jeudi 3 novembre 2016

Journée contre le harcèlement: Marion,13 ans pour toujours

4e de couverture: Marion, ma fille, le 13 février 2013, tu t’es suicidée à 13 ans, en te pendant à un foulard, dans ta chambre. Sous ton lit en hauteur, on a trouvé ton téléphone portable, attaché au bout d’un fil, pendu lui aussi pour couper symboliquement la parole à ceux qui, au collège, te torturaient à coups d’insultes et de menaces. J’écris ce livre pour te rendre hommage, pour dire ma nostalgie d’un futur que tu ne partageras pas avec moi, avec nous. J’écris ce livre pour que chacun tire les leçons de ta mort. Pour que les parents évitent à leurs enfants de devenir des victimes, comme toi, ou des bourreaux, comme ceux qui t’ont fait perdre pied. Pour que les administrations scolaires s’évertuent à la vigilance, à l’écoute et à la bienveillance à l’égard des enfants en souffrance. J’écris ce livre pour qu’on prenne au sérieux le phénomène du harcèlement scolaire. J’écris ce livre pour que plus jamais un enfant n’ait envie de pendre son téléphone, ni de suspendre à jamais sa vie.

En ce 3 novembre 2016, journée contre le harcèlement, il me semblait important d'en parler. 
Je le fais, à travers le livre de Nora Fraisse, Marion, 13 ans pour toujours. 

Il y a quelques semaines, j'ai vu le téléfilm tiré de ce livre, et diffusé sur France3. J'avais été bouleversé par le calvaire de la petite Marion, mais celui-ci a rouvert ma boite de Pandore personnelle: des souvenirs que j'ai préféré oublier sont remontés à la surface et m'ont fait mal pendant quelques jours. (Comme Marion, j'ai été victime de harcèlement au collège, et celui ci, m'a laissé des séquelles invisibles, jusqu'à aujourd'hui: mon manque de confiance en moi et envers les autres, ma timidité.) A mon époque, les réseaux sociaux n'existaient pas: le harcèlement s'arrêtait donc une fois rentré chez mes parents. Comme Marion, je n'ai jamais osé en parler...et je m'évadais dans les histoires que j'inventais. L'écriture et la chanson (le seul moyen qui me permet de communiquer et d'être moi-même, même encore aujourd'hui) m'ont permis de m'en sortir. 

J'ai voulu revenir vers Marion en lisant le témoignage de sa maman. J'avais un peu d'appréhension en ouvrant le livre, je ne vous le cache pas. J'avais peur de rouvrir la boite de Pandore...pourtant, celle ci est restée fermée. 
Là où le téléfilm se penche sur Marion et met des images sur son harcèlement à l'école, le livre, tout en donnant une grande part à Marion, est plus une colère et un combat pour la vérité d'une mère qui n'arrive pas à comprendre pourquoi sa fille en est arrivée là. 
La colère a donc pris le pas sur la tristesse. J'ai été ulcéré par le comportement du corps enseignant de ce collège et de son principal en particulier (sur lequel je ne m'attarderais pas, il ne mérite que mon mépris). Ce silence de la part du collège est insupportable et la vindicte de certains habitants de ce  village envers les parents,  est incompréhensible. 
Il est naturel, pour des parents, de vouloir savoir la vérité...même si elle dérange certaines personnes.

Le combat de Nora Fraisse est des plus honorable et je la soutiens grandement. Il faut que les choses changent pour que les plus d' 1 millions d'élèves harcelés chaque année, n'aillent plus à l'école la peur au ventre. Les mots, c'est bien joli, mais les actes sont beaucoup plus important. 
Il faut surtout qu'il y ait des sanctions sévères pour les harceleurs, car sinon, ils continueront en toute impunité, se croyant intouchables. Quand un enfant harcelé en arrive au point de vouloir se supprimer car il n'en peut plus, c'est intolérable! Et tout ça pour des petits cons! 

Voilà un témoignage bouleversant sur le combat d'une mère qui fait tout pour faire bouger les lignes, et pour que Marion n'ait pas commis ce geste, pour rien. J'espère qu'elle gagnera son combat pour la vérité (et tant mieux si ça énerve ce principal de collège, Qu'il s'étouffe avec sa colère!). Je suis de tout coeur avec elle. En cette journée contre le harcèlement, j'ai une petite pensée pour la petite Marion, et pour tous les enfants harcelés. J'espère de tout coeur que tout cela s'arrêtera un jour. L'espoir fait vivre. 



Nora Fraisse: Marion, 13 ans pour toujours, Le Livre de Poche, 186 pages, 2015


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