mardi 9 décembre 2014

Mes lèvres sont mortes à minuit

4e de couverture: Dans l’appartement de Paul et Laura, tout est immaculé, du costume du maître de maison aux tenues impeccables de sa splendide épouse. Sous l’œil interrogatif de Malika qui, du matin au soir, ne nettoie que du propre, un ancien amant toujours épris et une amie envieuse viennent interroger les raisons de cette perfection qui tourne à l’obsession. Jusqu’au jour où une tache de sang indélébile sur la moquette blanche ébranle l’univers de Paul et Laura, arrachant les masques et révélant un effroyable secret…

En lisant ce roman d'Arièle Butaux, au titre des plus poétiques, j'ai eu un sentiment étrange. Je n'arrivais pas à comprendre où j'avais mis les pieds. 
Ce huis-clos nous enferme véritablement dans ses serres, pour ne plus nous lâcher avant la fin, mais nous laissant tout de même avec un mailaise ambiant. 
J'ai trouvé les personnages de ce roman tous pathétiques, de Laura à Paul, en passant par Hélène et Alexandre. Cependant, le petit incident (la tache de sang sur la moquette blanche immaculée) au milieu de l'histoire, , m'a permis de comprendre le comportement de Laura. C'est d'ailleurs le personnage qui m'a le plus fasciné, car des plus changeants. Je la pensais folle et dérangée (et en même temps, vu son passé, il y aurait de quoi) mais son comportement changeant n'est qu'une façade qui se craquelle devant cette tache de sang. Grâce à elle, elle va se révéler au lecteur de manière étonnante.

L'écriture d'Arièle Butaux est hypnotique: elle nous capte pour nous entraîner dans un univers des plus tordus, mais qui prend tout son sens, dans les dernières pages. Les dialogues ciselés, sur le fil du rasoir, font la force de ce roman et lui donnent ce rythme saccadé et lancinant (balançant entre les deux) qui retient l'attention du lecteur, qui se croit dans un théâtre où se joue cette fascinante mascarade. 
J'aimerai ne pas trop en dire, car je trouve qu'il faut le découvrir par soi-même et se laisser porter par les mots d'Arièle Butaux, mais ce petit roman m'a beaucoup plu: il se dévore d'une traite car on a qu'une seule envie: voir où toute cette histoire de "fous" va nous mener. Un roman étrange et fascinant que je vous recommande. 

Le choix du roi, qui suit "Mes lèvres sont mortes à minuit", à le point commun d'être également un huis clos. En effet, le roi Louis XIII rend visite à un condamné à mort Cinq Mars, qui fut son favori et qui a trahit le cardinal de Richelieu. Ecrit sous la forme d'une pièce, j'ai trouvé ce texte très bien écrit, poétique à souhait mais qui ne m'a pas passionné outre mesure. J'ai passé un agréable moment, et le duo/duel du Roi et de Cinq Mars est bien mené, mais il est trop court pour pouvoir capter entièrement mon attention. Dommage. 

Au final, un roman (Mes lèvres sont mortes à minuit) captivant et fascinant, qui surprend son lecteur jusqu'à la dernière ligne. Il suffit juste de se laisser guider dans cette histoire étrange et nébuleuse pour avoir toutes les clés du mystère final. Une belle plume également que je suis ravi d'avoir découverte. 

Merci aux Editions Ecriture pour cette découverte.

Arièle Butaux: Mes lèvres sont mortes à minuit, Ecriture, 175 pages, 2014


4 commentaires:

  1. Une chose est certaine, Ariele Butaux sait faire le grand écart avec ses titres ! Son "Connard!" volontairement provoquant est tout piteux à côté de ce superbe "Mes lèvres sont mortes à minuit". Moi qui ai détesté "Connard!", je ne peux qu'espérer que le texte tienne la promesse de son titre et soit aussi beau et réussi.

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    1. Entièrement d'accord avec toi pour les titres. C'est d'ailleurs le titre qui m'a incité à le choisir. Je ne connais pas "Connard" mais je trouve que ce texte ci vaut la peine d'être lu.
      Le titre de ce roman est apparemment tiré d'un poème d'un(e) certain(e) L. "Mes lèvres" ("Mes lèvres sont mortes à minuit/Au son du carillon/ Dont les douze coups m'ont réduite/En une pluie de cotillons..."

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  2. Malgré ton avis positif cette lecture ne me tente pas.

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    1. Je te comprend tout à fait. Même pour moi, c'est un livre éloigné de mes lectures habituelles, mais qui a su m'emporter, à mon plus grand étonnement. Comme quoi.

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