Il y a des romans qui nous happent dès les premières
lignes, sans pourtant l'avoir cherché. Puis, en arrivant à
la fin de ces romans on se sent bouleversé et l'on se rend
compte que cette histoire et ces personnages nous ont touchés au
plus profond.
En débutant « Wisconsin », je savais très
bien que ce roman allait me plaire (je le savais de toute façon, en
le choisissant, il y a de cela deux ou trois ans, rien qu'à la 4e de
couverture) : les paysages du Wisconsin, les sixties, la guerre
du Vietnam, des histoires de familles...tout ce que j'aime dans les
romans américains. Je n'étais pourtant pas préparé aux émotions
qu'il allait me faire ressentir.
L'histoire du roman est tragique : ces deux frères
unis contre leur père, alcoolique, menteur et moins que rien (ça,
c'est mon appréciation personnelle), qui les bat, ainsi que leur
mère, vont voir leur vie chamboulée : pour fuir ce père
violent, qu'il déteste (mais également pour montrer qu'il est un
homme), James, l'aîné, s'engage pour le Vietnam. Il y laissera la
vie, laissant son jeune frère, Bill, à la merci de ce père
tyrannique qui va transformer sa vie en enfer.
Mary Ellis nous conte cette histoire de manière
tellement vibrante et touchante, avec des mots percutants qui vous
restent en tête et vous trifouillent le ventre, jusqu'à en avoir
mal, qu'on ne peut rester indifférent.
La puissance du roman vient du fait que l'auteur donnent
la parole à certains de ces personnages. Ainsi, Claire, la mère des
deux garçons, Rosemary, leur voisine, qui accueillent chez ellle et
Ernie, ces deux garçons qui remplacent ceux qu'elle n'a pas pu
avoir, et James, l'aîné de la fratrie Lucas, nous livrent leurs
pensées, à nous ,pauvres temoins impuissants de leur destin.
Les chapitres où James prend la parole pour nous
raconter sa vie au Vietnam sont les moments les plus forts du roman :
Mary Ellis ne nous épargne rien et nous fait vivre ce conflit vietnamien (absurde) de l'intérieur.
Voilà un roman bouleversant de bout en bout qui nous
plonge dans l'horreur de la guerre mais aussi dans le quotidien
déchirant d'une famille. La douleur est omniprésente dans le récit
des personnages.
J'ai ressenti beaucoup d'affection envers Bill, sa mère
Claire et son frère James. Mon empathie envers eux était complète
(ce qui veut dire que Mary Ellis, de par son écriture a réussi à
leur insuffler une âme).
En tournant les dernières pages, j'ai ressenti une
grosse boule au fond de ma gorge, qui a éclaté en lisant le dernier
témoignage de James.
Au final, un roman magnifique sur une famille déchirée
par la haine et la lâcheté d'un être cruel, une famille qui essaye
de survivre tant bien que mal, sur la guerre du Vietnam qui a fait
naître des blessures non refermée, même après la fin du conflit.
Un roman d'une beauté vibrante et touchante qui renferme une lueur
d'espoir, à travers Ernie et Rosemary Morisseau, les voisins des
Lucas, qui seront leur bouée de sauvetage.
Je défie quiconque lisant ce livre (lecture que je vous
recommande vivement) de rester insensible devant le destin de ces
êtres de papier, pourtant si vivants. C'est impossible : vous
aurez beau faire, l'émotion sera trop forte et vous sentirez
quelques larmes couler le long de vos joues.
Pleurer en lisant un livre : c'est aussi ça qui
fait la force d'un grand roman.
Mary Relindes Ellis: Wisconsin (The Turtle Warrior), 10/18, 443 pages, 2007
Quel beau billet! Tu as su insuffler un peu de l'émotion ressentie lors de ma lecture, parce que je suis d'accord, comment rester insensible au destin tragique de cette famille?
RépondreSupprimerMerci. J'ai essayé de retranscrire au mieux ce que j'ai ressenti lors de ma lecture. Mais j'ai toujours du mal à parler des livres qui m'ont bouleversé.
SupprimerSuperbe roman. Je ne sais pas si tu l'as vu mais le second roman de l'auteur vient de paraître. Une idée, comme ça, pour l'une de tes descentes en librairie :-D
RépondreSupprimerC'est justement en remarquant cette sortie que j'ai voulu sortir "Wisconsin" de ma PAL. Et j'ai très bien fait.
SupprimerTrès beau roman en effet !
RépondreSupprimerJe ne dirai pas le contraire. En tout cas, je remarque qu'il a marqué beaucoup de personnes.
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