mercredi 11 janvier 2017

Dalida, une vie brûlée

4e de couverture:(de l'édition grand format) Elle a mis de l'ordre dans la maison. Elle a revêtu un déshabillé de soie blanche. Elle a pris soin d'avaler par petites poignées les pilules. Puis elle a tracé quelques mots sur un carton blanc : « La vie m'est insupportable. Pardonnez-moi. » 
 Ainsi nous quittait Dalida, star de lumière secrètement hantée par l"obscurité. C'était le 3 mai 1987, il y a vingt ans. Nul ne l'a oubliée. Rien que des larmes, encore des larmes, toujours des larmes. 
Bernard Pascuito retrace avec émotion le destin à la fois merveilleux et tragique de cette chanteuse qui a conquis les foules et dont les mélodies nous bercent encore. Une artiste comblée, adorée par ses proches, mais aussi une femme solitaire. Trois de ses compagnons s'étant suicidé, elle avait fini par croire qu'elle portait malheur. Et souffrait plus que tout de n'avoir pas d'enfant. Longtemps, sous les paillettes, elle put dissimuler les pleurs. Mais c'est si fatiguant, de faire semblant d'être heureuse? 


La grande Dalida nous manque depuis bientôt 30 ans (le temps passe trop vite). 2017 sera assurément son année, avec des (ré)éditions de livres  sa discographie va ressortir, mais également un biopic qui sort, ce jour même, au cinéma
C'est ainsi que les éditions de l'Archipel réédite le livre que Bernard Pasciuto consacra à l'artiste en 1997 (qu'il ressorti en 2012 avec de nouveaux témoignages) pour rendre hommage  à l'artiste. 

Je vais être honnête, je n'ai rien appris de plus sur Dalida en lisant ce livre. M'intéressant à l'artiste depuis plusieurs années, je connaissais les grandes lignes de sa douloureuse vie. 
Toutefois, ce fut un "plaisir" (entre guillemet car je ne prend pas plaisir du malheur des autres, et celui de Dalida me bouleverse) de lire, dans un style simple et fluide la vie de la femme...C'est, en effet, ce que je constate à la lecture de ce livre. Bernard Pascuito nous en dit plus sur Yolanda, la femme, que Dalida l'artiste.

Il revient sur son enfance en Egypte où elle était la risée de ses camarades de classe, en cause:  des grosses lunettes qu'elle était obligé de porter à cause de son strabisme, de son envie de devenir une star de cinéma. Sur son arrivée à Paris, sa période de vache maigre, sa rencontre avec Alain Delon, qui rêve de devenir comédien, et  qui habitait le même immeuble. Sur le concours à l'Olympia et sa rencontre avec Lucien Morisse (qui deviendra son mari) et Eddie Barclay, qui vont lancer sa carrière, avec "Bambino". Il parle également et surtout des hommes de la vie de Dalida, et revient plus particulièrement sur les trois hommes qui ont compté dans sa vie et qui ont le malheureux point commun de s'être suicidé (Lucien Morisse, en 1970, Luigi Tenco, quelques années avant et Richard Chanfray, dit, le Comte de Saint Germain, dans les années 80). 

L'originalité de cette biographie est dans son découpage (mais c'est aussi ce qui fait son léger défaut): l'auteur prend le parti de raconter la vie de Dalida par thème, en oubliant le côté chronologique: chaque chapitre revient sur un aspect de Dalida: le jour de sa mort, qui débute le livre, l'enfance de Dalida, son arrivée à Paris, un chapitre sera consacré à Lucien Morisse, un autre à Luigi Tenco et un sur Richard Chanfray, son envie d'enfant est mentionné dans le chapitre 9, sa beauté, son problème aux yeux. Un chapitre sera également consacrée à sa carrière. 
Ce procédé fait qu'on se ballade au gré de ces thèmes de manière aléatoire. Le seul inconvénient, c'est qu'il y a certaines redites, comme le suicide de Lucien Morisse, qui est mentionné plus d'une fois. Il y a même eu un effet bizarre lors de ma lecture: j'ai eu l'impression de vivre la "résurrection" de Lucien Morisse: Ce dernier étant le premier à qui Bernard Pascuito consacre un chapitre dans le livre, et que celui ci se termine par sa mort, il est tout à fait "normal", de le revoir mentionné, mais vivant, dans le chapitre suivant consacré à Luigi Tenco (puisque le suicide de Tenco a eu lieu avant celui de Lucien Morisse). Ce qui me fit ressentir un sentiment étrange. 
Une lecture aléatoire peut aussi être possible, ainsi, nous n'avons pas ce sentiment là. En fait, c'est cela, Dalida, une vie brulée, est un livre qui se lit, par petites touches, en lisant un chapitre, par ci, par là. 
Les trois témoignages (celui de Arnaud Desjardins (ami philosophe de Dalida), Jean-Luc Lahaye (que Dalida hébergea au dernier étage de sa maison rue d'Orchampt, à son arrivée à Paris) et Jack Henry Soumère (qui supervisa ses spectacles), nous montre une Dalida très différente, et parfois sans complaisance, surtout sur le côté artiste, où elle était, semble t'il tyrannique (elle s'en amuse d'ailleurs dans la chanson "Comme le disait Mistinguett"). Ces témoignages complètent admirablement le livre, tout comme le dernier chapitre, consacré aux témoignages des proches, des amis, ou des personnalités, qu'ils donnèrent après la mort de Dali. 

Au final, un petit livre, qui se lit très facilement, et qui peut servir de porte d'entrée, pour mieux connaitre la femme qui se cachait derrière l'artiste, soit avant ou après avoir vu le film de Lisa Azuelos, qui sort, ce mercredi 11 janvier 2017. 




Merci aux Editions de L'Archipel pour ce bouleversant moment en compagnie de Dalida.

Bernard Pascuito: Dalida, une vie brûlée, L'Archipel, 280 pages (+ 8 pages de photos), 2012 (réédition en 2017)


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