lundi 11 avril 2011

Sweet bird of youth



Casting: Paul Newman (Chance Wayne); Geraldine Page (Alexandra Del Lago), Shirley Knight (Heavenly Finley), Ed Begley ("Boss" Finley), Rip Torn (Thomas J. Finley), Mildred Dunnock (tante Nonnie), Madeleine Sherwood (Miss Lucy), Philip Abbott (le docteur George Scudder), Corey Allen (Scotty)

Synopsis: Un gigolo, jeune encore, accompagne ou accompagnant une star dechue, retourne dans sa ville natale. Chance Wayne veut retrouver celle qu'il aime, fille d'un politicien puissant et cynique qui a tout entrepris pour contrecarrer leur projet.

Je viens de regarder ce film pour la deuxième fois et j'ai encore été époustouflé et chamboulé. Richard Brooks réalise une version, certes classique, mais très soignée de cette pièce de Tennessee Williams, après avoir réalisée la pièce "La Chatte sur un toit brûlant".
Il retrouve également Paul Newman (qu'il avait dirigé dans "La Chatte...", ce dernier ayant interprété le rôle de Chance Wayne à New York dans la pièce de Williams. Il a pour partenaire Geraldine Page, très grande actrice qui a déjà interprété le rôle d'Alexandra Del Lago sur scène. Et elle y est sublime. Aucune autre actrice ne pouvait redonner vie à l'écran à cette actrice déchue et alcoolique qui croit que sa carrière est finie. Elle y est époustouflante et les confrontations entre Newman et elle sont mes préférées dans le film. On sent une tension (peut être sexuel, aller savoir) mais surtout électrique, tout comme l'orage qui gronde quand ils arrivent dans cette ville du sud des États Unis.

Je trouve que ce film est d'une violence verbale et physique qui m'avait étonné la première fois (et encore, à cause de la censure de l'époque, la pièce est tout aussi violente dans les actes que subissent les personnages). Il y a un côté érotique dans le film qui me plait bien (pensez donc, on y voit le torse buriné et imberbe de Paul Newman, moi je suis aux anges! hem hem, calmons nous).
Mais ce que j'aime également dans le film, c'est du sujet dont il parle: de jeunesse et du temps qui passe et qui nous détruit à petit feu. Chance est beau et jeune et il joue de ça pour arriver à ses fins (j'ai trouvé ce personnage parfois méprisant, surtout avec Alexandra Del Lago qu'il fait chanter: il se sert d'elle pour pouvoir faire carrière à Hollywood).



Il n'est en fait qu'un gigolo qui n'a que sa beauté pour réussir. Sauf que la beauté se fane au fil du temps et elle le lui rappelle très bien lors de leur scène finale. Il est vil calculateur. Mais il ne mérite pas ce qui lui arrive à la fin. Car ce qui le sauve pour moi, c'est sa relation avec Heavenly. Les voir ensemble me faisait toujours un peu de mal car à cause du père de cette dernière, homme puissant de la ville qui a demandé à Chance de partir, ils ne peuvent pas être heureux. De toute façon, le bonheur chez Williams n'a pas trop sa place.




Je risque de spoilier un peu (même beaucoup) sur le film et surtout sur la scène finale du film (je raconte la fin quoi) à partir de maintenant, mais c'est pour faire les comparaisons entre la pièce et le film. Donc, si vous ne voulez pas savoir, sautez les lignes qui vont suivre
Les secrets trouvent une belle place. Le film en est fourni: et surtout un: celui de l'avortement qu'à subi Heavenly après que Chance l'ai laissé enceinte avant de s'enfuir à nouveau pour tenter sa chance à Hollywood: pourtant je n'arrive pas à lui en vouloir totalement car s'il fait tout ça, c'est pour eux deux. Et puis, il n'était pas au courant pour sa grossesse.

D'ailleurs, c'est l'une des grandes différences entre la pièce et le film (eh oui, la censure est passé par là): cette histoire de grossesse a été inventée pour le film et ne figure pas dans la pièce (que je n'ai pas lu mais j'ai su cette différence dans le documentaire qui est en bonus dans le DVD). Dans la pièce, c'est pire que ça: Chance part en laissant Heavenly seule mais en lui "donnant" une maladie vénérienne. Elle est alors obligée de subir une hystérectomie. Comme le dit Shirley Knight dans le documentaire: subir un avortement, on peut survivre à ça mais quand une femme d'à peine 20 ans subi une hystérectomie, elle perd une part d'elle même. Quand j'ai appris ça, j'ai trouvé que c'était d'une violence insoutenable.
Ce n'est pas le seul fait qui a été changé: la fin du film est plus soft et plus happy-end que dans la pièce. Dans le film, Chance se fait coincer par les hommes de Tom Finley, le frère d'Heavenly, et ce dernier va, avec sa canne brisée, lui casser le nez et le laisser défigurer (mais il garde quand même un certain charme)et surtout Chance et Heavenly s'enfuient tous les deux pour vivre probablement heureux. Ce qui est complètement en contradiction avec ce que dit Tom juste avant. Ses sbires lui demandent de tuer Chance mais lui dit qu'il va lui enlever ce qui fait son gagne pain pour qu'il ne soit plus rien (je rappelle que Chance est un gigolo). Excusez moi mais le gagne pain d'un gigolo, c'est pas seulement son visage mais c'est aussi son sexe. Vous avez ainsi compris que dans la pièce, Chance fini castré.

Je trouve quand même dommage d'avoir enlevé ces deux éléments (l'hystérectomie et la castration) dans le film, on y perd un peu en dramatique et en symbolique surtout. Et cela ne va plus avec le texte de la pièce car à un moment du film, Boss Finley, le père d'Heavenly menace Chance de le castrer comme il a fait à son chien qui était un coureur de chiennes, s'il ne quitte pas la ville. Et au final c'est ce qui arrive dans la pièce. Ne trouvez pas que je sois sadique, je dis juste qu'en édulcorant la pièce, on perd l'essence même de la vengeance de Finley et de la tension dramatique de la pièce.

J'en ai fini avec les spoiliers!


Le film parle également des dessous du cinéma et de jeunesse perdue à travers le personnage d'Alexandra Del Lago. Cette dernière fuit le monde d'Hollywood après avoir assisté à la première de son dernier film. Quand elle se voit en gros plan à l'écran, elle panique et quitte la salle et elle s'enfuit, pensant que sa carrière est finie. Elle plonge alors dans l'alcool et la drogue. Et la dernière scène entre Chance et Alexandra, quand ils se disent leur quatre vérités est d'une telle tension et d'une telle intensité que j'ai été nerveux, à me ronger les ongles, en me demandant comment ces derniers allaient réagir aux propos de l'autre. Et pourtant, j'avais déjà vu cette scène mais ma nervosité à été la même que la première fois.



En revanche, ce qui m'a étonné, c'est que la censure (qui a un peu forcé le réalisateur qui est également le scénariste du film a enlever les deux éléments dont je parlais deux paragraphes plus haut, pour que le film puisse sortir sur grand écran) ait laissé passer le fait qu'on parle de drogue et qu'on en "montre" sans problème. Et heureusement dirai je car Tennessee Williams c'est quand même pas le pays des bisounours.





En conclusion, car il faut bien que je termine ce billet un jour, j'ai l'impression d'avoir écrit un roman là: un film intense, dont le drame monte crescendo avec des acteurs éblouissant de charisme et de professionnalisme, m'a encore fait passé un moment exceptionnel. Ce film reste dans mon panthéon de mes films préférés et ce, malgré le fait que la fin ait été édulcorée. Je vous le conseille vivement!

Maintenant, il faut que je recherche la pièce écrite pour pouvoir la lire à loisirs. Ce qui serait bien aussi, c'est que le cinéma nous offre une nouvelle adaptation de cette pièce mais cette fois ci fidèle au texte et à ce qu'à voulu dire Williams. Messieurs les réalisateurs!


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