Je continue mon exploration dans l'oeuvre littéraire de J.C. Oates, avec, cette fois ci un recueil de nouvelles. (J'essaye ainsi d'alterner petit roman, gros pavé, et nouvelles pour essayer de découvrir toutes les facettes de cette auteure de génie).
Alors, je ne suis pas trop nouvelles, voire, pas du tout. D'ailleurs, le premier recueil de nouvelles que j'ai lu de Mrs Oates ne fut pas une belle surprise. Je trouvais qu'elle n'arrivait pas à bien conclure ces histoires et j'avais un goût de trop peu. Mais si je veux découvrir et lire tout Oates, je ne peux pas faire l'impasse sur ses nouvelles, ce serait tricher, dans ce challenge personnel que je me suis lancé il y a 11 ans.
C'est ainsi que j'ai voulu lire ces "Folles nuits". J'étais intrigué de savoir comment Oates allait s'approprier ces cinq grands de la littérature. Bien, je peux vous dire qu'elle le fait avec brio. Cette fois ci, à la différence du recueil de nouvelles "Infidèle", j'ai trouvé que ces histoires avaient un début, un milieu et une fin très acceptable. En même temps, en racontant les derniers jours de la vie de ces cinq grands de la littérature, elle ne prenait pas trop de risque de mal terminer.
Surtout, ce qui fait la force de ces nouvelles, c'est sa manière de s'immerger dans le propre univers des auteurs dont elle raconte la fin de vie. Par exemple, la nouvelle sur Edgar Poe (celle du phare, qui ouvre le recueil) est tout à fait dans l'esprit de l'univers de Poe avec cette créature fantastique qui débarque soudainement dans le récit, montrant bien la folie qui s'empare de Poe. Une nouvelle très frissonnante.
Celle sur Mark Twain nous montre un personnage peu recommandable et c'est d'ailleurs, ce qui ressort beaucoup des nouvelles de ce recueil. Oates ne dresse pas un portrait idyllique de ces auteurs, bien au contraire: Poe est un fou qui se laisse emporter par sa folie, Emily Dickinson parait froide au premier abord, Twain passe pour un pédophile, Henry James pour un couard et un homo honteux, et Hemingway comme un alcoolo misogyne. Je vous l'accorde, on peut faire mieux comme hommage, mais je pense que Oates n'est pas trop loin de la vérité, et son but n'est pas de mettre ces auteurs sur un piédestal mais de se rapprocher au plus près de leur univers, pour mieux se les approprier. D'ailleurs, je n'ai pas trop reconnu le style de Oates dans ces nouvelles qui m'ont paru écrites par cinq auteurs différents. Chapeau à elle pour avoir su comprendre l'univers de ces cinq grands auteurs.
La nouvelle qui m'a le plus fasciné est sans doute celle sur Emily Dickinson. En faire une poupée robotisée pour un couple de bourgeois est assez gratiné, mais cela fonctionne à merveille. Cette nouvelle d'anticipation montre très bien la solitude et la froideur que devait avoir et ressentir la poétesse.
Ce recueil de nouvelles fut une passionnante découverte, où Oates démontre encore une fois son talent: ici, celui de s'imprégner de l'univers de cinq auteurs qui ont marqué la littérature et en faire des personnages d'histoires plus passionnantes les unes que les autres. Plus je découvre l'univers de Mrs Oates, plus j'en ressors à chaque fois fasciné. Vivement le prochain, dans pas trop longtemps j'espère, car il me reste encore beaucoup de livres de Joyce Carol Oates à découvrir.
Joyce Carol Oates, Folles nuits, (Wild Nights!), Philippe Rey, 232 pages, 2011
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