Résumé: « Sandra doit arriver d’une minute à l’autre. Il faut qu’elle se dépêche car derrière la vitre, il y a le soleil bleu, la mer jaune et les étoiles violettes qui s’impatientent, il y a cette vie bourdonnante qui attend qu’on la libère, il y a ces rêves qui frappent au carreau et craignent de mourir emprisonnés. Alors épuisé mais heureux, je désigne la fenêtre. L’infirmière comprend et me sourit. Lorsqu’elle tourne la poignée, le vent impatient s’engouffre dans cette chambre close et renverse les fleurs. Le vase explose sur le sol. Et dans les morceaux épars répandus aux quatre coins de la chambre, la lumière du soir se réfléchit et nous fait plisser les yeux. »
Douze nouvelles sur le confinement, le Covid-19 et cette époque trop sûre d’elle-même qu’un virus a balayée.
Axel Sénéquier, "l'auteur qui me fait aimer les nouvelles" est revenu cette année avec un 2e recueil dont les nouvelles ont pour point commun, le confinement que les français ont vécu l'année dernière.
Alors, oui, je sais, lire des histoires qui parlent de ce que l'on a vécu, comme un drôle d'évènement pas très sympathique en 2020 n'est pas très réjouissant et ne fait pas rêver. Seulement, c'est mal connaître Axel. De ce point de départ, il va construire des histoires qui parlent de nous, de l'intime, suivant toutes les situations que le confinement nous a fait vivre: les parents dépassés par leurs enfants pour leur faire l'école ("le chemin de l'école"), les violences conjugales qui ont été exacerbées par la promiscuité (la percutante nouvelle "Les murs porteurs" qui ouvre le recueil), le départ de parisiens vers leurs résidences secondaires à la campagne (étonnante et énervante nouvelle "Intégration"), la solitude des personnes âgées (Epoustouflante "Marée noire"), le retour de la nature (vibrante et finalement navrante par sa conclusion "Sauvage"), la situation dans les EPADH (touchante et émouvante "Somnambules) mais aussi, ces malades du covid qui ont été les premières victimes de cette nouvelle maladie (belle nouvelle qui donne son titre au recueil "Le bruit du rêve contre la vitre").
En parlant de toute ces situations, Axel réussit le tour de force de parler de nous avec acuité, sensibilité et compassion, sans jugement. Il affine les portraits de ces français qui ont vécu cette drôle d'époque que fut le premier confinement, avec poésie, tendresse, et une petite pointe de cynisme parfois (comme dans "Intégration" ou "Fashion faux-pas") sans oublier d'y peindre une touche de psychologie. Cette psychologie qui donne du relief à ses personnages. En une dizaine de pages, Axel nous raconte des histoires qui nous sont probablement arrivées, et réussit le tour de force de les raconter avec peu de pages mais sans cette sensation de trop peu. Chaque histoire se suffit à elle-même et sa fin ne nous laisse pas sur notre faim. On se laisse porter par ces galeries de personnages et leurs histoires qui sont un peu les nôtres.
Avec ce merveilleux recueil "Le bruit du rêve contre la vitre", Axel Sénéquier laisse un témoignage vibrant, poignant, drôle, et souvent touchant, de cette drôle de période que fut le confinement de mars à mai 2020. Ses histoires, petits portraits de cette vie quotidienne qui changea notre quotidien seront comme une trace, pour les générations futures de cette drôle d'époque où un virus bloqua, pour quelques mois toute une planète. Mais ne prendront t'ils pas cela pour de la fiction, tout droit sorti de la tête d'un auteur. Seul l'avenir nous le dira.
Merci à Axel Sénéquier pour la découverte de ses histoires qui touchent au coeur.
Axel Sénéquier: Le Bruit du rêve contre la vitre, Quadrature, 141 pages, 2021
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