Bienvenue dans ce Kabaret où je vous parlerai de mes lectures, mais également de séries, de cinéma, de musique...
mardi 12 avril 2011
1944
Résumé: Le Bronx vers le milieu des années 1940. C'est bientôt
la fin de la guerre, dont les échos parviennent jusqu'aux
oreilles des enfants de la rue. Scènes de la misère quotidienne dans le New York de l'époque, scènes nuancées de poésie, parfois de nostalgie, scènes peuplées de personnages malheureux, aspirant à des jours meilleurs. Charyn décrit un univers envolé. En une suite de séquences, il fixe les images de son enfance : c'est le gosse élevé à Crotona Park, l'enclave judéo-polonaise, qui livre ici ses souvenirs. Six textes entre réel et imaginaire, six histoires pleines de tendresse et d'humour.
Mon avis: Ce recueil de nouvelles de Charyn m'a plu dans l'ensemble, même si toutes les nouvelles ne m'ont pas fait chavirer de la même manière.
La première: 1944, reste sans conteste ma préférée du recueil. Le petit Benny Lipkowitz m'a beaucoup plu et j'ai aimé le suivre dans son histoire. Charyn retrouve les mots de l'enfance et cela se ressent dans son style. Il nous restitue le New York de 1944 avec ces gamins qui voient en des chefs de gangs des héros. Il nous remet dans l'ambiance d'un quartier du Bronx que Charyn a bien connu puisque ce fut le sien. Je ne me suis pas ennuyé une minute. Et c'est touchant quand on voit le petit Benny vendre des bubble gums que son frère à chapardé pour pouvoir se payer du rêve au cinéma.
La deuxième nouvelle: Faigele l'Idiotke est très différente de la première, ce qui m'a un peu déstabilisé au départ. Une autre ambiance s'installe et c'est presque un huis clos auquel on assiste puisque tout se passe dans un petit immeuble. Manny débarque dans cet immeuble après être parti de chez lui. Il est peintre et voue à son frère Phil une admiration, lui qui est parti vivre une vie fantastique en Nouvelle Orleans (il sera d'ailleurs déçu par ce frère quand il saura la vérité). il y rencontre Mrs Geller, mais surtout Faigele, une jeune fille un peu étrange que tout le monde croit folle et que les locataires veulent faire interner. Une pétition circule même et il ne manque qu'une seule signature pour que ça marche. Sauf que Manny ne signera pas...et le regrettera. Cette nouvelle est d'une tristesse pas croyable et même si j'ai pressenti l'issue de la nouvelle, j'ai été touché. Une nouvelle très belle.
La 3e nouvelle, L'homme qui rajeunissait, qui donne le titre au recueil, est celle que j'ai la moins aimée. L'histoire de ce traducteur et de cet écrivain en fin de vie et qui refuse qu'on publie ses vieilles nouvelles, ne m'a pas plus attiré que ça. Je l'ai lu mais je n'ai rien ressenti.
La 4e, Imberman est encore une nouvelle assez étrange qui nous emmènera là où on ne l'attendait pas. L'histoire de ce gamin catholique qui rentre dans un club de musculation juif ( toutes les nouvelles ont pratiquement pour héros des juifs) en clandestinité et qui rencontre un homme bien étrange Iberman, m'a tout aussi décontenancé. Je ne m'attendais pas à ce que Iberman, qui fut une sorte de mentor pour le héros (j'ai oublié son nom) devienne a son tour l'élève de notre héros quelques années plus tard. J'ai bien aimé cette nouvelle, sans plus.
En revanche, la 5e Adieu!... Adieu!... est celle qui m'a le plus bouleversé. Nous sommes toujours en 1944 et la guerre est encore loin d'être finie. Alors si dans les autres nouvelles, la guerre est évoquée mais loin de nos héros, là, elle touche les personnages de plein fouet. Saul, Albie et Léo: trois frères pris dans un conflit qui les dépasse. Léo, l'ainé s'est engagé dans l'armée pour partir au combat. Son frère Albie l'admire pour ça et n'a qu'une hâte: avoir 16 ans pour le rejoindre et se battre à ses côtés. Puis il y a Saul, le petit dernier qui nous raconte l'histoire. Albie voue un culte à ce frère qu'il prend pour un héros. Léo est démobilisé, parce qu'il est blessé, croient tout le monde sauf que quand il revient, il revient sur ses deux jambes sans aucune blessure (apparente du moins). Albie va alors se détourner de ce frère qu'il va prendre pour un lâche. Devant ce mur qui se dresse entre les deux plus grands frères, Leo va se confier à son plus jeune frère Saul: il va lui dire que depuis la mort de son ami Augie, tout s'est détraqué dans sa tête et la peur de mourir s'est insinué peu à peu. C'était Augie qui le faisait tenir, Augie plus là, il à commencé à perdre pied.
Cette nouvelle est un crève coeur quand on la lit mais elle nous explique formidablement bien les séquelles que peuvent laisser sur des soldats, la guerre qu'ils ont vécu. Leo ne reviendra jamais dans la vie réelle et n'arrivera pas à oublier ce qu'il a vécu. Tellement juste et bouleversant, cet "Adieu...!" ne peut laisser indifférent et parle à tous. Ceux qui revienne au pays après une guerre ne revienne pas tout à fait. Et Charyn arrive, en peu de pages, à nous le prouver le plus justement du monde. Bouleversant.
La 6e et dernière nouvelle: Chante Shaindele chante ne m'a pas plus parlé que ça (il faut dire que la nouvelle d'avant m'avait tant bouleversé que j'étais encore avec Saul et ses frères). L'histoire de cette jeune fille, chanteuse qui est managé par son père et qui découvre l'amour avec Notte, un jeune homme qui travaille dans le théâtre où elle se produit nous montre l'évolution d'une petite fille en femme et toute la cruauté et l'envie que peut provoquer la beauté d'une jeune femme sur les hommes. J'ai trouvé ça cruel, douloureux. Charyn nous montre une très vilaine face des hommes et c'est pas joli à voir. Enfin, c'est comme ça que je vois les choses.
En conclusion, j'ai passé un très agréable moment dans ce New York de 1944. La plume de Charyn est belle, touchante, cruelle par moment mais toujours pleine de vie. Il rend un bel hommage à son quartier et retrouve les parfums de ce quartier et nous les fait partager dans un style, fort, vivant qui ne laisse pas indifférent. A lire bien évidemment pour tous ceux qui aiment cette ville magnifique qu'est New York et les personnes qui y vivent et à qui Charyn donne vie avec maestria.
Jerome Charyn: L'homme qui rajeunissait (The man who grew younger ), Folio, 240 pages, 2003
organisée par Well-Read-Kid
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C'est vraiment et totalement le genre que j'aime : les sujets traités, l'époque, les lieux ... je note car je ne connais cet auteur que de nom !
RépondreSupprimer@Joelle: Ravi qu'il t'ai interpellé. J'espère qu'il te plaira autant qu'à moi.
RépondreSupprimerDe cet auteur, j'avais adoré "la lanterne verte". En même temps, quand on me propose quelque chose qui met en place des comédiens sous le régime stalinien je suis assez cliente
RépondreSupprimer@Axl: Ca à l'air intéressant. Je note ce titre. Merci!
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