On disait plutôt les " vues animées ", comme un écho aux motion pictures américaines. En douze récits autobiographiques et initiatiques, Michel Tremblay raconte ainsi sa découverte, enfant, des cinémas français, américain et québécois. Les Vues animées, c'est douze temps forts dans la formation d'une identité d'écrivain, douze scènes attachantes où la vie quotidienne d'un petit garçon du Plateau Mont-Royal s'alimente à la vie merveilleuse que déploient sous ses yeux Bambi, La fille des marais, Vingt mille lieues sous les mers, Cendrillon, Blanche-Neige et les sept nains, Coeur de maman, Les visiteurs du soir....
Michel Tremblay est probablement l'un des auteurs québécois les plus connus en France (sinon, le plus connu).
Il y a un moment que je voulais découvrir sa plume. Je peux dire que c'est maintenant chose faite avec ce petit livre, ces petits récits de l'enfance et de l'adolescence de l'auteur, que l'on découvre à travers ses découvertes cinématographiques.
Quel plaisir! Mais quel plaisir j'ai pris à découvrir cette plume chantante, vivifiante, très drôle (il y avait eu bien longtemps que je n'avais pas eu de fou rire en lisant un livre). Michel Tremblay se dévoile à travers sa passion du cinéma. A travers 12 portraits (qui concernent tous un film ou un genre de film particulier), Michel Tremblay nous raconte son enfance, ses peurs, ses doutes, ses joies que ces films lui procurent. En fait, il ne nous dit pas tout le temps s'il a aimé ou pas ses films mais plutôt ce que ces films ont provoqué dans sa vie: de ses premières incompréhensions devant Orphée, qu'il regardait avec sa mère, de ses premières émotions devant les vues animés ( c'est comme ça que les québécois appelaient les films dans les années 50. Ils allaient voir une vue. Je trouve cela très poétique finalement) de Walt Disney (Cendrillon, Bambi) mais également l'une de ses déceptions les plus cuisantes "Blanche Neige et les sept nains", tout ça parce que ses frères et ses cousines, plus âgés, avaient vu le film avant lui et le lui avaient décrit dans les moindres détails. Même, l'une de ses cousines lui jouait le film en imitant la méchante Reine, transformée en sorcière, de manière si impressionnante que l'apparition de la Sorcière du "Blanche Neige" de Walt Disney ne faisait pas autant peur que l'interprétation de sa cousine), jusqu'à son trouble devant La parade des Soldats de Bois, quand il voit l'un des acteurs (pas spécialement beau quand il y repense aujourd'hui) embrasser la jeune actrice et qu'il aimerait être à la place de cette jeune fille.
Puis, il y a également Les Visiteurs du Soir, qui va être le déclencheur de sa carrière d'écrivain.
Je ne veux pas trop en dire pour vous laisser les découvertes de ce petit livre plein de tendresse et d'humour. Ces petits portraits de vie quotidienne vue par le prisme du cinéma, a construit le petit Michel Tremblay,pour qu'il devienne l'immense écrivain qu'il est devenu aujourd'hui. Je vous recommande la lecture de ce petit bijou. Vous ne serez pas déçu, croyez moi. Je trouve aussi que Michel Tremblay a trouvé la plus belle des manières pour parler des films et du cinéma: juste parler de lui et des siens et ce que les films ont provoqués dans sa vie d'enfant pour qu'il devienne l'adulte qu'il est aujourd'hui.
A la fin de ce recueil de récits, Michel Tremblay nous livre son premier roman, qu'il écrivit à 16 ans, le lendemain du visionnage du film Les visiteurs du soir.
Ce petit "roman" de 40 pages, intitulé Les loups se mangent entre eux raconte l'histoire de Jocelyn, un ado de 18 ans, qui va accompagner sa mère au réveillon de Noël qu'organisent des amis de ses parents. Durant cette soirée, une rumeur va être instauré par "la meilleure amie" de Christine Déjazet, Angéline Coutu, sur Jocelyn, qui va faire basculer la vie et l'avenir du jeune homme.
Malgré ses imperfections dû a une première histoire, Les loups se mangent entre eux est déjà admirable. On sent déjà la force de l'écriture de Michel Tremblay. Il se dégage une telle force, une telle "violence" des sentiments qu'on ressort sonné de ce petit texte qui dévoile énormément de chose sur l'auteur, je trouve, (même si je ne connais pas encore très bien Michel Tremblay). En peu de pages, il dresse le portrait d'un jeune homme qui doute de ses sentiments et qui se pose des questions sur son orientation sexuelle. La rumeur lancée par cette mégère d'Angéline va faire basculer tout ça dans une douleur et une horreur indescriptible, que le jeune Michel Tremblay arrive très bien à faire ressentir.
Un petit texte admirable qui donne vraiment envie de se plonger plus avant dans l'oeuvre de cet immense écrivain (j'en suis persuadé après avoir lu ces quelques pages) qu'est Michel Tremblay.
Michel Tremblay: Les Vues Animées (suivi de Les loups se mangent entre eux), Babel, 230 pages, 1995
Tu es foutu, crois-moi.
RépondreSupprimerDès que tu as gouté Tremblay, tu en redemandes sans arrêt...
Je te souhaite de belles lectures tremblaysques
Ah zut alors. Mais c'est pas trop grave cette "maladie"?
RépondreSupprimerMerci. Par contre, je ne sais pas par quoi commencer, en fait.
Si je peux me permettre un conseil, lis l'essentiel de son œuvre dans l'ordre chronologique des événements et non pas des parutions : commence par la Diaspora des Desrosiers, qui sont les romans les plus récents de l'auteur, mais qui narrent aussi les origines des personnages des Chroniques du Plateau Mont-Royal.
RépondreSupprimerSinon, comme la Diaspora n'est pas encore close (un nouveau tome est paru au Québec et ne devrait plus tarder chez nous), tu peux faire comme les lecteurs qui suivent Tremblay depuis longtemps, commencer par les Chroniques pour poursuivre ensuite par la Diaspora, en sachant que la Diaspora se passe avant les Chroniques... Ai-je été assez clair ? :-)
Dans un sens comme dans l'autre, c'est de toute façon du plaisir assuré que tu peux prolonger par le théâtre (où apparaissent aussi les personnages des Chroniques et ses souvenirs... Tu n'as que l'embarras du choix.
Merci pour ces conseils.
SupprimerMais Will, vous avez aimé et en plus vous avez écrit sur Les Vues Animées!!! Je suis ravie que la "plume chantante" de M. Tremblay comme vous dites vous ait plu!
RépondreSupprimerEt je rejoins In Cold Blog, il faut lire les Chroniques du Plateau Mont-Royal si vous avez aimé l'atmosphère et le style d'écriture.
Si vous me laissez faire, j'insérerai un lien vers votre article sur le site :)
A bientôt!
Mais oui, j'ai aimé! Et je n'en ai pas fini avec l'écriture de Michel Tremblay. Je pense me laisser tenter par ses autres écrits.
SupprimerBien évidemment, je vous laisse faire pour l'insertion du lien. Merci d'ailleurs pour cela.
Encore merci pour cette découverte.