jeudi 7 novembre 2013

Transatlantic

4e de couverture: Après Et que le vaste monde poursuive sa course folle, le grand retour de Colum McCann. S'appuyant sur une construction impressionnante d'ingéniosité et de maîtrise, l'auteur bâtit un pont sur l'Atlantique, entre l'Amérique et l'Irlande, du XIXe siècle à nos jours. Mêlant Histoire et fiction, une fresque vertigineuse, d'une lancinante beauté. 

À Dublin, en 1845, Lily Duggan, jeune domestique de dix-sept ans, croise le regard de Frederick Douglass, le Dark Dandy, l'esclave en fuite, le premier à avoir témoigné de l'horreur absolue dans ses Mémoires. 
Ce jour-là, Lily comprend qu'elle doit changer de vie et embarque pour le Nouveau Monde, bouleversant ainsi son destin et celui de ses descendantes, sur quatre générations. 

À Dublin encore, cent cinquante ans plus tard, Hannah, son arrière-petite-fille, tente de puiser dans l'histoire de ses ancêtres la force de survivre à la perte et à la solitude


Journaliste de formation, Colum McCann a entreprit de raconter, par le prisme de quatre générations de femmes, un grand roman sur l'Irlande, son pays d'origine. Après avoir raconté des histoires se déroulant à New York, sa ville d'adoption, il décide de se pencher sur l'Irlande, tout en gardant une porte ouverte sur l'Amérique. 

Tout commence par l'une des premières traversées de l'atlantique en avion en 1919: deux pilotes, le capitaine Alcock et le lieutenant Brown partent de Terre Neuve pour atterrir 16 heures plus tard à Clifden dans le Connemara en Irlande. Le lieutenant Brown a dans sa poche une lettre qu'une femme, Emily Ehrlich lui a transmis pour la remettre à une certaine madame Jennings. 
Dans le chapitre suivant, nous voilà revenu en 1845, en Irlande où Lilly Duggan croise la route de Fredérick Douglass, un esclave en fuite qui a témoigné de l'horreur absolue dans ses Mémoires et qui parcourt l'Irlande afin de parler de sa vie et de son combat pour la liberté. Cette rencontre va chambouler la jeune femme qui décide d'embarquer pour l'Amérique. 
Puis, nous voici en 1998: le lecteur va suivre le sénateur George Mitchell, qui va s'envoler pour L'irlande du Nord afin de participer au Processus de paix, comme Envoyé Spécial Américain. Lors de ce voyage, il croisera la route de Lottie, lors d'un tournoi de tennis. 

D'autres chapitres vont nous balader d'une rive à l'autre, à travers le temps, passant de Lilly à Lottie pour finir sur Hannah, l'arrière petite fille de Lilly, cette jeune servante qui décida de quitter l'Irlande pour l'Amérique. L'Irlande, ce pays qu'Hannah a toujours connu. 

La plume de Colum McCann est beaucoup plus facile d'accès dans ce livre que que dans ses derniers romans  (je rassure ainsi  celles et ceux qui auraient eu une mauvaise expérience avec cet auteur génial te qui auraient peur ou pas envie de se lancer dans celui ci): faites de phrases courtes, elle décrit dans la première page de chaque chapitre, le décor, le contexte et les personnages. Il retrouve ainsi son côté journalistique en décrivant dans les moindres détails la traversée d'Alcock et Brown: mais le côté poétique qu'il met dans son écriture rappelle que c'est un écrivain et qu'on est bien dans un roman. 

Dans ce roman, il créée un pont sur l'Atlantique, faisant se rejoindre ses deux patries: l'Irlande et l'Amérique. Mais surtout, il s'amuse avec le temps. 
Car, ce qui fait la force de ce roman, ainsi que sa légère difficulté, c'est qu'il mêle les époques, passant d'une époque à une autre, faisant des retours en arrières, qui nous perde quelque peu: pour tout vous dire, il faut une ou deux pages pour savoir quel personnage et quelle histoire va suivre le lecteur dans chaque chapitre: faisant de ce roman, un roman-nouvelles: le lien entre tous sont ces quatre femmes, faisant partie d'une même famille: Lilly, Emily, Lottie et Hannah qui traversent le roman et les époques, faisant un patchwork vertigineux mais passionnant d'une certaine histoire irlandaise. 
J'ai été époustouflé, émerveillé et hypnotisé encore une fois par l'écriture forte et sans concession de Colum McCann (très bien traduite, une fois de plus par Jean-Luc Piningre, qui m'a moins perdu que pour "Danseur"). 

Au final, un roman merveilleux, où Colum McCann mêle la fiction et le réel afin de rendre un vibrant hommage à son pays d'origine: L'Irlande. 
Vous aussi, laissez vous transportez par sa plume et l'histoire de ces quatre destins de femmes qui ont traversé le XXe siècle avec gravité, douceur, bonheur et malheur. 
Un dernier petit conseil, pour ceux qui auraient peur de se perdre dans les méandres du temps :comme chaque chapitre est daté de 1919 à 2012, lisez les  dans l'ordre chronologique (ce qui vous fera lire le livre dans le désordre), ainsi l'histoire et les destins de Lilly, Emiliy Lottie et Hannah vous paraîtront plus clair. 
Ou bien laissez vous immerger dans ce roman, construit comme un patchwork, et laissez vous guider par l'auteur: je vous assure qu'en tournant la dernière page, toutes les pièces du puzzle se mettront en place dans votre esprit. Vous n'aurez alors qu'une seule envie: refaire la traversée de l'Atlantique en compagnie d'Alcock et Brown a bord de leur Vickers Vimy. 

Merci à Brigitte des Editions Belfond pour cette merveilleuse traversée.  

Colum McCann: Transatlantic (Transatlantic), Belfond, 375 pages, 2013




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