Vénéneux, intense, d'une grande profondeur psychologique, le premier roman d'une des figures les plus fascinantes de la scène littéraire britannique du xxe siècle. Dans le huis clos d'un pensionnat de jeunes filles, passions et amitiés s'exacerbent pour bientôt virer à un affrontement impitoyable.
La redécouverte d'une oeuvre surprenante d'audace sur la soif de pouvoir et de domination.
Au début de ma lecture, je me suis demandé: ce "Régiment de femmes" sera t'il le premier livre de la collection "Belfond Vintage" que je n'apprécierai pas?
Qu'est ce que le début a été difficile à lire. Pensez, donc: lire 80 pages en 3 jours! A ce rythme là, j'y serai encore.
En fait, j'ai eu du mal à entrer dans ce roman car, je ne voyais pas où l'auteur voulait en venir: elle nous racontait des anecdotes sur la vie au pensionnat, sans lien entre elles (du moins, en apparence). Mais aussi, je ne me sentais pas bien à l'intérieur de ce pensionnat de jeunes filles. J'avais l'impression d'y étouffer, d'être très mal à l'aise. J'ai ainsi pu remarquer que les femmes entre elles sont de vraies poisons, qu'elles sont peu franches. Sur ce point, je préfère les hommes. Les hommes seront toujours cash et se diront les choses en face. Les femmes, entre elles, sont hypocrites: disant tout le bien qu'elle pense d'une personne par devant et lâchant les pires saloperies par derrière, ou faisant même les pires vacheries qui soient, mais toujours avec le sourire.
Bien sûr, je ne généralise pas: toutes les femmes ne sont pas comme Clare Hartill: l'un des personnages principaux du roman (et le plus abject qui soit)...mais,moi qui ai travaillé dans un univers souvent féminin (étant souvent le seul élément masculin), j'ai remarqué que les femmes étaient très vaches entre elles,et ne se faisaient aucun cadeau.
Régiment de femmes peut être découpé en deux parties: la première, étouffante et malsaine, qui se déroule au pensionnat. Trois personnages se distinguent du lot dans cette partie: Clare Hartill, professeur d'une trentaine d'années, sorte de mante religieuse, qui monopolise, ou plutôt "vampirise" comme le dit un personnage à un moment, l'attention de Alwynne, jeune professeur de 19 ans, jusqu'à faire d'elle "son esclave", puis, il y a également la jeune Louise, 13 ans, qui vient juste d'arriver au pensionnat et dont Clare et Alwynne vont s'occuper, décelant chez elle, un grand potentiel. Sauf que Louise, va également tomber sous l'emprise de Clare. Pour son plus grand malheur car quand Clare, s'ennuie d'une personne, elle la laisse complètement tomber.
C'est alors à un jeu malsain que l'on assiste: un jeu de pouvoir et de contrôle: Clare n'a dieu que pour le pouvoir qu'elle excerce sur les êtres qui l'admirent...sauf que ce pouvoir peut avoir des conséquences tragiques. Louise en fera l'amère expérience.
Cette partie là m'a écœuré. J'ai eu un malaise tout au long de ma lecture et j'étais au bord de la nausée à chaque page.
Heureusement, la 2e partie est arrivée: celle qui se déroule à Dene, un petit village où Alwynne se rend pour se reposer, après que sa tante, l'ayant vu très affaiblie, décide de l'éloigner de Clare, qu'elle trouve néfaste pour sa nièce. Cette partie là fut une respiration salutaire: Alwynne y retrouve des couleurs et fait la connaissance de ses cousines, Jeanne et Alicia "Les Amours", comme elle les surnomme, mais surtout, elle rencontre Roger, un cousin éloigné.
J'ai plus apprécié cette partie (normal, Clare n'était plus dans les parages): le calme, le repos prédominait et les conflits n'étaient plus là. Puis, cette partie annonce surtout le "combat" qui opposera Roger et Clare pour le coeur d'Alwynne...mais je ne veux pas trop en dire.
Ce roman est vraiment passionnant, car très dérangeant: il parle de pouvoir, de soumission. Les phrases de l'auteur s'insinue dans le lecteur comme un venin, pour venir l’asphyxier, (heureusement, le lecteur voit claire dans le jeu de Clare et peut se rebeller contre elle, mais se trouve impuissant devant le destin d'Alwynne. Il ne peut pas lui crier qu'elle fait fausse route (il m'est même arrivé de la trouver très cruche à un moment, se comportant comme une enfant de 10 ans). Il peut juste espérer qu'elle ouvre les yeux, à un moment, sur la "vraie" Clare.
C'est un roman également déroutant: en filigrane, grâce au choix de certains mots, l'auteur nous parle d'homosexualité féminine (comment qualifier autrement l"amitié" de Clare et d'Alwynne), sauf qu'elle n'en donne pas un bel exemple: par quelques allusions, on comprend que Clare déteste les hommes, sauf que pour moi, elle n'aime pas les femmes, elle aime l'ascendant qu'elle a sur elles. C'est un amour malsain que l'auteur nous montre.
Cependant, malgré mon aversion pour Clare Hartill, j'ai eu de la peine pour elle, à un moment donné, ce qui m'a surpris moi même.
Voilà un roman déroutant, dérangeant, par certains côtés, un peu désuet, de par son écriture (en même temps, il a été publié en 1919, et la traduction date de 1932), mais toujours actuel sur les thèmes abordés. Un roman captivant, jusqu'à la dernière ligne, d'une auteure anglaise, un peu trop oublié aujourd'hui. Encore une fois, les éditions Belfond ont fait le bon choix de la remettre en lumière, avec ce Régiment de femmes.
Et pour en revenir à la question que je me posais au début de ma lecture, je peux dire que, pour le moment, aucun livre de la collection "Belfond Vintage" ne m'a déçu...et c'est tant mieux.
Merci à Brigitte et aux Editions Belfond pour celle nouvelle découverte.
Clémence Dane: Régiment de femmes (Regiment of women), Belfond, 487 pages, 1932 (pour la traduction aux Editions Plon), 2014 (pour la présente édition).
Clémence Dane: Régiment de femmes (Regiment of women), Belfond, 487 pages, 1932 (pour la traduction aux Editions Plon), 2014 (pour la présente édition).
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