mercredi 21 juillet 2021

Sonate pour Haya

 

Résumé: 1999. Amalia, une jeune portugaise, découvre à travers une partition signée par un certain Friedrich le terrible passé nazi d’un grand-père dont on lui avait caché l’existence. Partant à la recherche de réponses, interrogeant les membres de sa famille, Amalia comprend que ce grand-père, que tout le monde croit mort depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, pourrait encore être vivant quelque part à Rio.

Décidée à découvrir la vérité, Amalia traverse l’océan pour partir à sa rencontre.

Inspiré d'un fait réel, le roman de la brésilienne Luize Valente nous rappelle l'un des pans les plus horribles de notre histoire: la Shoah. 

Quand j'ai reçu ce livre, il y a de cela près de deux ans, je me suis dit: on non, pas encore un livre sur la Seconde Guerre mondiale! (Oui, j'en suis arrivé à cette extrémité, ayant lu énormément de livre sur cette période, que je fuis un peu cette période de l'histoire, raconté dans les livres). Voilà pourquoi il a dormi pendant tout ce temps dans ma PAL. 
Mais voilà qu'il s'est rappelé à moi, ces derniers jours et je dois dire que j'en ressort très étonné et ravi, même s'il y a un petit bémol...mais j'y reviendrai plus tard. 

En effet, même si je pense avoir fait le tour de la Seconde Guerre Mondiale, dans mes lectures, concernant l'occupation de la France  par les allemands, je suis toujours enthousiaste quand on me raconte cette période, par le prisme d'un autre pays. Ce fut le cas pour cette "Sonate pour Haya". 
Ici l'auteure va nous raconter la guerre du point de vue des bourreaux d'abord, puisque l'héroïne, Amalia, est issue d'une famille dont certains membres étaient du parti nazi, pour basculer vers l'histoire des victimes, en la personne d'Adèle, et de la petite Haya, pour qui le grand-père d'Amalia à composé une Sonate. 

Oscillant entre passé et présent, Luize Valente nous plonge progressivement dans l'enfer, nous racontant d'abord, la vie à Berlin et le Pogrom de 1938 (que l'on a appelé, la Nuit de Cristal), jusqu'à la vie en Hongrie, et aux camps de la mort. L'auteure ne va rien nous épargner et nous emmener dans ces camps de  l'horreur pour mieux nous y enfermer. 
C'est en cela que j'ai trouvé ce livre passionnant: il se focalise sur l'Allemagne et les Pays de l'Est, pour nous emmener progressivement à Auschwitz et nous faire vivre l'enfer de près, de manière minutieuse et détaillé. 
D'ailleurs, en commençant et poursuivant ma lecture, je me suis dit que j'avais été bien bête d'avoir laissé dormir ce livre pendant tout ce temps. 

Le livre est construit sur deux temporalité différentes: la partie 1938-1945 , à travers les souvenirs de Frida, d'abord, la grand-mère d'Amalia, puis d'Adèle, rescapée des camps, ensuite, qui fut des plus passionnante et vibrante, puis la partie 1999, sur l'enquête qu'Amalia fait sur son grand-père disparu, Friedrich. C'est sur cette partie que vient mon premier bémol: en effet, j'ai trouvé ces parties moins passionnante à lire et parfois confuse, de par son procédé: en effet, Luize Valente a décidé d'alterner dans cette partie présente,  des passages d'un même chapitre à la troisième personne, pour ensuite nous proposer une narratrice en la personne d'Amalia qui prend la parole. J'ai trouvé cela un peu pesant, surtout que parfois, la partie narrée par Amalia fait des redites avec ce qui a été dit une page avant. 
Autre bémol: le fait que plusieurs scènes reviennent dans le roman, raconté de la même manière, mais d'un point de vue différent, dû au changement de narrateur (cela se vérifie beaucoup à la fin du livre). J'ai trouvé que cela desservait le roman et le rendait un peu lourd. C'est bien dommage, surtout que cela casse l'émotion ressenti quelques pages avant. 

Malgré ce bémol, cette "Sonate pour Haya" fut une découverte passionnante, de par sa description des ghettos et des camps de la mort comme celui d'Auschwitz. Un roman qui pose une pierre de plus  sur la nécessité du souvenir et du devoir de mémoire, afin de ne pas oublier que cela a vraiment existé. Il est également un beau témoignage sur la rédemption, incarné par le jeune officier allemand,  Friedrich Shmidt, qui mit sa vie en danger pour une petite fille, à qui il composa le plus beau des airs. Un livre qui démontre surtout que tous les allemands n'étaient pas partisan nazi, et que pendant cette période, il y avait des gens biens en Allemagne qui se sont battus pour la liberté. 

Merci aux Editions Les Escales pour cette découverte. 


le neveu de Luiza Valente a composé "Sonata em Auschwitz" spécialement pour le livre. Voici donc la Sonate que Friedrich compose pour la petite Haya)

Luize Valente: Sonate pour Haya, (Sonata Em Auschwitz), Les Escales, 390 pages, 2019



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