mercredi 14 décembre 2011

Récit du Canada français


4e de couverture: « Qu’il revienne au printemps… Songeant à ce retour, à lui, à son beau visage brûlé de soleil qui se penchera vers le sien, Maria oublie tout le reste. »
Mais François Paradis ne reviendra jamais plus. Pour passer les fêtes de Noël avec Maria Chapdelaine, en haut du lac Saint-Jean, François Paradis est parti, seul, contre l’avis de tous. La tourmente l’a pris, il s’est écarté, perdu. La neige a recouvert sa piste.


J'aime aller fouiner chez les bouquinistes. Je regarde, je feuillette et parfois je tombe sur un roman qui me fait de l'oeil. Mais surtout, ils ont souvent de vieilles éditions, ce qui m'attire aussi.
C'est donc, chez un bouquiniste que j'ai trouvé mon exemplaire de Maria Chapdelaine: je l'ai choisi car le titre me disait quelque chose. J'ai alors ouvert le roman pour lire le résumé (car sur les anciens livres de poche, il n'y avait pas souvent de 4e de couverture, celle ci se trouvant souvent en première page du livre) sauf qu'il n'y en avait pas. Je l’ai pris quand même me fiant au titre, à cette couverture et au sous titre "Récit du Canada Français".

Avant de vous dire ce que j'en ai pensé, je voulais ajouter ceci: j'étais persuadé que Louis Hémon, l'auteur de ce roman était Canadien et en faisant des recherches sur lui, j'ai appris qu'il était français mais qu'il a vécu au Canada à Peribonka (là où se situe l'action du roman) parmi les défricheurs de la forêt canadienne. C'est pour leur rendre une sorte d'hommage qu'il a écrit "Maria Chapdelaine".
J'ai aimé me plonger dans cette histoire simple où il ne se passe pas grand chose au début: on suit la famille Chapdelaine qui vit dans la forêt du Nord canadien, près de Peribonka, dans la région de Québec. Les saisons passent au rythme des moissons, du travail de la Terre, les longs hivers qui n'en finissent pas, le retour du printemps puis l'été qui part trop tôt. Puis, après nous avoir dépeint tout ça, arrive le drame.
J'avais pressenti ce qui allait arriver: je me doutais bien qu'il y allait avoir un drame car c'était trop beau pour continuer ainsi. J'ai alors anticipé beaucoup de chose sur la suite des évènements mais ce n'est pas ça le plus important: je me suis laissé emporter par les paysages du nord canadien, par la langue chantante des personnages que Louis Hémon a su si bien retranscrire, même si j'ai eu un peu de mal à l'entendre au départ. Puis je me suis laissé bercé par elle au fil de ma lecture. Le style de Louis Hémon est d'une telle poésie qu'on a envie de lire certains passages à voix haute pour mieux se laisser bercer.
J'ai aimé la douceur et la timidité de Maria, mais également sa force. Des trois prétendants de Maria, mon préféré fut François Paradis (quel nom magnifique!). Tout comme Maria, j'ai eu un coup de coeur pour ce garçon téméraire au grand coeur.
Ce roman est aussi un hommage pour ces français canadien qui ont voulu préserver notre belle langue française et qui le font encore aujourd'hui. Le Français fait parti de leur identité et il veulent la conserver pour marquer leur différence et pour ne pas se faire "envahir" par l'anglais. Parfois, je me dis qu'on devrait également préserver notre belle langue au lieu d'angliciser les mots: passer des "fins de semaine" plutôt que des "week-end", envoyer des "courriel" plutôt que des "mails" et il y en a tellement d'autres. Mais je m'égare un petit peu...quoique l'auteur en parle également d'une certaine manière:

"Autour de nous des étrangers sont venus, qu'il nous plaît d'appeler des barbares; ils ont pris presque tout le pouvoir; ils ont acquis presque tout l'argent; mais au pays de Québec rien n'a changé. Rien ne changera parce que nous sommes un témoignage. De nous même et de nos destinées nous n'avons compris clairement que ce devoir là: persister...nous maintenir... Et nous nous sommes maintenus, peut être afin que dans plusieurs siècles encore le monde se tourne vers nous et dise: "Ces gens là sont d'une race qui ne sait pas mourir..." Nous sommes un témoignage. " (P.241)

Finalement c'est ce que Louis Hémon a fait: nous laisser un beau témoignage, devenu un classique et que je vous encourage à lire.

Louis Hémon: Maria Chapdelaine, Le Livre de Poche, 245 pages, 1954

catégorie: "auteur mort avant 35 ans".

10/10




Maria Chapdelaine à connu trois versions cinématographiques: une en 1934 réalisé par Julien Duvivier avec Madeleine Renaud dans le rôle titre et Jean Gabin. La 2e en 1950 avec Michèle Morgan et la 3e en 1983 avec Carole Laure)

4 commentaires:

  1. J'aime aussi les vieux livres de poche. Ca a l'air pas mal cette histoire.

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  2. @Tiphanie: Et un goût commun de plus! Pour en revenir à ce roman, il est vraiment bien.

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  3. Il est dans ma PAL depuis un bon moment donc cette lecture arrivera un jour ;)

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  4. @Joelle: En espérant que cette lecture te charmera.

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