vendredi 23 juin 2017

Rose-Mercie

4e de couverture: Rose-Mercie n’a que 16 ans lorsqu’elle épouse, sous la pression de sa mère, Ange Peretti, riche négociant français installé au Cap-Haïtien. Peu après, sa vie bascule : nous sommes en 1915, Ange est mobilisé pour combattre en France. Elle lui annonce alors qu’elle est enceinte.
En Haïti, les factions politiques se déchirent. Les Américains, fidèles à la doctrine de Monroe, « L’Amérique aux Américains », débarquent pour rétablir l’ordre, mais aussi pour garantir leurs intérêts économiques et commerciaux.
Rose-Mercie se retire, avec sa fille France, dans la propriété familiale de Milot laissée à l’abandon après la mort de son père. Elle relance la plantation, introduit des ruches, installe une fabrique de confitures et crée des onguents parfumés pour les bourgeoises du Cap-Haïtien.

Maggy Belin Biais signe avec Rose-Mercie un premier roman fort intéressant sur Haïti au début du XXe siècle, lors de l'invasion américaine, à travers le portrait d'une femme courageuse et forte, qui prend son destin en main. 

Si je me suis tourné vers ce livre, c'est pour le voyage et la découverte d'une île que je ne connais pas, qui se dévoile à travers son histoire. De ce point de vue là, le roman est passionnant. L'auteur détaille par le menu, les enjeux politiques, la révolte des Cacos (Paysans) envers l'envahisseur américain, dans une langue parfois poétique mais toujours détaillée. 

C'est d'ailleurs plus le côté historique qui m'a enthousiasmé, que l'histoire en elle même (même si le portrait de Rose-Mercie est des plus héroïque, nous montrant une femme indépendante (dans une époque où les femmes n'étaient pas considérées), qui reprend sa vie en main, au départ de son mari pour la France (alors en pleine guerre (la première guerre mondiale du XXe siècle) et qui doit survivre dans une île en plein chaos. 

Pourtant, même si j'ai aimé ce livre, je n'ai pas été plus passionné que ça (sauf pour les passages historiques qui sont très bons et qui m'ont appris des choses) par l'histoire, que j'ai trouvé classique et parfois indolente (comme si elle était un prétexte pour nous raconter Haïti qu'une histoire: enfin, l'histoire de Rose-Mercie n'est pas celle que je retiens, car elle manque un peu de lien (elles ne sont que des petites saynètes de la vie, entrecoupées par des instants d'histoire). 
En fait, je passais un bon moment lors de ma lecture, mais je n'étais pas impatient d'y retourner. C'est un peu difficile à expliquer: je pense que les personnages n'ont pas été assez développée (mis à parti peut être celui de Rose-Mercie) et ne sont que des ombres passagères qui passent et qu'on oublient parfois.Ce qui fait qu'il est difficile de s'attacher à eux, ce qui est bien dommage.  

Alors, bien sûr, c'est un premier roman et celui ci souffre de quelques faiblesses, comme un rythme parfois indolent, un  manque de lien entre les histoires, et un style qui se cherche, car il peut paraître maladroit par moment, avec cependant, des passages poétiques et sensuels de toutes beauté, surtout dans la découverte, des sentiments charnels et amoureux de Rose Mercie. Puis, Maggy Belin Biais, a eu la riche idée, de mêler les personnages fictifs et réels, à l'instar de Rosalvo Bobo,véritable Ministre de l'intérieur qui s'est insurgé contre l'envahisseur américain en 1915,et qui se trouve être l'oncle de Rose-Mercie, héroïne fictive de ce roman. 

C'est aussi un beau portrait de femme que nous brosse l'auteure, une femme forte, indépendante, l'une des premières féministes avant l'heure, qui se prend de passion pour la cause de son oncle et aidera certains cacos à survivre. 
C'est également le portrait d'une île magnifique qui nous est dévoilée, avec ses bourgeois, dont fait partie la famille de Rose-Mercie, ses paysans cacos, ses croyances religieuses, mais aussi ses croyances magiques et ses légendes nées du vaudou, que pratique Claire-Heureuse, la nounou de Rose-Mercie qui s'occupe de la propriété familiale de Milot, avec son mari, Délicieux. C'est cet univers un peu angoissant pour un néophyte de la culture vaudou, dont l'auteure nous parle dans une langue parfois chantante à notre oreille, surtout quand elle utilise des termes et des phrases créoles. 

Comme vous le voyez, c'est un roman foisonnant, sur une île magnifique, qui nous est dévoilée, dans une histoire classique (une jeune fille mariée contre son gré et qui prendra son indépendance de femme peu à peu), mais qui est passionnant pour son côté historique. 

Au final, un premier roman,avec des défauts dans le style et dans son déroulement, mais qui a su me charmer, par son côté historique fort bien détaillé. Un roman pas mémorable, mais qui m'a fait passer d'agréables moments, et m'a surtout appris des choses sur une partie de l'histoire d'Haïti. Je ne sais pas ce qu'il m'en restera dans quelques mois. Seul le temps, me le dira. 

Merci aux Editions Zellige pour le voyage et la découverte de cette merveilleuse île qu'est Haïti.

Maggy Belin Biais: Rose-Mercie, Editions Zellige, 350 pages, 2017


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