Angleterre, XVIIe siècle : Susan, guérisseuse et sage-femme lègue à son fils, John, un savoir contenu dans « le Livre du festin des Saturnal ».
L’orphelin est envoyé au Manoir de Buckland. Affecté aux cuisines, il pénètre dans un univers de faste et d’abondance, peuplé d’une armée de domestiques sur lequel règne Maître Scowell. Peu à peu, John s’initie au secret des fourneaux et parvient à une maîtrise parfaite de son art.
A peine embauché, John s’éprend de Lucretia, le fille de Lord William. Mais leur union est impossible : la jeune fille doit épouser son cousin, Piers Callock, qu’elle déteste, pour que le manoir reste dans la famille.
Alors que John prépare le repas de noces de Lucretia et Piers, la nuit précédant le banquet, on apprend que le roi vient d’être destitué. C’est la guerre civile…
Les soldats fanatiques qui défendent les idéaux puritains de Cromwell saccagent le pays, instaurent une longue dictature qui plonge la société anglaise de la seconde moitié du XVIIe siècle dans la misère. Serait-ce aussi la fin de la malédiction qui pesait sur les destinées de John et de Lucrétia ?
Entre mythe et réalité, ce roman fascinant plonge le lecteur dans l’Histoire tourmentée de l’Angleterre du XVIIe siècle et nous invite à une odyssée culinaire riche en mets ancestraux dans les cuisines du manoir de Buckland. Une atmosphère singulière, à la fois sombre, onirique et envoûtante.
La cuisine a envahi la télévision depuis quelques années. Mais, dans la littérature, elle n'est pas si présente que ça.
Cependant, le dernier roman de Lawrence Norfolk nous plonge dans l'univers de la cuisine, avec John. Ce jeune orphelin, qui arrive au Manoir de Buckland, comme commis de cuisine.
J'ai été époustouflé par la plume extraordinairement précise et puissante de Lawrence Norfolk. Il arrive à nous restituer une époque et un univers, avec des descriptions détaillées et foisonnantes qui nous transporte (même si au début, elles sont un peu difficile à assimiler).
J'ai aimé découvrir cette Angleterre du XVIIe siècle, au temps obscur de Cromwell, ou les fanatiques religieux avaient le mauvais ton de dicter leur loi (Marpot en est un horrible exemple dans ce livre).
Pourtant, il m'a fallu une centaine de pages pour entrer complètement dans le roman. Les premiers chapitres sont nébuleux, l'auteur oscillant entre le passé et le présent. J'ai été un peu perdu, car l'auteur ne fait aucun lien entre les deux époques: c'est au lecteur de s'en rendre compte seul. Un petit point négatif, qui disparaît à l'arrivée de John au Manoir.
C'est d'ailleurs à ce moment là, que j'ai été captivé par le roman et que j'ai eu du mal à le lâcher. Lawrence Norfolk nous entraîne dans les cuisines d'un manoir, en nous faisant entendre le bruit des casseroles, des viandes qui cuisent et des couteaux qui coupent. Il énumère tout un tas de plats qui donnent vraiment l'eau à la bouche.
L'histoire d'amour impossible que met l'auteur en place n'est pas neuve mais il la traite de manière un peu différente, de par le caractère de Lucrétia et John. John est doux, sensible, mais d'une force sans égale, et Lucrétia est quelquefois vindicative, hautaine, mais c'est son statut de fille de Lord, qui en est la cause. Elle ouvrira progressivement son coeur à John.
Il y a des moments fort et difficiles à lire, dans les derniers chapitres, mais ils sont nécessaires pour comprendre les tourments de cette époque là.
La religion a une part également importante dans le livre et c'est elle qui donne ce côté onirique et fantastique. Ce côté onirique se trouve surtout au début du roman, dans la Vallée de Buckland, quand jeune garçon, John est pourchassé par les enfants de son village car on prend sa mère pour une sorcière. Lawrence Norfolk nous livre là, des moments particulièrement inquiétants.
Je voudrais aussi saluer le travail d'impression fait sur ce roman. Chaque chapitre débute par une illustration (culinaire le plus souvent) d'Andrew Davidson, de toute beauté et qui rappelle les dessins et enluminures des textes anciens. Ces illustrations donne un cachet supplémentaire au roman mais surtout donne au lecteur l'impression de lire un livre écrit il y a plusieurs milliers d'années. (Un grand bravo à Lawrence Norfolk qui a sur créé de toute pièce les extraits du "Livre de John Saturnal", qui accompagnent chaque illustration et qui se trouve en exergue de chaque chapitre. Il a réussi a retrouver la langue usité au siècle de Cromwell.Tellement que je pensais que John Saturnal avait vraiment existé et que l'auteur s'était inspiré de lui pour écrire son roman. Chapeau bas!).
Le seul petit bémol que je trouve à ce roman vient du fait que la 4e de couverture en dit trop et gâche le plaisir de la découverte. Elle raconte pratiquement tout, ne laissant au lecteur que la découverte des détails. Dommage. J'espère donc que vous avez pris en compte le petit avertissement du début.
Au final, un très beau roman qui nous plonge dans les temps troublés du XVIIe siècle anglais, à travers le destin fabuleux de John Sandal (alias John Saturnal), ce jeune cuisinier qui, grâce à son don, deviendra l'un des maîtres de la cuisine. Si vous voulez en découvrir plus sur les coulisses d'un manoir, savoir ce qui se passe derrière les portes des sous-sols (pendant que les maîtres du manoir s'amusent ou complotent dans les salons), je vous invite grandement à venir goûter le festin de John Saturnal. Celui ci comblera votre faim...de lecture.
Merci à Elena et aux Editions Grasset de m'avoir invité à ce festin de très bonne qualité.
Lawrence Norfolk: Le festin de John Saturnal (John Satturnall' feast), Grasset, 463 pages, 2014
Lawrence Norfolk: Le festin de John Saturnal (John Satturnall' feast), Grasset, 463 pages, 2014
Je n'ai lu qu'en diagonale parce que j'ai bien envie de découvrir ce roman!
RépondreSupprimerHé hé, j'ai encore trouvé la formule pour te tenter!
SupprimerSi ce livre arrive dans ta PAL, un jour, j'espère qu'il te ravira autant qu'il m'a ravi.