samedi 9 février 2019

Jusqu'à la garde


Synopsis: Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive. (Source: allociné)

Premier long métrage de Xavier Legrand, "Jusqu'à la garde" est la suite d'un court métrage, qui devait être le premier volet d'une trilogie sur les violences conjugales. Le premier volet, qui s'intitule "Avant que de tout perdre", raconte la fuite de Miriam et de  ses enfants du domicile conjugal, suite à des violences subies de la part de son mari. 
Deux autres courts métrages devaient donc suivre cette famille avec la séparation et les conséquences de celles ci...sauf que le réalisateur s'est rendu compte que le format court ne convenait pas. C'est ainsi que le tryptique court s'est transformé en un court et un long métrage.

C'est un film que j'avais envie de voir depuis sa sortie sauf que je l'ai loupé. C'est ainsi que je me suis rattrapé avec le visionnage en ce vendredi 8 février 2019, du film dans mon salon. Et je peux vous dire que ce fut les 90 minutes les plus stressantes de toute ma vie de cinéphile. Ce film fut une véritable claque. 
Xavier Legrand mélange les genres, passant du drame social, au film à suspense, jusqu'au thriller le plus angoissant. 

Dès la première scène du film (dans le bureau de la juge), qui dure pas moins de 15 minutes, on sent une tension, qui ne nous quittera pas de tout le film. 
On suit donc Miriam et Antoine, en plein divorce, qui se battent pour la garde de leurs enfants, et surtout de leur fils Julien 11 ans, puisque sa soeur va être majeure et peut décider avec qui elle veut vivre. Miriam a fuit son mari depuis plus d'un an et vit la peur au ventre qu'il ne s'immisce de nouveau dans sa vie et celle de ses enfants. 
C'est un premier film magistral, qui se tient de bout en bout, toujours sur la corde, que le réalisateur étire jusqu'à la faire lâcher jusqu'à la rupture. 

Les acteurs sont époustouflants, de Léa Drucker, tout en retenue et tension, à Denis Ménochet (une révélation pour moi qui découvre cet acteur dans ce film ( je vais tenter de voir d'autres films dans lesquels il apparaît tellement il m'a époustouflé), dans un rôle ambivalent entre moment d'apaisement et d'angoisse pur. Ses silences et son regard nous font craindre le pire à chaque fois et nous laisse, comme le petit Julien, dans un moment de stress permanent. Sans oublier Thomas Gioria, LA révélation du film, qui livre une partition sans fausse note de ce petit Julien ballotté entre ses deux parents. 
Dans un film d'angoisse, le son a une importance capitale et là, les sons ont un rôle primordial, qui ajoute à l'angoisse: les crissements de pneu, le bruit de l'alarme de la ceinture de sécurité, ou même la sonnette de l'interphone, fait monter l'angoisse et met tous nos sens en éveil. 

C'est également un film à suspense, qui nous fait nous poser des questions: chacun des deux personnages principaux, Miriam et Antoine, sont dans une ambivalence telle, qu'on se demande qui manipule qui. Léa Drucker à cette froideur qui se dégage de son personnage, et Denis Ménochet montre une détresse et l'impression de ne pas être entendu, qu'on ressent de l'empathie pour lui et qu'on se demande si le comportement de son ex-femme ne va pas le pousser à bout. C'est très étrange comme sensation. 

Un film qui démarre sur une tension et qui continue sur un stress permanent doit nous livrer un climax exceptionnel, dont le spectateur, en attente, ne doit pas connaitre le degré d'intensité. Là encore, Xavier Legrand réussit son pari: la scène finale est une scène que je n'oublierai probablement jamais. Elle m'a laissé dans un tel état de stress que j'ai fini par avoir une véritable crise d'angoisse, le  souffle court, peinant à reprendre ma respiration. Cet état s'explique par le fait que je prenais conscience, que par cette fiction, une certaine réalité me sautait au visage et que cette histoire qui m'a été proposée ,  trouve souvent son écho dans les journaux. 


Jusqu'à la garde fut une véritable claque. Un film coup de poing, d'un réalisateur prometteur. 



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