mercredi 6 janvier 2016

Les anges barbares

4e de couverture: Lyon, hiver 1951. Le corps d’une femme, la vingtaine, est retrouvée la gorge tranchée dans le hangar d’une usine. Identité inconnue, pas de mobile apparent. Le commissaire Jean Delmas est chargé de l’enquête. Rapidement, il découvre l’identité de la victime : c’est Martha Lidac, la seule de sa famille à être revenue des camps de la mort. La seule héritière d’une riche lignée d’industriels dont tous les biens ont été spoliés. Qui est l’étrange famille où Martha a trouvé refuge à son retour de captivité, et qui semble dissimuler bien des secrets ? Pourquoi cet homme entrevu un jour a-t-il suscité une telle terreur chez Martha ? Les événements replongent Delmas dans la terrible période de l’Occupation. Profiteurs, délateurs et victimes : six ans après la guerre, presque tout le monde veut oublier cette sombre histoire française. Presque…

Premier roman d'un ancien journaliste, ces Anges Barbares ont été une belle surprise pour moi. 

Un roman policier qui se déroule dans les années 50, mais qui revient sur les heures sombres de l'Occupation, en revenant spécialement sur les spoliations des biens juifs pendant la guerre, que ce soit leur entreprise ou leurs œuvres d'art, entre autres choses. 
On suit le commissaire Delmas, une sorte de Maigret en plus jeune. J'ai d'ailleurs trouvé beaucoup de similitudes entre l'univers mis en place par Jean-Marc Durand, dans son roman et l'univers de Simenon. On se retrouve dans cette France modeste des années 50, où la vie essaye de reprendre ses droits mais qui pour  certains ont encore des secrets enfouis qu'ils ne veulent pas voir resurgir. Surtout, ce que l'auteur met en avant, c'est le rôle ambigu de la police durant la guerre: la rafle des juifs en 1942, le fait d'obéir aux ordres nauséabonds du régime de Vichy. Tout ça est rappelé au lecteur dans certaines réactions comme de voir une Traction arrivé dans un village et que les gens se rappellent à qui ont servi ses voitures (de la police, aux milices, puis aux jeunes du FFI pour enfin revenir à la police, après la guerre), ou même la confrontation entre Delmas et Lesage (un haut gradé qui a bien suivi les ordres de Vichy pendant la guerre).  

J'ai beaucoup aimé suivre cette enquête, menée tambour battant et sans temps mort, par notre équipe de flics: qu'est ce que j'ai pu les aimé ceux là: de Delmas (le commissaire) en passant par Mons (le petit nouveau de l'équipe, tout juste sorti de l'école de police), sans oublier Prévost (et ses rapports consciencieux mais long comme un roman) et Marchant (le compagnon fidèle de Delmas et ses proverbes qu'il déclame à tout bout de champ). 

Puis, aussi, Marianne, le roc de Delmas: sa compagne, ancienne résistante, rencontré durant la guerre, dans une cellule. Cette relation fut très belle à lire, mais aussi, elle était comme une petite pause bienvenue dans cette enquête qui ne sentait pas très bon. 

Ce qui a retenu mon attention, c'est aussi la plume de l'auteur: simple, efficace et sans fioriture, celle ci est rythmée et capte le lecteur. Ce qui est étrange, c'est que les dialogues que je trouvais faux, comme un acteur qui ne trouve pas le ton juste pour les retranscrire, ont réussit au fil de ma lecture à trouver leur musique et leur consonance à mon oreille: ils ont ce côté enlevé et très années 50 que l'on retrouve dans certains films de l'époque. 

Voilà, Les anges barbares est un roman bien ancrée dans l'époque qu'il évoque: les années 50. Cela pourrait paraître suranné, daté, mais c'est tout le contraire: c'est une nostalgie bienvenue qui nous replonge dans ces années là. 

Puis, l'auteur maîtrise son enquête du début à la fin et va de rebondissement en surprise, me tenant en haleine, jusqu'à la dernière page. C'est bien simple, je n'arrivais plus à m'arrêter. Je voulais avoir le fin mot de cette enquête. De ce point de vue là, on en a pour notre argent. C'est un très bon divertissement policier qui ne vous lâche pas. 


Au final, un premier roman au rythme maîtrisé et soutenu, qui m'a tenu en haleine jusqu'à la dernière page. Un roman policier aux allures de Maigret, qui, sous couvert d'une enquête policière, nous remet en mémoire les heures sombres de l'Occupation, et plus particulièrement, la spoliation des juifs durant la guerre. Avec un commissaire convaincant et attachant, entouré d'une équipe formidable. Un roman qui sent bon la France d'autrefois, sans pour autant en brosser un portrait idyllique. C'est au contraire un portrait sans concession d'une époque, mais aussi d'un passé sombre que les français voudraient tellement oublier. 

J'espère que cette première enquête du commissaire Delmas sera suivit de bien d'autre car je serai heureux de retrouver la fine équipe. 

Merci à Sibylle et aux Editions Terra Nova pour cette chouette découverte. 


Jean-Marc Durand: Les anges barbares, Terra Nova, 316 pages, 2016


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