Fritz J. Raddatz, essayiste et journaliste
Publié en 1947 en Allemagne, vendu à plus de 100 000 exemplaires, Berlin finale est l'un des premiers best-sellers post-Seconde Guerre mondiale. Une œuvre passionnante, haletante, audacieuse, qui a su, alors que l'Europe se relevait à peine de la guerre, décrire dans toute sa complexité le rapport des Berlinois au nazisme.
Jusqu'alors inédit en France, un roman-reportage brillant qui nous raconte, à travers les destins d'une poignée de résistants, les derniers jours de Berlin avant sa chute. Un texte majeur, un Vintage événement.
Jusqu'alors inédit en France, un roman-reportage brillant qui nous raconte, à travers les destins d'une poignée de résistants, les derniers jours de Berlin avant sa chute. Un texte majeur, un Vintage événement.
71 ans après sa première publication en Allemagne, le roman de Heinz Rein, Berlin Finale, arrive en France, grâce aux Editions Belfond, dans leur collection "Vintage".
Par où commencer pour vous en parler?
Comme vous le savez déjà, la Seconde Guerre Mondiale est une période du XXe siècle qui me fascine le plus. J'ai lu énormément sur cette période, vu beaucoup aussi, en films ou séries...mais cela traite toujours de la France dans la seconde guerre mondiale. C'est pourquoi, j'essaye maintenant de chercher des titres qui me parleront de cette période autrement, d'un point de vue différent.
Dans ce "Berlin Finale", c'est à la fin de la guerre que l'auteur s'intéresse, et surtout aux derniers conflits dans la capitale allemande. Ainsi, c'est du point de vue des allemands que l'on vit cette période et vous pouvez pas savoir comme c'est passionnant, de bout en bout.
Par contre, c'est à un voyage au long cours auquel je me suis attelé avec ce Berlin Finale, et il m'a fallu dix jours pour venir à bout des plus de 800 pages de ce roman. D'ailleurs, c'est un livre au multiples genres: on oscille entre l'action d'un livre de guerre, au suspense d'un thriller mais aussi au genre journalistique quand l"auteur nous plonge avec minutie au plus près des combats dans chaque rue de Berlin. On assiste impuissant à la destruction de cette ville qui fut le berceau du nazisme.
Bien évidemment, c'est à un roman que l'on à affaire, donc, il y a des personnages que l'on va suivre tout au long de ces derniers jours de la guerre, en ce printemps 1945. On fait d'abord la connaissance de Joachim Lassehn, un jeune soldat qui vient de déserter en ce mois d'avril et qui arrive dans le restaurant de Oskar Klose, à Berlin. C'est par ce restaurateur, qui comprend de suite la situation du jeune homme, que ce dernier va entrer dans la résistance. (car il ne faut pas oublier que certains allemands résistaient au régime nazi) C'est ainsi que l'on va faire la connaissance de Wiegand, entré dans la clandestinité depuis le début de la guerre, quittant femme et enfants pour ce lancer dans son combat pour la liberté, le Dr Böotcher, autre figure de la résistance.
Au fil des pages et des rencontres, Lassehn va progressivement ouvrir les yeux sur le régime national socialiste, régime qu'il a toujours connu (il n'a que 22 ans, au moment où commence le roman), passant de la désillusion à l'espoir et inversement.
Tout au long du roman, le lecteur voit les allemands passer de l'espoir à la désillusion. Certains restent ancrés dans leurs convictions d'une prochaine victoire de l'Allemagne, malgré l'avancée de l'armée Russe d'un côté, et des Américains et Anglais de l'autre.
Ce roman, émaillé d'extraits de journaux, ou de flash infos donnés par Göring, ou Hitler lui même, montre également la folie d'un homme, qui n'hésita pas à continuer les combats, refusant de capituler, mais aussi de sa lâcheté, quand il vit que la fin de la guerre était inéluctable, et qu'il préféra se suicider plutôt que d'assumer ses actes horribles devant la justice des hommes, laissant ainsi le peuple allemand dans le désarroi le plus total. Cet homme, c'est évidemment Hitler, qui reste bien planqué dans son bunker, alors que son armée continue de se battre et de se faire tuer pour une Allemagne qui n'existe déjà plus.
Il est très difficile de résumer ce livre tellement il est foisonnant. Parler de quoi exactement, de quel aspect. Il touche à l'intime, quand il nous parle des sentiments contradictoires de Joachim. Mais également de politique et d'idées dans des dialogues où les protagonistes échangent leurs points de vue.
Alors, ce roman écrit dans l'urgence, à peut être certains défauts, comme le fait parfois de s'étendre trop longuement sur des discussions à n'en plus finir, où contient certaines erreurs anachroniques (même si ce roman fut écrit en 1946), mais on passe outre, car, mis à part certains spécialistes de cette période, ces anachronismes vous passeront sous le nez (honnêtement, je ne les aurait pas connu si je n'avais pas lu la postface de Fritz Radditz à la fin du livre) , et puis, ce livre est tellement une radiographie de ce qui s'est déroulé en avril 1945, dans la capitale allemande, qu'il est un témoignage important de l'Histoire. Important, voire indispensable.
En tout cas, c'est le livre que j'attendais, sur le Seconde Guerre mondiale. Un livre qui nous montre la guerre du point de vue des allemands.
Avant de conclure ce billet, je voudrais dire bravo à Brice Germain, le traducteur de ce roman (Brice Germain dont j'ai déjà découvert le travail cette année, puisqu'il était derrière la traduction de "De notre côté du ciel"), qui a fait un travail de recherche formidable et qui a su trouver un style clair et précis pour nous offrir une lecture agréable de cette petite brique. Sans lui, ce livre n'aurait jamais trouvé le chemin des lecteurs français (sans oublier les Editions Belfond, qui sont aller chercher ce petit trésor).
Au final, un roman indispensable, qui nous plonge, dans les horreurs des derniers combats de la guerre, dans cette ville dévastée. Tout ça parce qu'un fou ne voulait pas s'avouer vaincu.
Après "Minuit" de Irmgard Keun, "La Ville sans Juif" de Hugo Bettauer,, les éditions Belfond , avec leur "collection Vintage" continue l'exploration de cette littérature allemande, qui donnait sa vision du nazisme, avec "Berlin Finale". J'espère qu'ils continueront à trouver des petites pépites comme celles ci.
Berlin Finale est une petite pépite essentielle, que je vous encourage fortement à découvrir.
Merci à Brice Germain d'avoir permis aux lecteurs français de lire ce formidable roman.
Merci aux Editions Belfond pour cette découverte essentielle.
Heinz Rein: Berlin Finale,( Finale Berlin), Belfond, (collection Belfond [Vintage]), 869 pages, 1947 (pour l'édition originale), 2015 (pour la réédition), 2018 (pour la traduction et la présente édition)
Heinz Rein: Berlin Finale,( Finale Berlin), Belfond, (collection Belfond [Vintage]), 869 pages, 1947 (pour l'édition originale), 2015 (pour la réédition), 2018 (pour la traduction et la présente édition)
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