dimanche 29 mai 2016

La fille au 22

4e de couverture: Léa s’ennuie. Son existence terne ne lui apporte ni bonheur, ni désir. Mariée trop jeune, elle s’étiole dans une vie de couple médiocre. Sa seule évasion, cette fille de mafieux la trouve dans la lecture. Une vraie boulimie. Un livre en entraîne un autre. Puis survient une rencontre. C’est le déclic qui la fait basculer. Léa se transforme physiquement et moralement. Elle commence à tuer…

La fille au 22: un titre intriguant qui m'a fait me poser des questions sur son sens (bon, c'était avant de voir la couverture, car ce bandeau rose avec cette femme tenant un flingue, il n'y a plus de doute à avoir: mais avant, je me demandais si ce n°22 était celui d'un appartement, d'un étage...). 

Après lecture, je peux dire que c'est un roman étrange, mais captivant par certains côtés: il parle de l'ennui, du lien étroit ente le rêve et la réalité, où comment l'ennui peut nous amener à vouloir autre chose et à pimenter sa vie. Voilà comment Léa, libraire et amatrice de polars, à voulu être, à son tour, une héroïne de polar. 

Il y a une dualité en elle, comme une part de schizophrénie, que l'auteur rend très bien. J'ai eu du mal à cerner le personnage, mais, en même temps, j'ai été fasciné par elle. 
J'ai été également perdu par l'auteur, qui alterne dans son récit (et ce dans le même chapitre), une narration en "je" (quand elle fait parler Léa) et une narration classique, avec le "il" ou "elle". Mais, c'est ce qui est intriguant et qui fait qu'on continue la lecture. 

Avec un style percutant, où les phrases courtes sont comme des balles que le lecteur se prendrait en pleine face, Anna-Véronique El Baze construit un récit bien mené où le jeu du chat et de la souris s'opère quand, entre dans l'équation, Patrick Revel, rencontre d'un soir de Léa, qui s'avère être flic. C'est à ce moment là que le lecteur commence, à son corps défendant, à trembler pour Léa...

Seul bémol: la fin. J'ai été désarçonné et déçu par cette fin ouverte...qui m'a fait penser que ce petit roman n'était que la première partie d'un roman plus long. En fait, ma "déception" vient du fait que j'avais imaginé une autre fin pour Léa. 

Au final, un petit polar percutant, qui brasse, beaucoup de thèmes (le lien ténu entre la fiction et la réalité, l'ennui, qui nous amène à faire des choses impensables, la dualité entre le bien et le mal qui se confondent), avec une héroïne imprévisible, qu'on se surprend à "aimer" (du moins, à vouloir qu'elle s'en sorte). De plus, j'aime les romans policiers qui prend pour "héros" les meurtriers...et quand celui ci est une femme, c'est encore plus "jouissif". En tout cas, la plume d'Anna-Véronique El Baze, est à découvrir, et même si la fin m'a déçue car elle n'était pas celle que j'attendais, voilà un petit roman avec lequel débuter votre été. 

Merci à Eric et aux Editions du Cherche Midi pour cette découverte étrange et percutante. 

Anna-Véronique El Baze: La fille au 22, Cherche Midi, 183 pages, 2016


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