vers le roman  noir pour ne plus revenir vers le côté clair. Pourtant le lecteur était prévenu dès le départ avec un premier chapitre mystérieux et glaçant (comme souvent chez Mrs Oates)

En fait, ce petit roman aurait très bien pu être écrit par Rosamond Smith, puisque le thriller s'invite dans l'univers de Mrs Oates. Ainsi l'auteur (Mrs Oates) et son double (Rosamond Smith) se retrouvent dans l'écriture tranchante et palpitante (où, encore une fois, Claude Seban a su retrouve toute la moelle, dans notre langue) de ce Valet de Pique que je vous encourage à découvrir, même à ceux qui n'ont jamais lu de Joyce Carol Oates.

Au final, j'ai retouvé avec plaisir et passion, l'une des mes auteures préférées, qui, encore une fois, m'a embarqué dans son univers noir et sombre et dans lequel je ne ressors jamais totalement  indemne. Un roman divertissant qui fait se poser les bonnes questions sur le "métier d'écrivain" et les angoisses qu'ils peuvent connaître. Un roman qui parle également de la part sombre que chaque personne à en lui et qu'il laisse sortir ou pas, jusqu'au point de non retour. Un roman qui ne se lâche pas avant la fin. Fascinant...comme souvent avec Joyce Carol Oates. Même après toutes ses années, la grande dame de la littérature contemporaine américaine n'a rien perdu de sa sève créatrice. Admirable!

Merci aux Editions Philippe Rey pour cette nouvelle plongée fascinante dans l'univers de Joyce Carol Oates.

Joyce Carol Oates: Valet de Pique (Jack Of Spades), Philippe Rey, 224 pages, 2017


2 commentaires:

  1. Oates c'est toujours te,ta,t mais je ne suis pas sûre que le sujet de celui-ci m'intéresse vraiment.

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    1. C'est clair qu'il faut que le sujet te parle un minimum. Après, sache que, si il croise ta route par hasard, il n'est pas très long et se lit vite. Mais bon, à toi de voir.

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