lundi 9 juin 2014

San Miguel

4e de couverture: San Miguel, c’est le nom d’une île minuscule au large des côtes californiennes. Sur ce lopin de terre aride qui pourrait faire aussi bien figure de paradis que d’enfer, les destinées de deux familles, à plusieurs décennies de distance, vont se croiser. Le jour de l’an 1888, Marantha Waters débarque sur la côte ; elle n'a pas quarante ans et la tuberculose menace de l’emporter ; son mari, Will, espère que cet exil sauvage lui redonnera la force et le goût de vivre. Un demi-siècle plus tard, la famille Lester s’établit à son tour sur l’île, fuyant la Grande Dépression et le souvenir traumatisant de la Première Guerre mondiale. Animés par un optimisme farouche, ils tenteront de créer, en microcosme, une société idéale, mais les cahots du monde moderne et les spectres d’une nouvelle guerre vont bientôt frapper à leur porte. Dans ce roman salué par la critique américaine comme l’un de ses plus beaux, TC Boyle peint une ode pastorale grandiose où il met en scène, avec une puissance rarement atteinte, l’un de ses grands thèmes de prédilection : l’éternelle confrontation de l’homme et de la nature.

T.C. Boyle est l'un des plus grands auteurs américains contemporains. Cependant, je n'avais encore jamais lu un de ses romans. Quelle erreur! Erreur réparée avec San Miguel, son dernier roman paru cette année en France. 

Ce roman est un véritable petit bijou: ce voyage sur cette petite île du Pacifique m'a énormément plu. J'avais l'impression, comme Marantha, Will, Edith, Herbie et Elise, les héros de cette aventure, d'être un pionnier du XIXe siècle foulant une terre inconnue. 
T.C. Boyle nous embarque pour un voyage fascinant, mais dangereux et solitaire sur cette île du "bout du monde". On pourrait croire que l'on va s'ennuyer, ou étouffer, à rester sur ce bout de terre, et ce n'est pas du tout le cas. T.C. Boyle a trouvé la bonne formule pour nous captiver: en trois parties, consacrées aux trois femmes du roman, il va nous faire traverser les époques, de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe (au moment de la Seconde guerre mondiale). 
Du début à la fin, je n'ai jamais connu l'ennui ou les moments de blues que connaissent les protagonistes. Dès les premières pages on se laisse entraîner dans ce tourbillon d'aventures, de calme, de tempête, de conflit, d'amour aussi. 
Ce roman est un combat: un combat contre la maladie (pour Marantha) pour la liberté (pour Edith, qui veut fuir San Miguel qui l'étouffe), un combat pour l'île (pour Elise et son mari Herbie), mais aussi un combat entre l'homme et la nature. Cette île sauvage, où des hommes ont voulu vivre à tout prix, a toujours tenter de gagner la partie. Partie qu'elle gagnera à chaque fois, malgré l'attraction qu'elle exerce sur les hommes. 

Avec une écriture d'une poésie rare, T.C. Boyle nous dresse le portrait d'hommes et de femmes attiré par cette portion de terre, comme un aimant, et qui pourtant vont déchanter devant la dureté et l'âpreté de la vie sur l'île. Marantha voudra la quitter, ne pouvant se battre contre la maladie qui la ronge (la tuberculose) dans cette étendue, Edith, qui fera tout pour la fuir à nouveau...puis Elise et Herbie qui trouveront là un havre de paix. 
Car, oui, l'une des deux familles vivra heureuse, malgré les épreuves, sur San Miguel, durant une dizaine d'années. (Je n'ai compris le rapport entre les deux familles qu'à la fin du roman: au départ, je ne voyais pas quel lien unissait les familles Waters (qui vint  y vivre à la fin du XIXe siècle) et  Lester (qui débarque sur l'île dans les années 1930), mis à part Jimmie, le journalier qui va travailler pour les deux familles et qui aura vécu toute sa vie entre San Miguel et le continent). En fait, j'ai l'impression que T.C. Boyle a voulu nous montrer les deux faces d'une pièce: l'île fera le malheur des Waters, mais sera l'havre de paix que recherchait les Lester pour construire leur famille. 
Pourtant la nature voudra reprendre ses droits sur l'île.  

Ce roman est une pure merveille qui m'a enchanté, ébloui, ému, étouffé, mis en colère: toute une palette d'émotions qui a déferlé en moi, pour de grands moments de lecture. Alors, je ne sais pas si c'est le plus grand roman de T.C. Boyle (puisque c'est le premier que je lis de cet auteur), mais il a une telle force qu'on n'en ressort pas indemne. C'est également un roman idéal pour les prochaines vacances qui approchent (pour ceux qui seront à la plage, mais aussi pour ceux qui ne partent pas en vacances): si vous voulez faire un voyage captivant, embarquez vous prochainement pour San Miguel: vous vivrez un très grand voyage  et de beaux moments de lecture...que vous n'oublierez pas de sitôt. Cette île va vous envoûter et vous aurez du mal à la quitter. 

Merci aux Editions Grasset pour ce merveilleux voyage et pour la découverte de la fabuleuse plume de T.C. Boyle, que j'ai bien l'intention de retrouver dans un autre roman. 



T.C. Boyle: San Miguel (San Miguel), Grasset, 475 pages, 2014


6 commentaires:

  1. Comme toi jusqu'il y a peu, je n'ai encore jamais lu TC Boyle. Ce n'est pourtant pas faute de lire tout le bien que l'on dit de lui. En tout cas, tu me donnes fortement envie d'aller faire un tour à San Miguel.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il ne faut pas trop hésiter. Ce roman est d'une pure beauté. Alors prend direct un billet pour San Miguel: je pense que tu devrais apprécier.

      Supprimer
  2. Je n'ai lu que ton tout premier paragraphe pour ne pas me gâcher la découverte, et ça me donne envie de l'emmener avec moi pendant les vacances,, à voir si je reste raisonnable et ne prends que dans ma PAL ou si je craque pour San Miguel!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais il est dans ta PAL, il me semble, donc n'hésite aucunement à lui faire une petite place dans tes bagages. Surtout que ce roman est idéal pour les vacances. C'est un dépaysement total.

      Supprimer
  3. Je l'ai enfin lu!! Et bien figure toi que j'ai beaucoup aimé, mais ça ne m'étonne pas vraiment vu ce que tu en disais! Par contre au début j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire, je trouvais Marantha un peu antipathique, mais finalement au fil des pages j'ai réussi à l'apprécier ( un peu au fur et à mesure que Will m'agaçait en fait)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis ravi qu'il t'ai plu. Je comprend tes difficultés de début de lecture, j'ai eu les mêmes,mais passer cela, ce livre n'est que du bonheur.

      Supprimer