4e de couverture: Je laissai Dora poursuivre, mais sans réellement lui prêter l'oreille car je connaissais l'opinion que nourrissait Dora à l'égard de miss Protheroe et de tout précepte religieux. Nous nous étions souvent querellées autrefois à ce sujet. Je me demandais comment elle pouvait gâcher autant d'énergie à lutter pour une vétille telle que le port du chapeau à l'office ; puis je me dis qu'après tout, la vie se réduisait, pour la plupart d'entre nous, à des détails de cet ordre : les petits désagréments plus que les grandes tragédies, les dérisoires petites envies plus que les grands renoncements et les tragiques passions amoureuses de l'histoire ou des romans.
J'ai rencontré la plume de Barbara Pym, il y a quelques années, en lisant Un brin de verdure que j'avais beaucoup aimé.
Quel plaisir de savoir que j'allais la retrouver dans la collection "Belfond [Vintage], cette saison, avec un autre de ses romans.
Je trouve formidable que les éditions Belfond ait enfin décidé de lui donner une nouvelle mise en lumière, car elle le mérite. Barbara Pym fait partie de ces auteures anglaises du 20e siècle, qui sont tombées dans l'oubli et qui pourtant mériterait d'entrer dans la légende.
Barbara Pym décrivait de manière très juste, et avec une petite pointe d'ironie, la middle class anglaise et démontrait un humour caustique ravageur.
Je dois pourtant avouer que je ne suis pas entré dans cet univers de nouveau, aussi facilement que pour "un brin de verdure". Il a fallu que je retrouve mes marques. Est ce dû au fait que j'ai eu un petit peu de mal avec la narratrice Mildred? Il est vrai que je l'ai trouvé un peu vieux jeu, au départ (un côté vieille fille peut être) et que je n'ai pas pu m'empêcher de la juger. Grave erreur car elle se montrera sous un très beau jour par la suite, quand on la connait mieux.
En fait, ce roman là est un roman qui joue beaucoup sur l'apparence. Aucun des personnages n'est vraiment ce qu'il parait:que ce soit les Napier, les nouveaux voisins de Mildred, qui vont chambouler sa petite vie si tranquille et réglée comme du papier à musique, ou Mrs Gray, une femme, veuve de pasteur, qui vient s'installer au premier étage du presbytère, et qui va déranger également la petite vie du révérend Mallory et de sa soeur Winifred ou bien encore Everard Bone, le collègue d'Helena Napier.
L'auteur nous ouvre alors les portes de cette petite communauté, qui vit entre fête de charité, messe, et travail (enfin Mildred travaille mais je n'ai pas trop compris dans quoi, Seul le métier d'Helena Napier est évoquée: anthropologue, (un métier qui revient fréquemment dans les romans de Barbara Pym);
Enfin, c'est un joli petit roman, qui m'a doucement emporté dans son monde: même si le temps s'écoule doucement, il se passe beaucoup de chose, et le rythme devient parfois enlevé, et on a qu'une hâte, savoir comment cela se termine, même si l'intrigue n'est pas ce que je retiendrais particulièrement (malgré les nombreuses surprises entre les Napier et leur soucis de couple, et l'arrivée de Mrs Gray au presbytère). Ce sont la galerie de personnages qui est important dans les romans de Barbara Pym et c'est eux que je retiens. L'auteur les croque de manière si drôle qui frôle parfois le cynisme (toujours bienveillant, je vous rassure), qu'on s'attache à tous, même aux grenouilles de bénitier.
Ce fut encore un bonheur de retrouver la plume de cette auteure, qui m'a encore charmé, au final, même si le démarrage a été un peu plus long. Je n'ai pas pu décrocher, même je l'ai fini hier soir, alors que la fatigue commençait à m'envahir, mais j'étais si bien avec Mildred et les autres que j'ai continué jusqu'à la dernière page.
Je vous encourage fortement, si ce n'est pas déjà fait, à découvrir la plume de Barbara Pym; Vous retrouverez le charme de l'Angleterre, avec une plume drôle et tendre, à la fois. Je suis persuadé que vous tomberez sous son charme. Lire un roman de Barbara Pym, c'est revenir dans une Angleterre verdoyante et paisible, et surtout, y revenir, avec plaisir.
Merci aux Editions Belfond pour cette petite ballade anglaise, pleine de fraîcheur.
Barbara Pym: Des femmes remarquables, (Excellent Women),Editions Belfond, Collection Belfond [Vintage], 1952,(pour l'édition anglaise), 1990 (pour la traduction française), 2017 (pour la présente édition)
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